3 questions à
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19/12/2025
André Bonnard, éleveur laitier et président fondateur de RESAN
Avec RESAN, la transformation agroalimentaire s’invite directement à la ferme. Son fondateur André Bonnard, éleveur laitier dans la Loire, revient sur ce modèle de micro-usines locales en conteneurs, pensé pour créer et capter de la valeur sur les exploitations, relocaliser les filières et garantir une rémunération plus équitable des producteurs.
1/ Pouvez-vous nous présenter RESAN, son origine et son concept ? En quoi votre modèle de micro-usines locales de transformation, en conteneurs, constitue-t-il une alternative aux schémas agroalimentaires traditionnels ?
RESAN est un nouveau modèle d’industrie agroalimentaire qui remet les fermes au cœur de notre alimentation. Si la transformation à la ferme apporte de nombreux avantages : captation de valeur, création de lien avec les habitants, fierté de transformer. Je sais de ma propre expérience que les investissements financiers et humains sont importants pour se lancer seul.
RESAN permet de réconcilier les besoins de l’amont agricole et des clients en proposant une solution clé en mains pour les fermes et la distribution en fournissant des produits locaux et équitables partout en France. Tout est décentralisé dans les territoires, au plus proche des bassins de production et de consommation. Les produits sont fabriqués à la ferme dans le micro-atelier en conteneur par nos agriculteurs et agricultrices partenaires à partir de leur lait. Nous mettons ensuite les circuits logistiques en place pour servir les clients du territoire, du plus petit au plus grand.
Cela permet de créer des chaînes de valeur plus courtes et de capter plus de valeur au bénéfice des fermes. C’est aussi une réponse à la demande des consommateurs de produits locaux et sains.
2/ Pourriez-vous partager un exemple concret de filière agricole redynamisée par votre modèle ?
Depuis 5 ans, nous nous sommes concentrés sur la filière laitière. Aujourd’hui, 11 fermes ont rejoint le projet ce qui permet de couvrir plus de 30 territoires différents. La 11e ferme a très récemment rejoint le projet et est actuellement en formation.
La mise en place du micro-atelier permet d’abord de créer un emploi. Sur toutes les fermes avec lesquelles nous travaillons, un emploi a été créé pour un membre de la famille ou pour un jeune.
L’accompagnement sur l’ensemble des métiers attenant à la transformation (qualité, maintenance, process, R&D, marketing, administratif et commercialisation) permet à la ferme de se lancer sereinement dans la transformation avec une garantie de débouchés et de revenus. Nous nous engageons sur des contrats de 3 ans renouvelables sur des volumes de produits vendus à un prix équitable, basés sur l’indicateur de prix de revient interprofessionnel. Une partie des volumes sont aussi réservés à la vente directe.
Tous nos agriculteurs et agricultrices sont fiers de proposer des produits à leur effigie.
Je vous partage le témoignage de Laure, installée dans l’Aisne, productrice de yaourts depuis 5 ans : « RESAN m’a permis de transformer à la ferme, en étant accompagnée. Je peux compter sur les compétences de l’équipe dans tous les domaines. L’engagement pris sur la commercialisation est un réel atout, cela me permet de vendre dans des circuits auxquels je n’aurais pas eu accès. De plus, le collectif me permet d’avoir une réactivité plus importante sur certains sujets, nous mutualisons nos expériences. Enfin, un point très important pour moi : je suis valorisée pour le produit que je transforme, jusqu’au consommateur ».
3/ Comment mesurez-vous la répartition équitable de la valeur entre producteurs, transformateurs et territoires ? Quels indicateurs utilisez-vous ?
Tous nos produits J’achète Fermier sont labellisés commerce équitable par le label Agri-éthique. Nous sommes audités chaque année par un tiers externe sur ces sujets. Nous nous appuyons sur plusieurs indicateurs que nous suivons tout au long de l’année :
- Les prix de revient de nos produits et leur évolution, et ceux de l’ensemble des postes : matières premières, énergie et coûts variables, main d’œuvre ;
- Les taux de saturation des micro-ateliers ;
- Le chiffre d’affaires de chaque ferme.
Ces indicateurs sont revus annuellement en accord avec l’association de producteurs qui réunit l’ensemble de nos fermes partenaires.
