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Temps de lecture : 3 min

14/06/2024

Agrostrophe – Deuxième édition : L’alimentation mondiale à l’aune des dérèglements géopolitiques et climatiques

La deuxième édition d’Agrostrophe, émission littéraire dédiée à la ruralité, l’agriculture et l’alimentation organisé par La Coopération Agricole en partenariat avec le SYRPA, s’est tenue dans les locaux d’Agridées sur la thématique “L’alimentation mondiale à l’aune des dérèglement géopolitiques et climatiques” en présence de :

  • Philippe Ducroquet, Économiste et Ingénieur, co-auteur du livre Atlas des politiques agricoles et alimentaires (pour plus d’informations sur cet ouvrage, vous pouvez vous référer à notre article)
  • Jean-Paul Charvet, Géographe, co-auteur du livre Atlas des politiques agricoles et alimentaires
  • Maximilien Rouer, Ingénieur Agronome et biologiste, auteur du livre La France Bleu Blanc Vert 3 solutions pour s’adapter au changement climatique.
  • David Djaïz, Enseignant à Sciences Po, auteur du livre La révolution obligée – Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des Etats-Unis,

 

Ces quatre auteurs ont présenté leur ouvrage et croisé leur regard sur l’alimentation et l’agriculture, tant à l’échelle nationale qu’internationale au travers d’échanges animés par Marie-Laure Hustache et Denis Le Chatelier.

 

Pour débuter ces échanges, Philippe Ducroquet et Jean-Paul Charvet ont rappelé que la nutrition s’est globalement améliorée dans le monde, en particulier en Asie, mais beaucoup moins en Afrique, où 22% de la population du continent souffre toujours de sous-nutrition. Afin de poursuivre cette amélioration, il est légitime de s’interroger sur la disponibilité des terres pour l’agriculture à l’échelle mondiale. Il existe sur le globe, plus de 200 millions de terres disponibles, ce qui constitue environ 8 fois la superficie de la France. Ces réserves de terres se trouvent principalement en Afrique et en Amérique du Sud mais sont souvent impraticables en raison de la biodiversité ou du climat. Selon les deux auteurs de l’Atlas des politiques agricoles et alimentaires, l’essentiel de l’alimentation future devra donc se faire plutôt par une augmentation de la productivité que par une augmentation des surfaces, et cela en fonction du potentiel agricole. Par exemple, la productivité par actif en France est mille fois plus élevée qu’en Afrique.

 

Pour Maximilien Rouer, l’agriculture de demain devra répondre à la fois à une croissance démographique mais également à d’autres défis comme celui de la transition écologique. Celle-ci peut être considérée comme une évolution vers un nouveau modèle économique et social ayant pour but de faire face aux différents défis environnementaux. Cette adaptation est nécessaire car le système énergétique mondial est basé, pour l’énergie primaire, à 83% sur les énergies fossiles. Concernant les adaptations agricoles aux transitions, il propose une série de solutions dont l’innovation semble être le maître mot. Pour lui, l’agriculture porte en grande partie à elle seule la transition écologique, sans acquérir davantage de moyens. Afin de protéger la société et ses fondamentaux, il est nécessaire d’équiper le monde agricole d’infrastructures permettant l’adaptation et de soutenir les projets novateurs comme l’agroforesterie ou l’ombrage photovoltaïque. En parallèle, ce sont les cycles de financement qui doivent être améliorés pour soutenir massivement ces innovations. L’auteur de « La France Bleu Blanc Vert » propose un chiffrage et un budget de ces transitions dans son livre.

 

Cette transition, ou révolution, pour reprendre le titre de l’ouvrage de David Djaïz n’est pas simplement écologique : elle est avant tout énergétique. Selon l’auteur de « La révolution obligée – Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des Etats-Unis », nous vivons une nouvelle révolution industrielle basée sur trois évolutions : un changement de régime énergétique, un système d’innovations qui permet des gains de productivité et de confort matériel et un taux d’investissement dans l’économie qui permet de financer cette révolution.

En s’appuyant sur une comparaison avec la révolution industrielle du XIXème siècle, et notamment sur les différences que nous vivons (révolution plus contrainte que choisie, conditions imprévisibles et taux de rendement sur investissement faibles), David Djaïz propose de relancer et supporter l’investissement en tenant compte de trois grands défis : le premier est de trouver une vision partagée de l’agriculture de demain qui reste actuellement très hétérogène, voire avec des visions opposées. Ensuite, il s’agira de changer le modèle économique et financier qui coûte trop au contribuable, rémunère mal les agriculteurs et ne répond pas à la transition. Il ne s’agit pas de fonctionnariser l’agriculture, mais à l’inverse de retravailler les mécanismes de création de la valeur. Pour relancer l’investissement, c’est donc toute une gouvernance qui doit être réinventée en travaillant sur la coopération et en tenant compte de la micro-économie.