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Temps de lecture : 3 min

17/06/2022

Consommation Bio 2021 : baisse de température

L’Agence Bio vient de faire paraître les chiffres de la bio pour l’année 2021. Hors restauration, les marchés de la bio sont en baisse de 1,34%, cela constitue une première après des années de croissance, parfois stratosphérique. Et 2022 s’annonce une année compliquée. La production quant à elle poursuit sur sa lancée, la SAU bio en France atteint 10,34% des surfaces totales pour 2,78 millions d’hectares en surfaces certifiées ou en conversion, soit une progression annuelle de 9%. L’équilibre des marchés et la création de valeur peuvent s’en trouver affectés.

La part de marché des produits bio dans le total des courses alimentaires des Français s’élève désormais à 6,63%, pour rappel le panier bio représentait 3,20% du total en 2015. Ce plus que doublement en 6 ans a notamment été atteint grâce à l’offre volontariste de la Grande Distribution classique. Or c’est elle qui a reculé en 2021, sa part de marché certes majoritaire revenant à 50,2% des débouchés, contre 52% antérieurement. La distribution spécialisée se maintient à 27%, de même que les artisans-commerçants à 7%. Par contre la vente directe et la RHD progressent chacune de 1% pour atteindre respectivement 11 et 5% des ventes. Cette multiplicité des canaux constitue certainement un facteur de résilience pour les ventes de produits bio, et la restauration hors domicile constitue un gisement d’avenir. Néanmoins ce « coup de mou » de la GMS classique, à interpréter à l’aune de la concurrence entre labels, et en regard de l’émergence rapide de l’inflation qui renforcera plus encore le prix comme critère d’achat, laisse planer des nuages noirs en 2022 dans le ciel antérieurement bleu de la consommation bio.

Sur le plan de la production, la France est devenue le premier pays européen en termes de surfaces travaillées en méthode bio (2 776 799 Ha), devant l’Espagne et l’Italie. C’est ainsi que 58.413 (+9,7%) exploitations agricoles exercent en France leur activité en bio, soit 13,4% du total des entreprises agricoles tricolores. Seules 4,17% des fermes antérieurement engagées en bio sont sorties de ce mode de production en 2021, pour moitié à l’occasion d’un départ à la retraite. Sur le plan géographique, le département du Gers demeure leader en bio tant en nombre de producteurs que d’hectares.

La question qui taraude aujourd’hui les décideurs concerne la trajectoire de la bio, l’adéquation des marchés dans un équilibre positif entre volumes et valeur. Car chacun sait que le temps de l’investissement agricole n’est pas celui de la volatilité des consommateurs. Un certain nombre de produits agricoles, lait et viandes…, voient aujourd’hui leur rémunération au niveau de celle des produits conventionnels. La guerre en Ukraine a produit des effets immédiats. Les consommateurs touchés par l’inflation érigent le prix en critère cardinal. Ce retournement accompagne une évolution structurelle qui était déjà engagée, celle d’une dilution du modèle (et du logo) bio en compétition avec une offre concurrentielle rénovée, diversifiée et elle aussi en liaison avec des attentes sociétales. A ce stade il en ressort deux conséquences émanant du principe de réalité.

Au niveau des politiques publiques tout d’abord. Le Parlement européen a adopté le 3 mai à une écrasante majorité le plan d’action de l’UE en faveur de l’agriculture biologique proposé par la Commission, mais avec un « bémol » notable, le chiffre de 25% de surfaces à atteindre en 2030 n’est pas retenu comme un objectif impératif. En outre, d’éventuelles évolutions du PSN français pourraient être apportées. Mais il revient également au marché de jouer son rôle.

Au niveau des filières et des entreprises françaises ensuite. Il est temps de réagir et de réexpliquer ce qu’est la bio, de communiquer collectivement, et probablement d’ajouter à un cahier des charges banalisé d’autres facteurs différenciants (Local, RSE, Équitable…) qui reconnectent la bio à des comportements engagés et distinctifs.

Car en 2022 la température de l’eau pour les acteurs de la bio sera particulièrement fraîche.