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Points de vue

Temps de lecture : 5 min

18/12/2020

2030 commence maintenant !

Alors que nous entrons de plain-pied dans une nouvelle décennie, nombreuses sont les politiques, qu’elles soient nationales, européennes, ou internationales[1] à s’être fixées l’année 2030 comme point d’étape ou d’arrivée avec des objectifs élévés.

Tel est notamment le cas de la politique climatique et de la future « Loi Climat ». A l’occasion du Conseil européen des 10 et 11 décembre derniers, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de fixer l’objectif de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990, afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ils ont ainsi durci sensiblement le précédent objectif qui avait été fixé à 40 % de réduction. Concrètement, il convient dès à présent de doubler annuellement les efforts de réduction réalisés sur la période 2005-2019.

A cet objectif ambitieux qui impactera tous les secteurs économiques, le secteur agricole s’est vu  proposer en mai dernier d’autres buts à atteindre pour 2030 à travers les stratégies européennes « De la ferme à la table » et « Biodiversité », deux des onze composantes du Pacte vert permettant d’assurer la durabilité de nos systèmes agricoles et alimentaires. Ainsi pour la fin de cette décennie, il faudrait avoir réduit de 50 % l’utilisation des pesticides, d’au moins 20 % l’utilisation d’engrais, de 50 % les ventes d’antimicrobiens utilisés pour les animaux d’élevage et l’aquaculture. 25 % des terres agricoles de l’UE devraient être en agriculture biologique. Si nous ne prenons que ce dernier objectif, en 2019 la surface agricole française en bio était de 8,5 %. Il faudrait donc dans la décennie qui s’ouvre tripler les surfaces jusqu’à présent converties à ce mode de production !

La question n’est pas ici de critiquer la pertinence de ces objectifs mais de s’interroger sur la capacité des acteurs à les atteindre avec les moyens dont ils disposent aujourd’hui. Face à un certain nombre d’injonctions contradictoires reçues par les agriculteurs, l’observateur peine à trouver de la cohérence entre la fin et les moyens. C’est pourtant de cette cohérence dont dépend le succès des politiques mises en place.

Les trajectoires climatiques ou environnementales sont à présent perçues comme très ambitieuses. Pour autant 2021-2030 ne peut être la décennie du renoncement ou de l’atermoiement. Elle sera donc celle de l’action collective pour que l’ensemble de nos entreprises agricoles deviennent durables.

Certes, il existe un risque que les marches soient si difficiles à gravir qu’au final le sommet ne soit jamais atteint, que la montée se fasse à marche forcée ou que l’on décide tout simplement de rebrousser chemin. Ces scénarios ne seront évités que si l’ensemble des acteurs économiques transforment les contraintes imposées en opportunités.

Réseau multi-acteurs, lieu d’échanges, d’analyses et de réflexions, agridées entend prendre toute sa part dans l’accompagnement des chefs d’entreprise agricole et des décideurs de nos secteurs pour trouver les solutions qui seront nécessairement combinatoires, leur permettant de réaliser, chaque jour, les petits pas qui les mèneront aux cimes de 2030.

[1] Citons l’Agenda 2030, dans le cadre duquel les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015 par les  États membres de l’Organisation des Nations Unies doivent être atteints en 2030.