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Analyses

Temps de lecture : 3 min

16/09/2022

La forêt au cœur de la stratégie Bioéconomie de la Région Grand Est

La 76ème Foire de Châlons (Marne) du 2 au 12 septembre a mis à l’honneur la Bioéconomie.

Connue pour son dynamisme dans ce domaine, reposant sur une pluralité d’acteurs scientifiques, techniques, industriels et agricoles ayant investi depuis plusieurs décennies dans ce secteur, la Région Grand Est œuvre à l’élaboration d’une stratégie Bioéconomie 2030* qui offre une grande place au secteur forestier. Lors d’une conférence dédiée, les acteurs de la filière bois-forêt ont présenté leur vision et leurs attentes.

Les forêts françaises présentent la particularité d’être les plus peuplées d’Europe, en termes de présence humaine (habitants et usagers). Avec le dérèglement climatique, les forêts du Grand Est sont également de plus en plus touchées par le dépérissement des arbres et l’augmentation du risque incendie. A noter que 40% du bois récolté en région est du bois dépérissant, notamment du bois issu d’arbres attaqués par des bioagresseurs (scolytes). Ce bois est valorisable mais il nécessite d’être récolté rapidement.

Des investissements importants sont donc nécessaires pour la préserver tout en favorisant une sylviculture durable. L’enjeu est de maintenir la multifonctionnalité des forêts, c’est-à-dire concilier les activités économiques, de loisirs et de préservation des espaces naturels et les services écosystémiques apportés (stockage de carbone, habitats naturels, régulation du climat…). Comme c’est le cas pour la filière en général, la région souffre aussi d’un manque de main d’œuvre et d’attrait des jeunes pour les métiers de la forêt malgré la présence d’établissements de formation historiques.

Sur le plan économique, la région Grand Est privilégie le bois d’œuvre (chênes de qualité pour la production de merrains par exemple) et la construction-bois. Les secteurs du bois-énergie et du bois d’industrie (panneaux, papier, emballage…) ne sont pas en reste pour autant. Nombre d’acteurs techniques et scientifiques présents sur le territoire travaillent également sur les nouvelles opportunités de création de valeur grâce à la chimie du bois (matériaux innovants, arômes…) pour les marchés de l’automobile ou de la cosmétique par exemple. En relation avec l’agriculture, des projets de Recherche et Développement sont en cours pour la production de biostimulants et d’amendements (biochars issus de la forêt).

Sur le plan environnemental, la Région Grand Est, avec la Bourgogne, héberge le parc national le plus récent, créé en 2019 : le Parc national de forêts (à cheval entre les départements de Haute-Marne et de Côte d’Or). Le parc couvre des espaces en réserve intégrale (aucune activité humaine), un cœur sous protection très poussée et des espaces de projets. Ses missions sont de structurer une offre touristique innovante fondée sur la nature et des nouveaux modèles de sylviculture autres que la production de bois et les activités de chasse (activités récréatives, ilots de fraicheur, paysages…). Un débat de fond porte aujourd’hui sur la libre expression des forêts pour favoriser leur adaptation au changement climatique et leur croissance, sans intervention humaine.

Sur le volet sociétal, la notion de multifonctionnalité est de plus en plus discutée et évolutive et de plus en plus d’acteurs s’insèrent dans le débat, qui n’est plus cantonné au seul cercle des professionnels du bois et de la forêt (associations environnementales, d’usagers…).

Face à tous ces enjeux, la Région Grand Est a mis en place des instances de concertation territoriale qui associent les acteurs privés et publics afin de mettre en cohérence les actions et les moyens disponibles : aides à l’investissement forestier, aides à la restauration des forêts et protection de la biodiversité, programmes de recherche-action… Le territoire de Nancy-Epinal a notamment été reconnu comme Territoires d’Innovation au niveau national avec une vision à 360° de la forêt (soigner les écosystèmes, préservation des services écosystémiques, valorisation du bois, cadre de vie, formation, emploi, semences et plants…).

Les acteurs présents reconnaissent que la forêt ne sera pas la réponse à toutes les problématiques actuelles et qu’il n’existe pas non plus de modèle de sylviculture qui permette de faire face à tous les enjeux en même temps. L’objectif régional poursuivi est de diversifier les actions, adaptées à chaque territoire, et de capitaliser sur les expériences (échecs et réussites) dans la durée. Au niveau national, la Région Grand Est est reconnue pour sa dynamique collaborative entre les acteurs privés et publics conduisant à un fort soutien politique et économique de la filière.

 


* La première stratégie de la région grand Est pour la bioéconomie a été publiée à la suite des Etats généraux de la bioéconomie qui se sont tenus en 2018 à Châlons-en-Champagne. Voir l’analyse Quelle stratégie régionale de la bioéconomie en Grand Est ?