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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

03/12/2020

François-Emmanuel BLANC

Directeur Général de la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole (CCMSA)
“La protection sociale favorise l’expression des talents”

1 /La MSA peut se présenter au travers de nombreux chiffres, de statistiques…Mais quelle est son ambition ?

Effectivement, la MSA est le 2e régime de protection sociale en France et les chiffres confirment cette importance. 5,5 millions de personnes sont bénéficiaires d’au moins une prestation de la MSA (3,8 millions de personnes sont protégées en maladie et 3,7 millions perçoivent des éléments de retraite par exemple). Au total, la MSA a versé 26,9 milliards d’€ de prestations en 2019, 14,8 aux non-salariés et 12,1 aux salariés.

Mais au-delà de ces chiffres,  il est essentiel de revenir sur le sens de l’action de la MSA. La protection sociale n’est pas seulement une dépense, c’est un investissement permettant de lutter contre la peur du lendemain et de faciliter les réussites et l’expression des talents.

Notre mission est d’être aux côtés de tous les acteurs participant au monde agricole et alimentaire, de les protéger au sens de la sécurité sociale (Santé, retraite, famille, accident du travail), avec en outre une approche globale et multidimensionnelle.

Les missions de la MSA relèvent non seulement du Code de la sécurité sociale mais aussi du Code rural attribuant à la MSA, au-delà de sa mission de service public en matière de protection sociale, un rôle plus large, notamment en matière de développement sanitaire et social des territoires ruraux.

La MSA ne peut pas être considérée exclusivement comme un régime de protection sociale sans intégrer son autre dimension : elle est bien plus qu’un organisme de protection sociale, elle est aussi une organisation professionnelle agricole.

Le guichet unique de la MSA, son ancrage territorial, sa démocratie vivante, font de la MSA un régime au cœur d’une activité stratégique et essentielle : l’agriculture.

2/ La MSA a-t-elle toujours été une organisation, une action originale dans un monde qui se standardise ?

En effet, la MSA est une organisation originale, d’abord parce qu’elle a conservé un modèle pensé  par les membres du Conseil national de résistance qui ont présidé à la création de la sécurité sociale en 1945. Il y a de quoi en être fier.

Mais elle est aussi originale par son fonctionnement et sa gouvernance mutualiste et démocratique. Ce sont ses bénéficiaires qui élisent leurs représentants.

Plus de 16.000 délégués cantonaux, élus (et suppléants) viennent d’ailleurs d’élire cette année leur nouveau conseil d’administration des 35 caisses territoriales de MSA, puis en cascade le conseil d’administration de la Caisse Centrale en novembre. Pascal Cormery a été réélu à sa Présidence. Ce maillage territorial amène proximité, accessibilité, sens du concret. C’est « la protection sociale du dernier kilomètre ». Par ailleurs les services de la MSA, organisés en guichet unique, permettent d’apporter un traitement global aux assurés quel que soit le risque.

Par ailleurs,  si la MSA exerce des missions de service public, elle apporte en complément sur le plan local d’autres actions adaptées grâce à son offre de services. Le groupe MSA  est composé de 16 000  collaborateurs répartis sur les 35 caisses de MSA, et 9.000 salariés des réseaux de la MSA qui relèvent de l’économie sociale et solidaire.

Si les élus politiques sont, en règle générale, conscients de l’originalité de notre construction, nous sommes amenés parfois à rappeler à l’Administration centrale la nécessité de différencier régime universel de protection sociale et opérateur unique. Ainsi, la pluralité des opérateurs favorise l’émulation et permet des transferts de savoirs.   Mais ces débats sont normaux, l’enjeu est de taille, la protection sociale représente 33 % du PIB français !

La MSA signe tous les 5 ans une Convention d’Objectifs et de Gestion avec les pouvoirs publics, qui fixe un cadre d’action et d’évolution. Nous venons d’ailleurs, d’engager, les négociations avec nos ministères de tutelle. Nous souhaitons conforter la MSA dans son positionnement d’opérateur de référence sur les territoires ruraux au service des populations agricoles et rurales.

Pour cela nous demandons aux pouvoirs publics de nous donner des moyens adaptés à ces enjeux essentiels aujourd’hui afin de nous conforter, à leurs côtés, dans une politique de cohésion territoriale qui participe à la vitalité du tissu économique et social et au bénéfice des entreprises et salariés agricoles.

3/Qu’y aurait-il à améliorer dans les relations entre les entreprises agricoles et la MSA ?

Depuis 2016, la Déclaration sociale nominative (DSN) a remplacé l’ancien système où les caisses calculaient et appelaient les cotisations. Désormais à l’inverse, ce sont les employeurs qui déclarent et versent leurs cotisations tous les mois, et  informent la MSA des événements liés à la vie des contrats de travail. Cette collecte dématérialisée a donné lieu à un grand enjeu de transformation, complexe dans sa capillarité et a pu poser des problèmes de qualité, notamment quant à l’adaptation des logiciels utilisés. On ne peut pas cacher que cela a généré des difficultés relationnelles. Cela a nécessité d’instaurer un dialogue, de mettre en place des groupes d’amélioration et d’impulser des démarches qualité.

La bonne nouvelle, c’est que collectivement, aujourd’hui, nous sommes au bout du tunnel.

4/ Pour terminer, quelles opérations particulières de la MSA mettre en exergue pour souligner son action générale ?

Il y en a de nombreuses et concrètes.  Il est difficile de choisir.

Je citerai « Agri’Ecoute », un dispositif de prévention, d’alerte, d’écoute des cas de mal-être, tant chez les exploitants agricoles que chez les salariés afin d’éviter le pire, le suicide. Il s’agit de détecter puis d’accompagner les personnes en difficulté, souvent isolées. Il existe un N° d’appel, le 09 69 39 29 19, des cellules de prévention composées de profils divers (médecins, psychologues, travailleurs sociaux…), un suivi personnalisé avec des propositions concrètes quant à la vie de tous les jours, la famille, l’exploitation par exemple. Le fait d’avoir des « sentinelles » sur le territoire et de disposer des leviers de soutiens concrets doit faciliter la mobilisation par rapport au drame.

Et évidemment, il y a l’action de la MSA dans le contexte de pandémie de la Covid. Grâce à son savoir-faire, la MSA a su rapidement s’adapter à la gravité de la situation pour permettre la continuité des services à nos adhérents.

La prévention des risques professionnels fait partie de notre ADN. Nous avons ainsi mis en œuvre des protocoles sanitaires, avec les protections et gestes barrière applicables selon les types de travail. Nous avons créé une aide spécifique pour permettre aux entreprises de s’équiper en matériel de protection.

Nous avons également appliqué la législation sociale dans toute son ampleur face à cette crise sanitaire, afin de limiter les conséquences économiques et sociales pour nos adhérents.

Au printemps, nous avons lancé une grande opération, MSA solidaire, qui a permis d’accompagner les personnes les plus vulnérables au travers de plus de 264 000 actions réalisées par les délégués et salariés des caisses. Nous relançons cette opération cet automne en nous associant au Secours populaire, pour offrir un Noël aux plus fragilisés par la crise sanitaire.

Voilà l’action de la MSA : du sens, et des contributions concrètes dans un schéma construit collectivement. Une des bases du projet agricole français.