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07/02/2025
La bioéconomie vue d’Italie : innovante, circulaire, diverse
L’Italie est un des pays européens les plus actifs en matière de bioéconomie[1] et a adopté sa stratégie nationale en la matière la même année que la France, en 2017.
Le pôle italien de la bioéconomie circulaire SPRING[2] publie chaque année un état des lieux de la bioéconomie en Europe. Le dernier rapport[3] est paru en 2024. Il estime que l’ensemble des activités liées à la bioéconomie a généré en 2023 une valeur de 437,5 milliards € en Italie, proche du niveau de 459.1 milliards € réalisé en France. De même, le nombre d’emplois mobilisés par la bioéconomie est estimé à 1,98 millions en Italie et 1,81 millions en France.
Les différences entre les deux pays résident dans la composition sectorielle de la bioéconomie : si l’industrie agroalimentaire représente plus des trois quarts (76,7 %) de la valeur de la production en France, elle représente à peine les deux tiers en Italie (63.2 %). Dans ce pays, la plus grande diversification de l’économie biosourcée repose notamment sur le secteur du textile et de l’habillement ainsi que des biomatériaux de la filière bois/papier. De plus, la collecte et la valorisation des biodéchets ménagers est beaucoup plus développée en Italie que dans l’Union européenne et la France en particulier.
Selon ce rapport SPRING, le dynamisme de la bioéconomie en Italie se manifeste par l’activité des jeunes entreprises innovantes (plus de 800 startups recensées dans ce domaine en 2023) et la part des entreprises de l’agroalimentaire ayant adopté des innovations-produits ou process, bien supérieure en Italie (36 %), par rapport à la moyenne européenne (23,2 %) ou française (20,4 %).
Une caractéristique intéressante de la bioéconomie italienne est également mise en avant dans l’étude SPRING : le développement récent du secteur cosmétique intégrant des composants biosourcés ou naturels. Ce segment a progressé depuis 2021 pour atteindre plus de 10 % de part de marché en 2023, ce qui fait du secteur cosmétique l’un des plus dynamiques de la bioéconomie en Italie.
Enfin, SPRING estime que, en Italie comme en France ou ailleurs en Europe, le potentiel du biosourcé dans la chimie est loin d’être atteint : il se situerait autour de 5 à 10 % actuellement, contre un potentiel de 35 à 40 %. Ces chiffres se rapprochent des 11 % de matières premières biosourcées utilisées par l’industrie chimique estimés par l’Association Chimie du Végétal (ACDV)[4].
Alors que la Commission européenne vient de publier sa « Boussole pour la compétitivité[5] » intégrant une nouvelle stratégie en matière de bioéconomie à paraître cette année, ce sujet devrait faire l’actualité européenne dans les prochains mois. C’est l’objet des travaux du groupe de travail d’Agridées « Valorisations non-alimentaires de la biomasse agricole : quelle contribution à la résilience économique des exploitations ? », qui vont prochainement aboutir à la publication d’une Note de think tank.
[1] Voir la Note d’Agridées (octobre 2018) « Bioéconomie : entreprises agricoles et société, une urgence partagée » et le rapport du CGAAER n°21041 (août 2022) « Parangonnage sur la mise en œuvre de la stratégie européenne relative à la bioéconomie ».
[2] Basé à Milan, SPRING est une association de 170 membres, parmi lesquelles de petites et grandes entreprises, des universités et des acteurs de la recherche publique opérant dans la production et la transformation de biomasse.
[3] Rapport, présentation, communiqué de presse : https://www.clusterspring.it/it/news-e-media/news/352_presentato-il-x-rapporto-sulla-bioeconomia-in-europa
[4] ACDV (2024) Les produits biosourcés, une solution pour accompagner la transition écologique.
[5] Commission européenne (29 janvier 2025) A European competitiveness compass for the UE.