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Temps de lecture : 3 min

13/01/2023

Impacts d’une unité méthanisation sur la résilience des exploitations agricoles

L’association France Gaz Renouvelables[1], a publié en décembre 2022 une étude sur les impacts de la mise en œuvre d’une unité de méthanisation sur la résilience des exploitations agricoles. Cette étude a été réalisée par le cabinet d’expertise-conseil en agro-environnement Agrosolutions en vue d’objectiver la diversité et la valeur des services rendus par la méthanisation. Un groupe de travail dédié a été mis en place en septembre 2021, composé d’acteurs du monde de l’énergie comme l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France (AAMF), l’Association Technique Energie Environnement (ATEE), GRDF,  l’Association d’Initiative Locale pour l’Energie et l’Environnement (AILE) et du monde agricole (l’AGPM (producteurs de maïs), la FNSEA, les Chambres d’Agriculture, La Coopération Agricole et des coopératives comme Valfrance, la SCARA, Dijon Céréales, Ovalie Innovation, etc.)

Tout d’abord, la notion de résilience a été définie de façon consensuelle par le groupe de travail comme « la capacité à résister et à s’adapter aux aléas et aux chocs pour assurer la pérennité de l’exploitation agricole, grâce à des facteurs économiques, environnementaux, agronomiques et sociaux ». Comme toute entreprise, une exploitation agricole peut être exposée à différents risques de différentes natures : risques sur les prix, sur les productions et facteurs de production, risques institutionnels, humains ou encore financiers.

 

Méthodologie de l’étude

 

L’étude a porté plus particulièrement sur les risques qui pèsent sur l’exploitation agricole en tant que telle et non sur l’unité de méthanisation. L’objectif étant de voir en quoi l’unité de méthanisation permet de renforcer la résilience de l’exploitation agricole ; l’unité de méthanisation étant portée le plus souvent par une société ad hoc. En termes de méthode, une analyse de la bibliographie a été réalisée au préalable, afin de définir une série d’indicateurs visant à évaluer la résilience des exploitations agricoles tout au long de l’étude. Ces indicateurs ont ensuite été objectivés par des retours terrain, via une enquête qualitative menée auprès de 55 exploitations agricoles disposant d’une unité de méthanisation (en cogénération ou en injection directe), afin d’évaluer l’évolution des pratiques avant et après la mise en place du méthaniseur. Enfin, une modélisation d’un stress économique appliqué à des systèmes agricoles avec et sans méthaniseur a été réalisée avec l’outil PerfAgroP3®, afin d’appréhender pleinement la résilience d’une exploitation en analysant les réponses à ce stress. Deux systèmes de production ont été comparés : un système de polyculture avec et sans unité de méthanisation en injection et un système en polyculture-élevage avec et sans unité de cogénération. Différentes tailles d’ateliers ont également été testées (SAU, cheptel, taille du méthaniseur) afin d’approcher la diversité des modèles existants en France. Après intégration de ces différentes caractéristiques physiques de l’exploitation, un stress économique (de type impacts de la guerre en Ukraine) a été simulé pour mettre en évidence les facteurs de résilience, les facteurs de vulnérabilité, les caractéristiques pouvant réduire la vulnérabilité et les variations des indicateurs de résilience observées suite au stress.

L’installation d’une unité de méthanisation sur une exploitation agricole entraîne des changements de pratiques et d’organisation sur l’exploitation, qui peuvent avoir un rôle dans la capacité de résilience de l’exploitation, lorsqu’ils permettent de limiter ou d’accentuer les risques auxquels est soumise une exploitation agricole. Ces changements induits par la méthanisation peuvent porter sur différents aspects, notamment :

  • Pratiques de fertilisation : amélioration de l’autonomie azotée de l’exploitation grâce à la production de digestat, un engrais organique issu du processus de méthanisation qui permet de réduire la dépendance à l’azote minéral ;
  • Gestion de l’assolement: diversification des productions végétales notamment par l’introduction de CIVE (Cultures Intermédiaires à Valorisation Energétique) dans le nouvel assolement ;
  • Production d’énergie qui constitue un nouveau débouché pour l’exploitation qui produit une énergie locale et renouvelable à partir de biomasse agricole ;
  • Diversification des sources de revenus pour l’exploitation avec la vente du biogaz produit ;
  • Organisation et charges de travail nouvelles, notamment liées à l’emploi de nouveaux salariés.

 

Synthèse des résultats :

En termes de résultats, l’étude a mis en avant que face à un stress économique extrême, les exploitations agricoles disposant d’une unité de méthanisation montrent une meilleure absorption du choc économique et une capacité à maintenir un bilan énergétique stable. Par ailleurs, l’étude montre que cette résilience est associée au fait que la méthanisation offre un plus grand nombre de stratégies d’adaptation au stress. Cette flexibilité vient du fait que :

  • la méthanisation est une voie de valorisation supplémentaire des ressources, notamment des surfaces agricoles disponibles ou des coproduits extérieurs, qui peut compenser d’autres voies de valorisation (cultures, élevage) lorsque ces dernières sont moins rémunératrices ;
  • dans le contexte actuel de tarif de rachat du biogaz et de l’électricité, les produits générés par la vente de l’énergie permettent de bien amortir l’augmentation du tarif des intrants des cultures ;
  • la méthanisation offre un engrais, le digestat, qui permet de s’affranchir partiellement de la variation du prix des engrais.

 

Cette étude a été conduite à l’échelle de l’exploitation agricole. Or la méthanisation s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire et d’ancrage local, l’analyse des impacts de la méthanisation pourrait être élargie à la résilience des territoires dans la continuité des travaux initiés dans le cadre de cette étude.

 


[1] Fondée en juin 2018, l’association a pour objectif de rassembler les initiatives liées au gaz renouvelable et permettre la création d’un écosystème au sein duquel le monde agricole et le monde de l’énergie sont au service de la transition des territoires. Autour d’un centre de gravité agricole (FNSEA, AAMF et APCA), l’association regroupe des représentants majeurs des infrastructures gazières (GRDF, GRT gaz), les Territoires (FNCCR), les think tank (France Biométhane) et la filière technique (ATEE Club Biogaz).