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09/10/2025

ÉLARGISSEMENT de l’Union européenne : les Balkans, c’est pour quand ?

2025 Carte pays adhérents à l'UE-Loupe balkans-Agridées/JC. Guérin

L’Union européenne prépare un nouvel élargissement, ce sera le huitième de son histoire. Quand l’Ukraine et la Moldavie font souvent la une des actualités, les 6 pays des « Balkans occidentaux » paraissent négligés pour ne pas dire oubliés. Et pourtant leur candidature propose d’approcher l’objectif du projet européen dans sa dynamique post seconde guerre mondiale : la réunification d’un continent européen longtemps divisé, pour ceux qui la désirent. Les enjeux de cette adhésion sont fondamentalement géopolitiques et institutionnels, les écueils aussi.

Carte des Balkans -Agridées-JC.Guérin
Carte des Balkans – Source Toute l’Europe

 

Dans un sens topographique, les Balkans représentent la partie sud-est du continent européen. En leur sein, par convention actuelle, les pays des Balkans de l’ouest dans un sens réduit, comprennent cinq pays émanant d’une partie de l’ex-Yougoslavie : la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Monténégro, le Kosovo et la Serbie, plus un sixième avec une autre histoire, l’Albanie. Ces pays ont tous connu un passé mouvementé et souvent dramatique : depuis la fin du XIXe siècle en passant par les deux guerres mondiales du XXe siècle et les difficiles années qui ont suivi, pour arriver à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et ses tragédies. Le mot peu flatteur de « balkanisation » en fut issu. Des pays tels que le Monténégro et le Kosovo ont actuellement à peine plus de quinze années d’existence, le Kosovo n’est pas reconnu par toute la communauté internationale.

Que recherchent ces Etats avec l’adhésion à l’UE ? Une reconnaissance de l’ancrage démocratique et une stabilisation institutionnelle avec la progression de l’état de droit, un franc soutien économique et financier, une appartenance européenne démontrée par la libre circulation des personnes et des produits.

Que souhaite l’Union ? Rassembler les pays européens et parachever le grand marché intérieur.

Il est vrai que les premières années qui ont suivi les dépôts de candidature ont été mollement traversées. L’Europe était fatiguée de son précédent élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale (alors appelés les « PECO »), et les avancées des candidats des Balkans s’avéraient lentes face aux exigences préalables à toute adhésion : État de droit et respect de valeurs partagées, économie de marché viable et concurrentielle, capacité d’appliquer l’acquis communautaire.

Cerise sur le gâteau, les 6 Etats ne représentent pas un collectif soudé, au contraire même. Dans leurs relations, les braises historiques ne couvent pas toujours sous les cendres, elles rougeoient encore visiblement. Elles peuvent être également présentes dans les relations de voisinage avec des Etats-membres (Macédoine du Nord / Bulgarie par exemple). La géopolitique, avec la nécessité de relations apaisées entre ces pays, impose une grille de lecture complémentaire pour décider des progrès des négociations d’adhésion.

Sagement, l’Europe a d’ailleurs décidé que les adhésions seront in fine validées selon le « mérite » des candidats. L’analyse géopolitique a néanmoins pris une autre envergure depuis l’agression russe contre l’Ukraine. Les relations entre ces pays et la Russie deviennent un autre enjeu en soi, c’est principalement le cas des liens entre la Serbie et la Russie affichés par exemple lors des votes dans les instances internationales. La position géopolitique des pays des Balkans devient un sujet majeur car l’adhésion à l’UE ne relève plus simplement de choix économiques, mais aussi de choix stratégiques en matière de politique étrangère et de sécurité commune. Or l’UE a intérêt à développer son influence dans les circonstances actuelles.

L’élargissement pose également des questions institutionnelles à l’Europe. De nombreux sujets essentiels sont encore décidés actuellement à l’unanimité des membres. Plus les pays autour de la table seront nombreux, plus les décisions seront difficiles à prendre, plus l’unanimité pourrait être utilisé comme un droit de véto par tout pays récalcitrant. Les institutions communautaires marchent sur des œufs et y réfléchissent…

Et l’économie ? En règle générale les pays postulants ont déjà signé un accord d’association avec l’Europe, avec une orientation de libre-échange, le commerce extérieur entre les deux zones étant favorable à l’UE. Ils bénéficient de la part de l’Union de fonds importants avec un Instrument d’Aide de Pré-adhésion et un plan économique d’investissement. Globalement le PIB cumulé des 6 pays des Balkans représente 1 % du PIB de l’UE. En matière agricole, leur surface agricole utile atteint 5,5 % de la surface européenne, avec un schéma général de petites exploitations, seule la Serbie sortant vraiment du lot en volumes de production.

En conclusion trop rapide, l’adhésion de ces pays, le moment venu, pourrait être organisée d’une façon analogue à celle des PECO en 2004 et 2007, avec mise à jour. A condition que les sujets géopolitiques soient traités.

Dans quel calendrier ? Si l’Europe maintient sa rigueur d’adhésion au mérite, les pays n’adhéreront pas dans un calendrier identique. Le Monténégro et l’Albanie, par exemple, aimeraient probablement des négociations finales à échéance de 2028 avec une entrée en 2030. Nul n’est devin.

A défaut d’activité divinatoire, et c’est de bon augure, Agridées éditera une nouvelle note de think tank à la fin octobre 2025 intitulée « Elargissement de l’Union européenne, équation institutionnelle et inconnues agricoles ». Une conférence y sera consacrée dans nos locaux le 26 novembre 2025, venez nombreux !