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Temps de lecture : 3 min

21/05/2021

La Semaine de l’Agriculture fait honneur à l’Agroécologie

A défaut de Salon, l’Agriculture a eu sa Semaine dédiée. Une série d’évènements pour parler positivement de l’agriculture et de l’alimentation et l’occasion pour différents acteurs du monde agricole de mettre en avant leurs travaux et leurs actions en faveur de l’agroécologie.

Dans la lignée des dernières années, l’agroécologie s’installe en effet de plus en plus comme l’avenir de l’agriculture. Tout sauf un retour en arrière, c’est une démarche globale de progrès sur le long terme qui répond aux enjeux sociétaux et à la valorisation du métier. La loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 a fortement contribué à sa consolidation et sa valorisation.

 

Combinaison de l’agronomie et de l’écologie, l’agroécologie est un terme polysémique et multidimensionnel difficile à définir. Outre sa dimension historique de mouvement social, elle contient une forte dimension pratique et technique qui consiste à travailler avec le vivant. Elle replace l’action humaine en synergie avec les processus naturels. Elle s’intègre totalement dans le concept de Santé Globale qui fait prévaloir que la bonne santé des écosystèmes naturels a des effets positifs sur la santé humaine.

 

Les sols en vedette

L’INRAé et l’ACTA (Association des Instituts Techniques Agricoles), dans le cadre de leur démarche « Imaginons l’Agriculture 2035 », ont présenté les avancées de différents travaux de recherche notamment sur les paysages olfactifs, le microbiome ou les relations hommes-animal dans les élevages de demain. Bien qu’encore à l’étude, et dont la mise en œuvre au champ est encore aléatoire, ces recherches de rupture sont des marqueurs d’espoir pour une agriculture plus performante et respectueuse de l’environnement. Elles visent à favoriser les interrelations et la gestion des équilibres entre les espèces plutôt qu’à les éliminer. Elles visent aussi à stimuler les systèmes de défense naturelle des plantes. Par exemple, la confusion sexuelle, pratiquée dans les vignes depuis plus de 20 ans, consiste à réguler les populations d’insectes en perturbant leur déplacement et leur reproduction qui reposent sur l’odorat (par exemple, les tordeuses de la vigne). Même si elles sont encore plus chères que les traitements insecticides classiques en pulvérisation, ces techniques sont toutefois moins nocives pour les écosystèmes. La connaissance des microbiomes des plantes et du sol est aussi une voie prometteuse. Elle consiste à s’appuyer sur la diversité des microorganismes naturels (bactéries, champignons…) pour mieux lutter contre les maladies. Un gramme de sol végétalisé contient environ 1 milliard de bactéries dont très peu sont pathogènes mais dont beaucoup sont encore méconnues.

 

De son côté, l’association Pour une Agriculture du Vivant (PADV), créée il y a tout juste 3 ans, compte déjà plus de 600 agriculteurs et 60 entreprises (du conseil, de la transformation et de la distribution) adhérentes. Sa mission est d’accélérer la transition agricole et alimentaire en structurant des filières agroécologiques et en mettant des outils clés à disposition de tous les acteurs. Reposant sur un principe d’innovation ouverte, PADV vise à partager les savoirs des agriculteurs et des scientifiques pour provoquer le changement des modes de productions vers plus de durabilité. PADV a lancé cette semaine un indice de régénération des sols qui permet, sur la base d’un questionnaire simple et rapide sur différentes thématiques et pratiques fondamentales mises en œuvre sur l’exploitation agricole, d’évaluer le score agroécologique de la ferme en lui donnant une note sur 100. En mesurant les résultats plutôt que de juger les pratiques, sa valeur ajoutée est aussi d’accompagner les agriculteurs dans une démarche de progrès, en fonction des indicateurs à améliorer, pour augmenter son score. La démarche d’évaluation peut être réalisée soit par l’agriculteur lui-même soit par un technicien du vivant habilité à cet effet dans le cadre de démarches filières et afin de valoriser les résultats. PADV vise 20 000 agriculteurs en 3 ans.

 

La vie des sols est la base d’une agriculture qui doit être pensée assurément de manière systémique. Une bonne santé des sols, riches en matières organiques, améliore leur fertilité, leur biodiversité et leur structuration et permet de fournir de nombreux services écosystémiques de production (de denrées alimentaires en quantité), de régulation (filtration des eaux…) et de maintien (lutte contre l’érosion des sols notamment). Ces services sont sources de création de valeurs multiples qui bénéficient à la fois à l’agriculteur, à la société et à l’économie. L’enjeu est de favoriser l’augmentation des matières organiques des sols, principalement le carbone, richesse qui sera à la fois favorable aux rendements agricoles et à la résilience des cultures face aux divers aléas. Autant d’objectifs en phase avec les défis du changement climatique et la recherche d’une meilleure souveraineté alimentaire sur lesquels communiquer.

 

Motiver les agriculteurs au changement

Bien entendu, la mise en œuvre concrète de tous ces nouveaux modes de production demande du temps d’apprentissage, de la motivation et de la prise de risque pour l’agriculteur. Elle peut amener à des remises en question et inciter au changement des habitudes. La démarche en collectif a été soulignée comme un facteur clé de succès. L’agriculteur ne doit pas rester seul mais échanger avec ses pairs pratiquant ces nouvelles techniques pour les adapter à son contexte. Malgré la dynamique émergente engagée, le seul volontariat pourra ne pas suffire pour créer un mouvement de masse. Se pose donc la question du soutien des filières et des politiques publiques, notamment la PAC.

 

En plein débat sur les modalités de la mise en œuvre de la PAC de 2023 à 2027, une table ronde sur le sujet a esquissé certaines idées : mettre en cohérence la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) avec le Plan Stratégique National (PSN) qui lui-même devra être en phase avec le Green Deal et ses différentes stratégies thématiques (De la ferme à la table, Biodiversité, Finance Durable, Taxonomie…). Aussi, pour motiver les agriculteurs au changement, les aides pourraient être plus orientées sur la mise en œuvre de pratiques agricoles favorisant l’augmentation du stock de matières organiques dans les sols (obligations de moyens) qui assureront la bonne fourniture de services écosystémiques et qui eux-mêmes pourront être sources de nouveaux revenus (obligation de résultats) à terme.

 

Enfin, pour consolider ces changements à l’œuvre et leur reconnaissance par les tiers et autres parties prenantes, les domaines de la gestion des entreprises devront aussi évoluer. Un cycle de webinaires organisé par Agreenium, sur la base du livre de Bertrand Valiorgue « L’Agriculture à l’heure de l’anthropocène », avec le soutien d’agridées, a mis en exergue l’opportunité de développer le statut d’entreprise à mission permis par la Loi Pacte du 22 mai 2019. Il vise à faire reconnaitre dans les statuts de la société la visée d’objectifs environnementaux et sociaux dont les résultats sont contrôlés par des organismes indépendants. Ce statut pourrait être une opportunité pour les entreprises agricoles. Complété par la mise en œuvre d’une comptabilité socio-environnementale normée, sur laquelle travaille agridées, l’action de l’entreprise agricole se retrouverait reconnue et confortée à la fois par ses partenaires externes mais surtout par le chef d’entreprise agricole qui retrouverait sa fierté du métier mise à mal ces dernières années.