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Temps de lecture : 3 min

28/06/2021

Innovations bas carbone : le temps des démonstrations !

Retour des démonstrations aux champs en ce mois de juin 2021, et aux présentations de solutions techniques comme leviers de la transition agricole vers une production performante en termes économiques et environnementaux. Des Culturales organisées par Arvalis les 15-17 juin à Openfield de Bioline by InVivo le 22 juin, en passant par la présentation de la première ferme à ambition bas carbone par McDonald’s France le 4 juin, les acteurs des productions végétales se sont retrouvés « en vrai », sans le filtre des écrans, dans des ambiances conviviales, pour partager leurs expériences et découvrir des panels de solutions innovantes.

De nombreuses propositions techniques présentées lors de ces trois événements cherchent à répondre aux enjeux climatiques. Sur le volet adaptation, notons la gestion de la ressource en eau à l’aide de solutions d’irrigation intelligentes (par exemple avec Telaqua, présente à Openfield et dont les solutions sont mises en œuvre dans les Fermes Leader), et la tolérance à la sécheresse à l’aide de l’amélioration variétale et/ou de biostimulants.

Sur le volet atténuation, les solutions de stockage de carbone font florès, le nouveau Graal étant la rémunération des agriculteurs pour leurs pratiques dites « bas carbone » qui réduisent leurs émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et/ou augmentent le stockage de carbone dans le sol.

Ainsi, des solutions globales de gestion d’exploitation avec un objectif de performance carbone et économique sont développées notamment par différents acteurs :

  • La startup FarmLeap, en partenariat avec McDonald’s France : outils numériques pour réduire l’empreinte carbone et améliorer la performance économique des fermes sous contrat avec le groupe ;
  • Le pôle d’innovation de la ressource bas carbone Terrasolis,: accompagnement des transitions d’exploitations agricoles vers des « fermes bas carbone» à base de diagnostics (bilans carbone initial et gain potentiel) et d’études de financement (crédits carbone, subventions publiques, primes filières), en utilisant la méthode grandes cultures du label bas carbone, prochainement validée. Le nombre d’exploitations suivies est en déploiement.
  • La société belge Soil Capital propose une rémunération des certificats carbone obtenus par des agriculteurs adoptant des trajectoires de réduction de leurs émissions de GES et de stockage de carbone dans les sols ;
  • Le cabinet d’expertise-conseil Agrosolutions a mis en place Carbon Extract, un outil permettant de réaliser le bilan carbone des exploitations, de simuler l’impact de nouvelles pratiques et de suivre et piloter des projets de Label bas carbone ;
  • La startup MyEasyFarm a développé l’outil MyEasyCarbon pour calculer précisément le stockage et les émissions de GES des exploitations et utilisant la blockchain comme outil de traçabilité et proposer des « smart contracts » pour les transactions entre agriculteurs et financeurs dans le cadre du Label Bas Carbone ;
  • La startup Greenback, qui est une des lauréates du challenge d’innovation InVivo Quest 2020-2021, lance la première agence mondiale de notation des sols en prenant en compte des niveaux de carbone et de matière organique, l’intégrité et la biodiversité à l’échelle de la parcelle. C’est une méthode d’évaluation de la santé des sols et de son évolution dans le temps en fonction des pratiques mises en œuvre.

Toujours sur le volet atténuation, des solutions plus spécifiques sont également développées pour réduire les émissions dues aux utilisations d’engrais azotés :

  • La société Yara a développé le capteur N-sensor et fait la promotion des ammonitrates plutôt que des solutions azotées, en raison de leur moindre impact carbone ;
  • La startup be Api s’inscrit dans l’agriculture de précision en permettant aux agriculteurs de moduler les apports d’azote en fonction du potentiel des sols.

Enfin, différentes solutions permettent à l’agriculture d’atténuer le changement climatique en produisant des produits biosourcés. C’est notamment le cas des énergies produites localement comme substituts d’énergies fossiles importées : c’est le cas du biogaz avec la méthanisation (qui permet également de réduire les utilisations de fertilisants de synthèse grâce aux épandages des digestats) et également des biocarburants. A ce titre, un modèle rémunérateur de conduite culturale de colza bas carbone était présenté à Openfield, avec à la clé une prime à la tonne de colza destinée au biodiesel et répondant aux critères de durabilité européens selon le schéma volontaire 2BS.

Enfin, dans une démarche de bioéconomie, les déchets de l’agroalimentaires peuvent être valorisés en coproduits, et ainsi générer de nouvelles chaînes de valeur. C’est dans cette logique que s’inscrit la startup Circular Carbon, autre startup lauréate d’InVivo Quest. Cette société est spécialiste du process de fabrication par pyrolyse de biochar, produit à haute valeur ajoutée utilisé pour l’amendement des sols, la séquestration de carbone et la rétention d’eau. Les matières premières permettant de produire le biochar sont diverses. C’est le cas notamment des coques de cacao d’une usine du groupe Barry-Callebaut en Allemagne.

Notons que ces différentes innovations sont affichées au moment où le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a publié son Plan d’action climat, dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone, le 23 juin 2021. Ces innovations s’intègrent dans trois des six axes de cette feuille de route : l’axe 1 qui vise à accélérer le développement des pratiques agricoles permettant d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre, l’axe 2 qui fixe comme objectif de développer le potentiel de séquestration du carbone dans les sols et la biomasse forestière, et l’axe 5 dont le but est d’enseigner à produire autrement et innover avec la recherche et le développement agricole pour s’adapter et atténuer le changement climatique. Dommage que ce plan d’action n’ait pas intégré la dimension bioéconomie et la valorisation de biomasse agricole et forestière dans la production de produits biosourcés pour décarboner l’économie.

Pour aller plus loin :

  • Interview de Quentin Sannié, confondateur et président de Greenback, dans le numéro 242 de La Revue agridées, septembre 2020