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02/06/2022

Atmosphère, atmosphère…Inflation d’inflations

L’inflation, et en corollaire la problématique du pouvoir d’achat, sont au sommet des agendas politiques et économiques en France, en Europe, et en fait dans le monde entier.

La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, avec toutes ses conséquences sur les coûts de l’énergie, des intrants et des produits agricoles, en constitue un motif absolument majeur mais elle n’en porte pas seule l’entière responsabilité. Les deux années de COVID ont aussi mis à mal l’organisation et la logistique des flux mondiaux en dévoilant nos dépendances et en créant des tensions, voire des ruptures. Enfin, l’exposition de marchés agricoles parfois tendus aux aléas climatiques, avec une sensibilité connue en termes de prix, participe à ces déséquilibres qui génèrent angoisse, inflation et modification des comportements.

Selon l’INSEE, l’inflation en France sur un an a atteint 5,2% en mai. Ce pourrait être 5,4% en juin. Il faut remonter à 1985 pour retrouver un tel niveau. La composante énergie, quoique en partie plafonnée en France par des « boucliers tarifaires », en porte la responsabilité principale. L’analyse de la situation de l’agriculture et de la chaîne alimentaire (qui intègrent une part d’énergie) mérite également attention à un moment où les négociations EGALIM, les conditions de la souveraineté alimentaire, la configuration d’un futur chèque alimentaire sont au cœur des débats.

Pour les produits agricoles, sur un an, d’avril 2021 à avril 2022, l’INSEE indique que l’indice des prix des produits agricoles à la production (IPPAP) croît de 30,8%. Ce chiffre global est supérieur à la hausse connue en 2008. Sans surprise on y retrouve les oléagineux à +96,4%, les céréales 75,5%, les gros bovins 32,2%, le lait de vache 19,9%, le porc 17,8%, les volailles 11%…et les fruits et légumes frais à -0,8%. L’indice IPAMPA sur les coûts de production indique quant à lui une hausse annuelle en avril de 24,1%, dont 108,6% pour les engrais et amendements, 49,8% pour l’énergie, mais seulement 2% pour les produits de protection des cultures.

Pour les produits industriels, sur la même période, l’INSEE indique que l’indice des prix de production de l’industrie française (« sortie usine ») croît de 25%. Plus spécifiquement les produits alimentaires, boissons et tabac augmentent de 13,4% en rythme annuel avec une accélération en cours sur les derniers mois.

Pour les produits alimentaires enfin, sur un an, les prix progressent en mai selon l’INSEE de 4,2%, avec une tendance haussière. A ce sujet il ne faut pas oublier que nous sortons à peine d’une décennie déflationniste sur les prix alimentaires. Néanmoins la hausse est désormais très claire depuis un an, pour des raisons très variées, principalement sur les viandes surgelées, les pâtes, les huiles, les légumes en conserve, le beurre ou les œufs.

En conséquence les consommateurs ont déjà commencé à réduire leur consommation sur les surgelés, l’alcool, les produits frais notamment laitiers. Ils continuent néanmoins de stocker pâtes et huiles. Et ils arbitrent leurs achats au bénéfice des MDD et des premiers prix.

Il ne fait guère de doute que la hausse des prix alimentaires va se poursuivre au moins jusqu’à l’été au vu des prix agricoles et industriels. Les consommateurs vont de plus en plus calculer, en volume ou en prix. Les produits vus comme les plus « chers » tels les produits bio ou les produits frais souffrent. Ce changement d’atmosphère rebat les cartes entre produits, et dans la concurrence des stratégies d’offre. Il laisse néanmoins toute sa place à l’esprit d’innovation et à la capacité de création de valeur.