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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

22/11/2018

Vincent MANESSE

Directeur conseil à Opinion Valley (groupe Comfluence) 
À travers un récent sondage conduit par Ipsos, l’agence de communication Opinion Valley a interrogé le “lien de confiance” entre les Français et leur agriculture. Retour avec Vincent Manesse sur les réponses des sondés et leur signification. 

1/ Quel est tout d’abord votre premier constat sur ce fameux “lien de confiance” entre les Français et leur agriculture ?

Un résultat est notable et à certains égards surprenant : pour les Français, l’agriculture est le secteur d’activité  le plus important et le plus stratégique (avec l’énergie). Ce score illustre la puissance du lien culturel avec un secteur qui est vital pour eux. Il explique aussi probablement les attentes très fortes qui s’expriment dans notre sondage.

Sur la confiance elle-même, 68% des Français ont confiance en l’agriculture pour produire des aliments sains et de qualité, quand 30 % ne lui font pas confiance. Ce socle de confiance, qui vient de loin, est donc large. Mais on mesure vite sa fragilité. D’abord en s’intéressant aux perceptions par filières, qui montrent que la confiance « les yeux fermés » n’existe pas. Ensuite en regardant dans quelle dynamique s’inscrivent ces perceptions.

2/ Justement, comment les Français voient-ils évoluer l’agriculture ? Reconnaissants et exigeants à la fois, ne sont-ils pas en train d’adresser un message aux acteurs de ce secteur ?

Pour 3 Français sur 5,  les produits agricoles sont moins sains et de moins bonne qualité aujourd’hui qu’il y a 40 ans. En pratique on voit des Français marqués par deux éléments de contexte : les autorités publiques et les professionnels évoquent régulièrement dans les médias le niveau de contrôle et de sécurité sans précédent sur les produits et les aliments… en même temps ils voient des reportages, entendent parler d’études et parfois de crises qui nourrissent leur incertitude.

Les Français reconnaissent à l’agriculture des efforts de productivité et de compétitivité (67%), mais sur la réduction du risque sanitaire, le bien-être animal ou la préservation de l’environnement par exemple, l’effort est jugé insuffisant. Et sur les innovations scientifiques de l’agriculture, c’est le grand flou ! L’opinion se divise à peu près en trois blocs entre ceux qui pensent que leurs effets seront positifs, négatifs… et ceux qui « ne savent pas ».

3/ Une nouvelle donne est-elle envisageable ?

Bien sûr !  Elle doit, selon nous, servir une agriculture qui marche sur ses deux pieds : la qualité et l’authenticité sans masquer une activité qui se transforme à grande vitesse face à d’énormes défis démographiques, écologiques et sociétaux.

Nous voyons trois priorités d’actions pour les acteurs de l’agriculture :

– Nouer une relation durable et sincère. Les Français méconnaissent les efforts de l’agriculture dans des domaines qui leur sont pourtant très chers. Une relation sincère, affranchie des clichés de  « Martine à la ferme » doit s’engager (comme le conseillait si justement le CNA dans son avis n° 73). Pour les acteurs du monde agricole, il n’y a jamais eu autant de moyens d’agir et d’interagir efficacement avec leurs publics.

Donner envie d’un avenir commun. Sur l’avenir, les Français sont déboussolés. Il y a pourtant un fort intérêt à l’évoquer avec eux : où allons-nous, pourquoi, comment,  à la recherche de quels bénéfices pour le consommateur-citoyen ? D’autres secteurs ont montré que c’était possible. Il y a tout à gagner à informer et impliquer les Français au service de cette ambition.

Remettre  l’agriculture à sa place, c’est à dire dans la société ! Tout échange entre le monde agricole et les autres composantes de la société est a priori bon à prendre. Sur le terrain, en ville, aux champs, en élevage et bien sûr dans les médias… Parce que le secteur n°1 aux yeux des Français le vaut bien !