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3 questions à

Temps de lecture : 3 min

11/02/2022

Pauline Lavoisy

L’association Noé, créée en 2001, agit pour préserver la biodiversité au niveau international et national, en collaboration notamment avec les acteurs du monde agricole. Pauline Lavoisy, Responsable Biodiversité et Agriculture, répond à nos questions.

1/ A l’échelle d’une exploitation agricole, quels intérêts a un agriculteur à intégrer la dimension de la biodiversité dans son système de production ?

La biodiversité peut devenir un atout pour la production agricole dès lors que l’agriculteur s’appuie sur la compréhension des mécanismes naturels et en recherche une meilleure efficience. Nombreux sont ainsi les producteurs qui se tournent à nouveau aujourd’hui vers les fondamentaux agronomiques, voire même agroécologiques, pour reconstituer un sol vivant et fertile naturellement. On pense souvent à la biodiversité visible (oiseaux, insectes…) mais on oublie souvent la biodiversité du sol qui joue aussi un rôle très important (bactéries, champignons, vers de terre…). Les chantiers de plantation de haies, encouragés par la force publique, se multiplient également. Au-delà des atouts paysagers et donc d’amélioration de leur cadre de travail, ils peuvent y rechercher une protection contre l’érosion, un effet brise-vent, ou encore des réservoirs d’auxiliaires aux abords de parcelles. D’un point de vue économique, c’est seulement au travers d’une approche système, à l’échelle de l’exploitation, et non plus de la rentabilité de chaque culture, que les intérêts peuvent être perçus.

2/ Quelles relations avez-vous développé avec le monde agricole sur le thème de la biodiversité ?

Depuis son partenariat historique avec la filière Harmony, et nos premières recommandations à destination des filières agroalimentaires (2018), Noé partage son expertise au sein de différents comités de filières ou labels pour que la biodiversité soit au cœur de leurs démarches de progrès (Association Recherche Technique Betteravière, Bee Friendly, Harmony, Haute Valeur Environnementale, etc.). Nous animons le Club Agata qui nous a notamment permis d’aboutir à un recueil d’indicateurs de biodiversité pour les filières végétales (2021). Grâce à la mobilisation de trois de ses adhérents (Association Générale des Producteurs de Blé, Agromousquetaires, Barilla), tout ou partie de ces indicateurs – y compris des dénombrements de pollinisateurs, de vers de terre, etc. – sont suivis sur plus de 65 parcelles en France pour mieux orienter et rendre compte de leurs efforts en faveur de la biodiversité. L’une des actions qui me tient particulièrement à cœur tient dans la mise en lumière du monde naturaliste (entomologistes, ornithologues, botanistes, etc.) dont le croisement des compétences avec la capacité d’innovation du monde agricole présente un réel potentiel pour la préservation de la biodiversité. C’est avec cette certitude que nous avons mis en ligne en ce début d’année un annuaire de naturalistes à destination du monde agricole.

3/ Au regard des enjeux actuels et futurs, comment articulez-vous la protection de la biodiversité avec les autres problématiques environnementales et alimentaires ?

La crise climatique et celle de l’effondrement de la biodiversité sont les deux grands défis de notre siècle, sans compter toutes celles qu’elles entrainent (raréfaction des ressources en eau, dégradation des sols agricoles … et désormais pandémies). L’été dernier, le Giec et l’IPBES ont appelé à une lutte commune, rappelant l’intime connexion entre ces processus. Fonder son action environnementale uniquement sur des indicateurs climat est désormais réducteur. La préservation des écosystèmes est tout autant essentielle, et les co-bénéfices possibles sont précieux. Ainsi, les experts encouragent à restaurer les écosystèmes, à freiner la dégradation de ceux qui sont d’importants puits de carbone et de biodiversité – ce à quoi Noé s’attelle également – et à transformer les pratiques agricoles et forestières.