3 questions à
Temps de lecture : 3 min
10/12/2024
Emmanuelle Coratti, déléguée générale de Back to Earth
Ancienne directrice RSE chez GL events (événementiel), fondatrice de plusieurs associations, Emmanuelle Coratti a travaillé 4 ans au sein d’un Think Tank de dirigeants d’entreprises et chercheurs pluridisciplinaires avant de devenir la déléguée générale de Back to Earth. Elle répond à nos questions sur les travaux de cette association sur le mouvement de « retour à la Terre » des néoruraux.
1/ Que fait Back To Earth ?
Notre association porte le vaste thème du retour à la terre : renouvellement des générations et des pratiques agricoles, revitalisation des territoires, transitions territoriales. Notre mission est de valoriser et de relier les acteurs français du retour à la terre. Cela passe par une chaîne Youtube qui va à la rencontre d’agriculteurs et d’agricultrices, de porteurs de projets, d’élus, de chercheurs qui contribuent à ce retour à la terre par leur engagement. Nous avons également lancé un Observatoire qui porte des travaux de recherche sur ce signal faible, avec l’objectif de l’analyser pour alimenter les politiques publiques et privées. Enfin, nous organisons des rencontres autour de ce thème multidimensionnel et qui nécessite donc la mise en relation d’acteurs très divers pour adresser ces enjeux (monde agricole, institutions, élus locaux, financeurs, associations, recherche et enseignement, entreprises…).
2/ Quels sont les enjeux de l’accueil des néoruraux pour la ruralité ?
Les enjeux sont multiples. Au-delà des enjeux démographiques qui sont évidents, l’enjeu de l’accueil est celui de la pérennité des projets portés par ces néoruraux.
L’accueil peut prendre de nombreuses formes : faciliter l’arrivée du nouvel habitant dans le territoire en lui donnant des informations utiles, lui expliquer le projet du territoire, ses us et coutumes, le connecter à des personnes ou des structures qui peuvent être utiles à son projet, l’aider dans ses démarches pratiques. Cela peut aller jusqu’à l’aider à trouver un emploi, un logement, du foncier…”
Accueillir c’est faciliter l’implantation et la réussite des projets, qu’ils soient agricoles ou autres, et c’est permettre leur ancrage territorial et leur création de valeur locale. C’est aussi contribuer au renouvellement des générations, et surtout permettre la transformation et l’innovation territoriale face aux enjeux des transitions. C’est enfin permettre le dialogue entre des populations qui n’ont pas forcément les mêmes cadres de référence, pour plus de paix sociale et d’inclusion.
3/ Parlez-nous de votre enquête : retour à la terre et choc des cultures ?
Nous avons mené ces huit derniers mois une vaste enquête dans le cadre de notre Observatoire pour interroger ce choc des cultures qui nous est si souvent présenté dans les médias entre néoruraux et habitants/agriculteurs du cru. Comment les néoruraux et néo-agriculteurs sont-ils accueillis dans les territoires et comment impactent-ils leurs territoires d’accueil ? Une question que nous avons explorée dans cinq territoires très divers avec l’intuition profonde que l’hybridation entre les pratiques des « néos » et celles des habitants du cru, peut être un fantastique levier de transitions. Mais se rencontrent-ils seulement ? Où ? Quels sont leurs sujets de divergences/convergences ? Quels impacts/recommandations pour les politiques d’accueil et d’installation ? Notre projet porté avec l’Agence des Pyrénées, l’Institut d’Auvergne Rhône Alpes de développement du territoire, Le Cube Consultants, et Terra Thessalia, financé par le Réseau Rural National et l’Union Européenne, donne des premiers résultats passionnants. Nous serons ravis de les partager et de travailler collectivement aux chantiers qui en découlent le 6 février prochain à Lourdes lors des 3èmes Rencontres nationales du retour à la terre et de l’avenir des territoires (inscriptions : www.rnrtt.fr) !