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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

01/06/2023

Agriculture et énergies renouvelables : la voie pour une nouvelle acceptabilité sociale ?

A l’heure des changements nécessaires, voir indispensables, à la remédiation du changement climatique ou aux adaptations à ses conséquences, l’agriculture se voit offrir une véritable opportunité d’assurer la fonction nourricière des entreprises agricoles tout en s’inscrivant dans la transition énergétique.

La puissance du parc solaire photovoltaïque ayant atteint 15,2 GW à la fin du deuxième trimestre 2022 [1], l’agrivoltaïsme pourrait participer significativement à atteindre l’objectif des 35 à 44 Gigawatts prévus à l’horizon 2028 par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la France défini sur la période 2019-2028.

L’agriculture est également un acteur important pour atteindre les 14 à 22 Térawatt-heures[2] de biogaz qui devraient être injectés dans les réseaux de gaz à l’horizon 2028.

Cependant cette synergie semble pouvoir être contrariée par une contestation sociale de plus en plus fréquente des installations et pratiques agricoles.

L’actualité des relations entre l’agriculture et la société pourrait laisser penser que les tensions vont continuer à s’accroître, notamment dans le contexte des contraintes environnementales qui n’ont jamais été aussi fortes. Qu’elles soient directement impactantes, comme la disponibilité de la ressource en eau, ou qu’elles exercent une pression sur l’agriculture via la règlementation, les contraintes environnementales expriment également des attentes de la société.

Il n’est donc pas surprenant que l’un des freins au développement des énergies renouvelables en lien avec l’agriculture soit l’acceptabilité sociale, ou plus exactement leur non-acceptation locale. Si 87% des français jugent utile de renforcer le développement des énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique [3], ce qui traduit une acceptabilité sociale, il n’en est pas de même quand des projets se concrétisent sur un territoire.

Les contestations concernent autant des projets de méthanisation que des projets agrivoltaïques. Les arguments portent sur les questions environnementales, les sujets du cadre de vie, comme la modification du paysage ou l’intensification des transports de matières agricoles, mais également des questions moins liées à la réaction du Nimby (not in my back yard – pas dans mon jardin) comme l’enjeux de la préservation de notre capacité nourricière. Ils traduisent bien souvent des inquiétudes des personnes directement concernées par les projets proposés à leur territoire, même s’il ne faut pas oublier que ces arguments peuvent être consciemment mobilisés par des citoyens en opposition au modèle agricole actuel.

Afin de faire évoluer ces perceptions négatives, et de tenir compte de ce nouvel obstacle à franchir pour les agriculteurs qui se lancent dans un projet ENR, il existe une nouvelle approche qui consiste à réfléchir son projet énergétique non seulement comme une sécurisation financière de l’exploitation agricole, mais comme un pivot pour rapprocher développement agricole et protection de notre environnement commun.

En témoignent les nombreux retours terrain d’agriculteurs enthousiastes à l’idée de pouvoir faire évoluer leurs pratiques agricoles en s’appuyant sur la production d’énergie renouvelable : passage au zéro labour, possibilité d’alterner plus facilement cultures céréalières et prairies ou d’élargir significativement les bandes enherbées.

Mais au-delà de ces premières étapes d’ajustement des pratiques agricoles pour tendre vers une réduction des impacts environnementaux, l’utilisation des énergies renouvelables comme un véritable outil de production agricole devrait permettre non seulement une contribution significative à la transition énergétique mais également à la transition écologique.

L’agrivoltaïsme par exemple autorise, via l’ombre apportée par les ombrières, une réduction des conséquences de certains aléas climatiques comme la grêle ou la sécheresse, et crée ainsi des conditions de sécurisation des cultures qui devraient permettre notamment une réduction significative des intrants.

Au-delà d’une simple activité de diversification des exploitations agricoles, l’intégration de la production d’énergies renouvelable au centre du système de production représente probablement le choix d’un virage contrôlé d’une agriculture qui tout en continuant sa mission de fonction nourricière pourrait assumer une participation active et significative à la transition écologique.

 


[1] https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/tableau-de-bord-solaire-photovoltaique-deuxieme-trimestre-2022-0

[2] 1 terawatt-heure = 1 milliard de KW-heure

[3] Sondage IFOP d’octobre 2021 « les français et les énergies renouvelables