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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

01/06/2018

Patrick FERRERE

Dans un contexte européen de grandes incertitudes, notre think tank a présenté sa nouvelle Note d’analyse sur la PAC 2020, dans le sens d’une consolidation de l’aspect européen et intégrateur de la Politique Agricole Commune. Retour sur ces travaux avec notre Délégué général Patrick Ferrère.

1.Pourquoi un travail de réflexion d’agridées sur l’Europe ?

Effectivement, nos travaux et publications sont centrés sur les sujets agricoles, agroalimentaires et agroindustriels nationaux. Ceci étant, l’actualité des décisions concernant la PAC 2021-2027 ne peut nous laisser indifférent : il s’agit non seulement de considérer un budget annuel de 8 à 9 milliards d’euros pour l’agriculture française, mais surtout de réfléchir à l’avenir, aux possibilités de conserver une vraie politique commune. En effet, une quinzaine d’années de subsidiarité exigée par les Etats ont conduit à de fortes distorsions de concurrence entre producteurs et à une suradministration dans les entreprises agricoles. Quand on voit que la PAC, première politique européenne intégrée arrive à une croisée de chemins, nous ne pouvons pas rester qu’observateur : il nous faut proposer et donner un cap.

2.Vous estimez donner un cap ?

Nous savons que l’Union européenne est entrée dans une période de fortes incertitudes internes et externes et que le temps imparti pour les discussions sur la PAC post-2020 est très court. Alors c’est vrai, nous n’avons pas renversé la table : simplement, en allant au bout de la logique des réformes de 2003, nous avons essayé de mieux légitimer les soutiens et le budget, mieux harmoniser sur tout le territoire européen la déclinaison d’objectifs communs, et de donner toute sa place aux apports de l’agriculture dans sa dimension multifonctionnelle.

Ce travail n’est aucunement en contradiction avec d’autres réflexions qui donnent de nouveaux fondements, de nouveaux objectifs à la PAC en modifiant sa structure, ses outils d’intervention. Nous, nous sommes restés dans le pragmatique, dans ce qui peut être fait sans revenir sur les contraintes imposées par la réforme de 2003 et nos engagements internationaux.

La PAC a été un des éléments fondateurs de l’Europe depuis son origine ; elle peut le rester à la condition d’être « ré-européanisée ».

3.Vous croyez encore en une volonté commune des Etats-Membres sur le devenir de la PAC ?

Nous ne sommes pas dans le rêve mais face à une réalité. Les agricultures européennes sont un patchwork dans lequel les structures, les fiscalités, les régimes sociaux, les pouvoirs d’achat sont très différents. De fait, la seule chose qui est identique sur tout le territoire européen avec liberté de circulation, ce sont les produits. D’où la notion nouvelle de compétitivité entre les producteurs européens depuis la mise en place de la réforme de 2003.

Alors, une volonté commune ? D’abord, il faut qu’elle soit la conséquence d’une volonté politique d’être commune. Ensuite, il convient que chaque Etat-Membre prenne conscience de la situation et des intérêts de ses partenaires. La PAC a été malmenée ces dernières années par la volonté de certains de voir défini au niveau communautaire ce qu’ils voulaient pour leur pays. Les évolutions de la PAC sont d’ailleurs représentatives de la situation politique au sein de l’UE. Je le répète : sans renverser la table, la PAC 2021-2027 peut être « ré-européanisée » et laisser le temps, en étant mieux recentrée, de préparer une nouvelle et profonde réforme pour les années 2030.

Cette interview paraitra également dans La Revue agridées n°233