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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

17/09/2021

Le pilotage agricole : la clé de la gestion des risques

Le gouvernement propose une refonte complète du mécanisme français de couverture du risque agricole. Les mots-clés du nouveau système sont SOLIDARITE nationale mais aussi RESPONSABILITE des agriculteurs. Cette nouvelle approche publique du risque est conçue avec trois étages. Jusqu’à 20 % de baisse, le risque sera assumé intégralement par l’entreprise, de 20 à 50 % de pertes il sera couvert par un mécanisme d’assurances avec des soutiens publics. Au-delà de 50 %, la couverture sera prise en charge par l’État donc l’impôt des Français. Les assureurs devraient jouer le rôle de guichet unique et le système des calamités sera supprimé.

Le risque augmentant considérablement du fait du climat, il semble normal qu’une catastrophe ne repose pas uniquement sur les seuls agriculteurs, d’où la solidarité. Le niveau des risques dépendant beaucoup de la situation de l’entreprise et des décisions de l’entrepreneur, il est normal que la responsabilité des agriculteurs soit engagée sur les risques « courants » d’autant que leur fréquence augmente.

Les décisions de l’agriculteur seront donc primordiales dans la gestion du premier bloc, son entreprise. Toutes les décisions stratégiques mais aussi quotidiennes devront être analysées au plan de leurs conséquences techniques et économiques comme aujourd’hui. Mais il faudra aussi évaluer leur impact sur le risque. Par exemple si je me diversifie je divise mon risque. Si je ne sème qu’une seule variété j’augmente mon risque. On l’a bien vu avec la moisson 2016. Ces exemples sont évidemment simplistes, mais on peut les multiplier à l’infini. Si je n’ai conservé aucune réserve de trésorerie, investissant tout par exemple, je suis extrêmement sensible à une variation de rendement. Si j’ai constitué une épargne de précaution, provisionné pour aléas, je lisse mon risque. L’approche par le risque doit donc modifier en profondeur le raisonnement de gestion des agriculteurs, mais aussi de leurs conseillers.

Les décisions de l’agriculteur concernent aussi le second bloc, celui de l’assurance. En premier lieu il y a évidemment le fait de souscrire ou non une assurance. Aujourd’hui, par exemple, les prairies ne sont quasiment jamais assurées. A l’avenir, les agriculteurs ne pourront plus compter uniquement sur la solidarité. De plus les primes d’assurance seront sans doute modulées en fonction des investissements de protection et de prévention réalisés (sécheresse, anti grêle, protection anti gel). Cela dépend bien sûr des autorisations d’irrigation qui relèvent des pouvoirs publics mais aussi beaucoup des choix d’investissement qui, eux, relèvent de l’entrepreneur.

L’assurance est souvent critiquée à cause d’une diminution possible des bases de références d’indemnisations dans le temps. Celles-ci sont calculées sur la moyenne dite « olympique » sur cinq ans. Si les rendements baissent tendanciellement sur une région du fait du changement climatique, il semble normal que la garantie diminue. La solution ne peut provenir du maintien infini d’un niveau de garantie devenu artificiel. Soyons clairs, dans cette situation, c’est le système de production qu’il faudra adapter. Les changements de l’environnement apportent des contraintes mais ouvrent aussi souvent de nouvelles opportunités !

La gestion moderne du risque devient de plus en plus un élément central du pilotage agricole et donc une des clés de la réussite.