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23/05/2025
L’IA va-t-elle permettre de réduire la charge administrative des agriculteurs ?
Le 15 mai 2025, La Croisée des Champs, événement annuel organisé par le pôle d’innovation Agronov en Côte d’Or, s’est concentré sur l’intelligence artificielle (IA), ses outils, ses applications, ses risques et ses opportunités.
Les cas d’usages de l’IA présentés lors de la Croisée des Champs étaient variés, allant du suivi de la croissance et de la génétique des animaux d’élevage par des scanneurs sur portiques à la modélisation de la perte de rendement des grandes cultures dans des systèmes complexes comprenant de nombreux paramètres tels que le stress hydrique, la température, la pression des ravageurs et des maladies.
Au-delà d’une approche purement technique des impacts de l’IA sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, Frédérik Migette, Directeur solutions applicatives et digital chez OCI Informatique et Digital, s’est surtout interrogé sur les capacités de l’IA comme « piste pour rendre du temps au terrain », pour faciliter la vie des agriculteurs au quotidien, notamment en simplifiant et allégeant leurs tâches administratives. Dans le même registre, les experts d’entreprises du digital, d’un institut technique (IDELE) et d’établissements d’enseignement supérieur ont insisté sur les besoins des agriculteurs pour des outils d’aide à la décision qui allègent leur charge mentale en leur faisant gagner du temps et du confort de travail.
Sans surprise, les principaux risques identifiés par les intervenants en cas d’utilisation de ces outils générés par l’IA sont la sécurité et la qualité des données qui alimentent l’IA mais aussi qui sont fournies par ces outils. Pour réduire les risques d’erreurs de l’IA, il est nécessaire de la construire à partir de données vérifiées et captées par des opérateurs formés, selon Zoé Guy (ingénieure en élevage de précision à l’IDELE). En cela, les 21 Digifermes des instituts techniques agricoles permettent aux entreprises de l’IA de tester et expérimenter leurs modèles en grandes cultures, élevage et viticulture. Face au risque d’erreur, il reste nécessaire de confronter les résultats de l’IA avec la réalité observée, tant en productions animales que végétales, a précisé Séverin Yvoz, data analyste au service R&D de l’Alliance BFC. Les intervenants se sont accordés sur le fait que l’IA doit éclairer les humains dans leurs décisions, et non prendre les décisions à leur place.
De plus, la souveraineté numérique a été un des fils conducteurs de la conférence. Ana Roxin, maître de conférences en informatique à l’Université de Bourgogne, a souligné que les données n’étaient pas obligées de passer par le web pour être traitées par l’IA, mais pouvaient notamment être stockées sur le territoire de Dijon. Quant à Frédérik Migette, il a estimé que la souveraineté alimentaire était liée à la souveraineté numérique.
Puisque l’IA permet d’identifier les signaux faibles et d’analyser des systèmes complexes, Philippe Lemenceau, Vice-président de Dijon Métropole, s’est demandé si l’IA pouvait « identifier les types de données manquantes pour le changement », c’est-à-dire la transformation de la production agricole. C’est certainement un champ d’application essentiel de la modélisation augmentée que permet l’IA.
Exploration des possibles, prudence et approche terrain : tels étaient donc les partis pris pertinents d’Agronov lors de cette journée d’acculturation à l’IA en agriculture.