Articles
Temps de lecture : 3 min
22/09/2025
Agrivoltaïsme : les bons choix !

C’est dans une salle comble du SPACE à Rennes que producteurs d’énergie, agriculteurs, élus et gestionnaires de réseaux ont débattu d’un sujet en plein essor : l’agrivoltaïsme. L’objectif des échanges était de contribuer aux réflexions autour de la construction de la filière agrivoltaïque, de répondre aux questions soulevées par les synergies entre énergie et agriculture et de comprendre les enjeux et contraintes des différentes parties prenantes.
Organisée par TSE, producteur d’énergies renouvelables, avec le concours du think tank Agridées, la table ronde animée par Gabrielle Dufour, a réuni cinq acteurs clés de la filière :
- Kevin Thomazo, agriculteur et administrateur de la coopérative Eureden ;
- Mathieu Dufour, responsable du pôle énergie chez Eureden ;
- Mickaël Mairand, représentant de TSE et de France Agrivoltaïsme;
- Grégory Kerouhant, représentant du Syndicat départemental d’électricité d’Ille-et-Vilaine (SDE35) ;
- David Richard, en charge des relations territoriale en Ille-et-Vilaine, Enedis.
Le projet agricole d’abord
Tous l’ont rappelé : un bon projet agrivoltaïque reste avant tout un projet agricole. L’énergie solaire doit demeurer au service de l’agriculture et de l’agriculteur ou agricultrice, avec une vision anticipée de la transmission et de l’installation pour les jeunes générations. « Priorité aux jeunes ! », a insisté Kevin Thomazo, lui-même éleveur et maraîcher dans le Morbihan. Dans cet esprit, l’agrivoltaïsme peut être facteur d’attractivité.
Chartes et acceptabilité
En supplément de la loi APER du 10 mars 2023 (Loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables) et de ses décrets d’application, les chartes locales se multiplient pour encadrer le développement de l’agrivoltaïsme. Le Syndicat départemental d’énergie (SDE35) a ainsi rédigé sa propre charte, gage d’exemplarité et d’équilibre entre liberté d’entreprendre et intérêt collectif. « Il faut former et accompagner les élus, et garantir des projets de qualité », souligne Grégory Kerouhan.
Pour Mickaël Mairand (TSE), l’enjeu est de trouver un compromis : « Nous avons déjà beaucoup d’outils, utilisons-les et stabilisons le cadre. »
La force du collectif
La dimension coopérative, incarnée par Eureden, apparaît comme un levier majeur de partage de valeur. Tous les agriculteurs ne pourront pas accueillir des panneaux solaires sur leur exploitation, mais un projet collectif permet d’impliquer le plus grand nombre, en tant que porteurs de projet, coopérateurs ou investisseurs. Pour Mathieu Dufour, cette approche « sécurise la pérennité des élevages et s’inscrit dans la stratégie de transition de la coopérative ». TSE y voit aussi un moyen d’ancrage territorial et d’économie d’échelle, tout en favorisant la pédagogie auprès des riverains et des élus.
Le défi du raccordement
Reste un obstacle clé : le raccordement au réseau électrique. En Bretagne, région à la fois consommatrice et productrice d’énergies renouvelables, les contraintes techniques et administratives sont fortes. « Le raccordement est notre première contrainte », reconnaît Mickaël Mairand, qui évoque des délais moyens de 18 à 24 mois. David Richard rappelle qu’Enedis prévoit 600 millions d’euros d’investissements sur cinq ans pour renforcer un réseau soumis aux aléas climatiques et à l’essor des énergies renouvelables.
Un équilibre à construire
Malgré des intérêts parfois divergents, un consensus se dégage : l’agrivoltaïsme doit être vertueux, ancré dans les territoires et économiquement réaliste. « Un projet qui aboutit, c’est aussi un projet qui fait sens », résume Kevin Thomazo.
Entre partage de valeur, acceptabilité sociale et transition énergétique, le développement de l’agrivoltaïsme en Bretagne et ailleurs passera par des projets exemplaires, capables d’inspirer confiance et d’ouvrir la voie à une nouvelle alliance entre agriculture et énergie au bénéfice des entreprises agricoles, des territoires et de l’ensemble de la société.