3 questions à
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04/09/2020
Freddy Thiburce, Co-fondateur de la plateforme “Manger du Sens”
Le parcours de Freddy Thiburce souligne son expertise en marketing culinaire, intelligence collective, management de l’innovation et gestion de projets innovants pour les « filières du manger ».Co-fondateur avec Vincent Houdou, dirigeant de Gulfstream Group, de la “plateforme de transition alimentaire ” Manger du sens lancée ce jeudi 3 septembre 2020, il nous explique la démarche.
1/ Pouvez-vous nous présenter « Manger du sens » et ses objectifs ?
Manger du sens est tout à la fois un réseau social et une plateforme collaborative de transition alimentaire. C’est un projet longuement réfléchi en phase avec les enjeux de notre époque pour préserver les ressources naturelles et les populations. Il y a urgence à donner du sens à une alimentation engagée pour les générations futures. Sa raison d’être est d’aider les filières alimentaires et les territoires à faire de mieux en mieux pour innover, se transformer voire se réinventer.
La complexité des défis environnementaux, digitaux, sociétaux exigent de nouvelles manières de faire, de nouvelles méthodes, plus collaboratives, agiles et ouvertes. Pour les marques ou les organisations, il ne convient plus de vendre des produits mais de rendre véritablement service aux clients. Cela ne peut donc se faire sans leur engagement. C’est logique mais seule une minorité d’acteurs à intégrer cette nouvelle donne.
2/ En quoi votre démarche est originale pour s’adresser aux acteurs de nos secteurs parmi la multitude d’initiatives et de réseaux existants ?
Nous avons une des alimentations les plus sûres au monde mais 72% des français n’ont pas confiance dans leur alimentation quotidienne (82% pour les 25/34 ans). 76% des français reconnaissent que les marques innovent, mais cette innovation ne correspond pas à leurs besoins. 1 produit sur 2 mis en marché aujourd’hui, ne sera plus en marché dans moins de 6 mois. Chercher l’erreur ! Je pourrais continuer ainsi pendant un petit moment. Alors oui, vous avez raison. Il y a une multitude d’initiatives positives et inspirantes. Notre particularité avec Manger du sens, c’est de faire le pari de l’Intelligence collective et créative, de la transformation digitale et du développement durable avec une solution inédite qui vise à accompagner tous types de marques – commerciales, collectives, de distributeurs, de territoires – dans la mobilisation de son écosystème et de ses parties prenantes. Ceci afin de déployer des appels à projets participatifs : parcours d’innovation, intrapreneuriat, challenges interne, concours startups, défis culinaires écoresponsables, etc. Le 1er défi proposé pose une question simple : « Etes-vous vraiment un consommateur responsable ? ».
3/ Agridées a publié en 2015 une Note sur le Bien manger, incitant au retour de la culture alimentaire dans les écoles, et à la création d’un « chèque bien-manger » pour mieux accéder aux produits alimentaires locaux et de qualité. Quels sont selon vous les priorités aujourd’hui, notamment avec la période de crise sanitaire traversée, en matière d’alimentation ?
Agridées est souvent en avance de phase en matière d’idées. Ce dont j’ai le sentiment à propos du bien-manger, c’est qu’il nous faut changer d’échelle, de cadence et d’ambition. Ce n’est pas à moi d’en édicter seul les priorités à extraire autour des 4 grandes influences entre l’expérience connectée « je veux tout, tout de suite », la quête de sens responsable « je sauve la nature et l’humanité », le bien-être et la santé « je prends soin de moi et des miens » et l’engagement territorial « je privilégie le local et l’éthique ». Ces aspirations sont réelles mais selon que vous finissiez votre mois « à plus ou moins 10 € près », que vous vous posez la question de savoir quand « vous aurez votre réservation chez Mosuke pour découvrir la cuisine de Mory Sacko » ou bien que vous recherchiez « à évaluer le microbiote de votre petite dernière de 4 ans pour faire face à ses allergies alimentaires », vous n’aurez pas les mêmes attentes du bien manger. Les priorités sont donc à la personnalisation. Celle-ci implique notamment de l’utilisation de Data et des pratiques de co-création. Ce sont des nouveaux piliers des stratégies d’innovation et d’influence dans le Food et des clés de réussite pour la FoodTech.