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Points de vue

Temps de lecture : 5 min

09/04/2020

Pour le jour d’après !

Face au confinement, deux domaines sont érigés au rang de valeurs sociétales, la santé et l’agriculture. Nous constatons l’absence de pénurie alimentaire ou de tension forte, ce qui démontre l’extrême résilience de notre agriculture et de notre modèle nutritionnel. Cette crise valide l’écosystème actuel de production agricole et d’organisation des marchés. L’agriculture et les marchés alimentaires ont, jusqu’à ce jour, répondu présent, mais combien de temps cela pourra-t-il durer ?

Notre dépendance vis à vis des pays tiers dans certains secteurs souligne le besoin de politiques solides, pensées au niveau européen. La PAC pourrait, à la lumière de la situation que nous vivons, infléchir ses orientations pour donner une part plus importante à la satisfaction des besoins en quantité et qualité de produits agricoles intra-communautaires au lieu de se concentrer par trop sur les moyens d’y parvenir. Sans aller jusqu’à l’autosuffisance alimentaire européenne, il y a là aussi une opportunité pour des plans de relance de certaines productions, une vraie stratégie d’intensification écologique, la priorité de nos règlementations de production plutôt que seul le verdissement comme élément stratégique, la biodiversité sans les volumes, ou l’équivalence donnée à des produits issus d’agricultures moins exigeantes.

La crise a aussi mis en valeur la distribution de proximité. Réglementé, ce tissu est indispensable à la résilience du monde rural. Il s’avère efficace et  valide les circuits courts tant en matière de fourniture aux particuliers que de politiques publiques de proximité. En outre, confinés, ils mangent autant voire même un peu plus ! Ils font de la cuisine, ils programment leurs repas, ils planifient leurs courses et passent du temps à table. Ce que l’on observe aujourd’hui pourrait, demain, faire évoluer les comportements des français dans leurs achats alimentaires et leur mode de consommation.

Quant aux agriculteurs, quel traitement leur sera-t-il réservé dans l’après crise sanitaire ? Comment leur revenu peut-il, tout comme pour les autres secteurs productifs, être préservé ? Quel plan de continuité des activités dans ces secteurs en période de crise ? Comment gérer les stocks, les mobiliser, accompagner la production agricole, organiser les marchés et les circuits d’approvisionnement ? Quels sont les maillons faibles dans les chaines de valeur ? Où faudra-il porter l’accent en matière de politiques publiques ? En tout état de cause, il ne faut pas que cette crise entraine des faillites ou de la déprise agricole.

En conclusion, face au COVID-19 les scientifiques sont aujourd’hui les référents derrière lesquels les gouvernants s’abritent avant de prendre les décisions qui leur incombent. Cela remet au premier rang la science et les scientifiques qui étaient régulièrement mis à mal ces derniers temps par l’opinion publique. Le consensus scientifique aura-t-il la même audience après cette crise, notamment en matière d’innovations pour le monde agricole ? Il faut le souhaiter.