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Temps de lecture : 3 min

17/11/2025

Souveraineté énergétique et décarbonation : même combat !

Alors que les équilibres géopolitiques mondiaux se redessinent, la question de la souveraineté énergétique revient sur le devant de la scène. Le dernier rapport du Shift Project, « La souveraineté par la décarbonation » le rappelle : aucune puissance ne peut prétendre à l’autonomie sans maîtriser ses sources d’énergie.

La France et l’Union européenne continuent pourtant de dépendre massivement du pétrole et du gaz, énergies fossiles importées pour l’essentiel hors du continent. Cette dépendance chronique renchérit les coûts de production, grève la compétitivité des entreprises et fragilise l’économie en l’exposant à des chocs géopolitiques récurrents. La guerre en Ukraine en a donné une démonstration brutale, pourtant malgré une baisse de 24 % de la consommation française de gaz depuis 2021, un tiers du gaz liquéfié importé provenait encore de Russie en 2024.

Derrière ces flux visibles se cache une dépendance plus insidieuse : l’énergie grise, celle utilisée à l’étranger pour fabriquer les biens et services consommés en France. Elle échappe aux statistiques mais pèse lourd dans le fonctionnement réel du pays.

 

Une nouvelle métrique pour mesurer la dépendance réelle

Pour objectiver cette vulnérabilité, le Shift Project propose un nouvel indicateur : l’exposition énergétique. Cette approche comptabilise non seulement l’énergie consommée sur le territoire français (modes de vie et activités économiques), mais aussi celle associée aux importations, aux exportations et aux chaînes de valeur mondialisées associées.

En 2022, le fonctionnement de l’économie française a mobilisé , ce qui représente cinq fois la production d’énergie nationale. Près de 70 % de cette énergie demeurent des . L’essentiel de cette énergie – environ 80 % – a été consommée en France ou en Europe, preuve qu’une décarbonation continentale pourrait renforcer la résilience commune. Enfin, le Shift Project note qu’un quart de notre exposition énergétique est importée sous forme d’énergie grise, ce qui représente davantage que l’ensemble de la production produite sur le territoire français annuellement !

Ce diagnostic souligne l’étendue de nos dépendances : la France importe trois fois plus d’énergie qu’elle n’en produit, principalement du pétrole et du gaz. Ses fournisseurs – Norvège, États-Unis, Afrique (Algérie, Angola, Libye, Nigeria), Norvège, Russie, Moyen-Orient (Arabie Saoudite et Irak) voient leurs capacités décliner ou se sur certaines grandes puissances dont la consommation continuera de croitre -au détriment de la France-, tandis que la Chine contrôle une large part des matériaux critiques indispensables à la transition énergétique.

 

Décarboner pour ne plus subir

Dans ce contexte, la décarbonation ne relève plus d’une logique morale mais d’une stratégie de souveraineté et de puissance. Sortir des combustibles fossiles, c’est retrouver la maîtrise des coûts, sécuriser les approvisionnements et garantir à l’industrie et à l’économie des perspectives stables.

Le rapport du Shift Project plaide pour une planification claire et cohérente par une série de propositions dont : électrifier les usages lorsque c’est possible, moderniser les infrastructures, soutenir à la fois le nucléaire et les renouvelables, et réduire structurellement la demande d’énergie. La consommation française pourrait être divisée par deux d’ici 2050, à condition d’assumer les choix politiques qui en découlent.

Le débat public français, souvent enfermé dans une opposition stérile (et délétère) entre énergies renouvelables et nucléaire, passe à côté de l’enjeu essentiel : la dépendance aux énergies fossiles. a souveraineté énergétique ne se décrète pas, elle s’organise dans le temps long, à travers la réindustrialisation bas-carbone et la relocalisation des chaînes de valeur.

 

Une puissance retrouvée par la transition

Pour le Shift Project, décarboner, c’est rendre à la France sa liberté d’action. C’est redonner à son économie la capacité de produire, de se chauffer et de se déplacer sans subir les caprices des marchés mondiaux. La transition bas-carbone n’est pas une contrainte imposée d’en haut, mais une chance de bâtir une économie résiliente, compétitive et souveraine.

En définitive, la question énergétique ne relève pas seulement de la transition climatique. Elle touche au cœur du pouvoir d’agir : celui de choisir son destin. Et c’est bien ce que la décarbonation promet, si elle devient enfin un projet collectif.

C’est aussi dans cet esprit, transposable à l’échelle des exploitations et des territoires, qu’Agridées va entamer prochainement un nouveau cycle de réflexion sur l’autonomie des entreprises agricoles et des territoires dès le 9 décembre 2025.