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Temps de lecture : 3 min

30/06/2021

Démarche OSER : analyse des stratégies gagnantes des exploitations agricoles en région Champagne

OSER est le nom d’un programme initié par le Cerfrance Champagne Nord Est Ile-de-France avec l’appui de plusieurs partenaires économiques agricoles locaux : les Chambres d’Agriculture de l’Aube, de la Marne et des Ardennes, les réseaux comptables CDER et AS Entreprises, les Caisses Régionales de Crédit Agricole Nord Est et Champagne-Bourgogne ainsi que Groupama Nord Est.

Après le succès de la démarche OSER en Barrois lancée en 2016, du nom de la région agricole du sud de l’Aube et du nord de la Haute-Marne qualifiée de zone intermédiaire, ce programme a été élargi aux régions de Champagne crayeuse et de la Brie. Face à la recrudescence des difficultés des exploitations agricoles, du fait notamment des aléas climatiques devenus structurels, des restructurations des filières et des fluctuations plus fortes des marchés, les acteurs du conseil technique et de gestion ont souhaité approfondir leurs connaissances des exploitations agricoles de ces régions en réalisant, sur la base du volontariat des exploitants, des audits très poussés des systèmes de production, des performances économiques et de l’organisation des exploitations concernées.

Les objectifs de ce projet sont multiples : 1) développer et faire progresser l’agriculture locale ; 2) intégrer les acteurs des filières actuelles et en devenir et 3) assurer l’installation et le renouvellement des générations de manière pérenne.

Les résultats de ces audits ont été restitués individuellement aux agriculteurs avec des propositions de plans d’actions ciblés pour augmenter leurs performances et leur résilience. Même à contexte pédoclimatique équivalent, il est constaté depuis plusieurs années des écarts de résultats grandissants entre les systèmes les plus performants et ceux qui le sont moins. 89 exploitations ont ainsi été suivies sur les volets 1) économique et de gestion, 2) agronomique et 3) la vie et le travail de l’exploitant et ses salariés. Dans le détail, les stratégies de commercialisation des produits végétaux, les stratégies d’achat et de renouvellement du matériel, la gestion des systèmes de culture et l’externalisation d’activités ont été décortiquées. L’objectif poursuivi étant la création de valeur pour l’exploitant par sa gestion interne (productivité, maitrise des charges) ou ses stratégies de valorisation (certification bio ou HVE, agriculture de conservation, circuits courts, méthanisation…).

 

Focus sur la Champagne crayeuse

Quelle que soit l’année de référence, les écarts entre les quintiles 1 (20% meilleurs) et 5 (20% moins performants) restent similaires. Par exemple, quand on regarde le critère EBE par ha pour l’année 2019, le revenu disponible par UTH familiale est de 42.000 € pour le Q1 et -11.500 € pour le Q5 soit des écarts de 1 à 5. A charges opérationnelles équivalentes (engrais, semences, produits phytosanitaires), c’est la technicité et la productivité qui font la différence (+ 5 à 7 quintaux en céréales et + 5 à 7 tonnes en betteraves à l’hectare). Les charges de mécanisation (carburant, entretien, crédit-bail, amortissements, travaux par tiers) peuvent aussi varier du simple à plus du double (300 à 650 euros / ha), la part de la betterave dans l’assolement étant très discriminante.

Pour ce qui est des stratégies de commercialisation, il est observé que les exploitations du quintile supérieur réalisent majoritairement des ventes au cours du jour avec l’objectif de réaliser de meilleurs bénéfices alors que celles du quintile inférieur sont plutôt au cours moyen. Cela dépend bien entendu de l’appétence à la prise de risques et la connaissance des outils de marché des chefs d’exploitation. Le plus sûr étant de mixer les stratégies pour gérer les fluctuations et les risques.

Enfin, concernant les politiques d’acquisition de matériels, l’achat neuf est privilégié par le quintile supérieur et l’occasion par le quintile inférieur, s’expliquant en outre par les différences de capacités financières. L’enjeu important est d’avoir une stratégie sur le long terme selon ses besoins et se fixer des limites par hectare en fonction des potentiels de retours sur investissement.

S’agissant du volet agronomique, et plus particulièrement des apports d’intrants, les enquêtes mettent en avant que les exploitations du quintile supérieur ont des stratégies plus diversifiées et adaptatives selon les années alors qu’il y aurait une plus grande stabilité des pratiques pour le quintile inférieur. Les stratégies de réduction extrême des intrants ne semblent pas être les plus payantes. La diversité des cultures est aussi plus grande chez les agriculteurs du quintile supérieur. La présence de légumineuse, notamment la luzerne, a des impacts positifs sur l’ensemble du système de production.

Enfin, en termes de gestion globale, il s’avère que les agriculteurs les plus performants sont ceux qui s’approprient le plus la gestion de leur entreprise et des risques et donc qui délèguent moins à des acteurs externes. La question du temps et des moyens humains et matériels sont les principaux motifs de la délégation.

En guise de conclusion, l’étude ne met pas en avant un modèle type à suivre mais insiste sur l’importance pour l’exploitant de s’intéresser à sa situation personnelle (faire un audit ou diagnostic de départ sans a priori), de s’interroger sur ses forces et faiblesses et s’ouvrir à mettre en œuvre des alternatives pour évoluer et progresser, et si besoin, bénéficier de conseil et de formation.

 

Des synergies entre filières à renforcer

L’une des valeurs ajoutées de cette démarche est qu’elle a été réalisée conjointement avec les filières organisées en région, notamment les filières luzerne et sucre afin de valoriser les synergies entre les productions agricole. Ainsi, la méthanisation, qui a fait l’objet d’une analyse dédiée, permet d’optimiser les assolements (CIVE…), valoriser les coproduits et les utilisations alimentaires et non alimentaires sans perturber les équilibres économiques des différentes unités de production à la ferme ou industrielles. Les exploitations en agriculture biologique ont également fait l’objet d’un focus particulier.

Toutefois, parmi les points négatifs soulevés, il a été observé des difficultés à développer plus le travail en commun du fait d’un manque de confiance des agriculteurs entre eux ou d’expériences négatives passées malgré l’appétence a priori plus forte des jeunes générations à la mutualisation. Les difficultés climatiques (sécheresse estivale récurrente depuis 2016) remettent également aussi de plus en plus en question la rentabilité des cultures de printemps pouvant à leur tour impacter les équilibres financiers des fermes et les marges des filières industrielles.

Ce projet a vocation à s’élargir à toutes les régions agricoles et les autres filières (maraichage, élevage, viticulture…) et à appuyer les acteurs institutionnels pour l’orientation des dispositifs d’accompagnement des entreprises. Des formations dédiées et des prestations de conseil individualisé seront également proposés aux agriculteurs.

Accédez aux replays du projet OSER via ce lien

Région du Barrois

Secteur de la Craie dans la Marne et l’Aube

Localisation du secteur de la Brie dans la Marne