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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

10/07/2020

Mickaël POILLION

Maire d’une petite commune de moins de 100 habitants en Pas-de-Calais, Mickaël Poillion, également éleveur, a donné carte blanche au photo reporter Olivier Touron pour retranscrire en images le mode de vie des villageois. Le résultat : des portraits d’enfants, de femmes, d’hommes réunis dans un livre* de 230 pages, et  qui racontent avec bienveillance le quotidien d’un territoire et d’une communauté.

1/ Pourquoi avoir pris l’initiative de cet « objet- livre » de photographies ?

J’ai eu la chance de rencontrer à travers mon métier d’éleveur et mes engagements, Olivier Touron, un photoreporter indépendant (Géo, La Croix etc.). Lorsque j’ai vu la palette de son travail, je me suis demandé comment il pourrait m’aider à mettre en valeur le village en Pas-de-Calais dont je suis maire et notre mode de vie. Durant trois séjours d’une semaine repartie sur deux années, Olivier a pris près de 1000 clichés. Des portraits d’enfants, de femmes, d’hommes, de familles dans un studio improvisé, mais aussi des clichés de nos paysages baignés de pluie et de soleil, le quotidien des habitants d’un petit village, du plus jeune au plus âgé. Je cherche aussi à comprendre depuis longtemps ce qui amène certains ruraux à se tourner vers un parti peu soucieux de la République et des valeurs du vivre ensemble. Les élections nationales sont dans le secteur toujours un plébiscite pour des “conservateurs réactionnaires”, ce qui ne semble pas refléter la vie paisible que l’on a l’impression d’avoir. J’ai voulu rendre un peu d’estime de soi et de fierté aux ruraux à travers ce livre, par le biais de la photographie et de la sensibilité d’un pro de l’image.

2/ En quoi cet ouvrage témoigne t-il de nos territoires et de la ruralité au 21ème siècle ?

Il montre que les villages de France ne sont plus seulement habités par des paysans et qu’ils restent malgré tout rythmés par l’agriculture, les saisons et le rapport au temps. C’est parfois plus lent et plus doux de vivre au village. La période de confinement nous l’a rappelé très clairement :  nous n’avons pas été trop bousculés par rapport à un mode de vie plus urbain ou tout s’est arrêté.

La ruralité est aussi en crise et les solutions ne viendront que des gens qui habitent et qui tiennent à ce mode de vie. Réinventer l’école, favoriser les lieux de vies pluridisciplinaires, moderniser la démocratie locale parfois effacée par des formes archaïques de baronnie, remettre l’alimentation au cœur de des politiques publiques pour donner envie aux jeunes de porter des projets agri-ruraux ou  encore préserver la biodiversité pour faire de nos villages des endroits beaux et accueillants.

Nous pouvons aménager autrement notre territoire et inverser la tendance pour les gens choisissent de vivre autrement, dans des paysages plus verts et moins denses.

3/ Quelle suite voulez-vous donner à cette initiative ?

J’espère sincèrement que cela  puisse intéresser les médias et peut-être les élus. J’aimerais faire prendre comprendre conscience que les ceintures vertes de nos villages au moment du changement climatique sont essentielles et qu’il faudrait même les renforcer plus que de les détruire au rythme de la disparition de l’élevage. J’ai aussi rêvé en secret de voir JR et Agnès Varda venir nous voir et afficher sur les murs de grands portraits des habitants dans le village mais depuis elle s’en est allée…

*”Héricourt – Portrait(s) d’un village de France à l’aube du 21ème siècle”, Photographies Olivier Tournon, Edition : Commune d’Héricourt, janvier 2020, 230 pages

Quelques extraits : 

Copyright Olivier Touron

 

Copyright Olivier Touron

 

Copyright Olivier Touron
Copyright Olivier Touron

 

Copyright Olivier Touron