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Temps de lecture : 4 min

10/08/2023

L’agriculture doit s’engager dans l’agenda international intégrant One Health et Climat

Le monde semble enfin se remettre de la pandémie de Covid-19 et en tirer des leçons pour mieux gérer la santé humaine, notamment en prenant davantage en considération les liens entre santé environnementale et santé des personnes en matière de prévention.  

Ainsi, le mois de juillet 2023 a été marqué par trois rendez-vous scientifiques internationaux consacrés à l’approche intégrée « Une seule santé » (One Health) et à la santé planétaire (« Planetary Health »)1, qui se sont tenus entre le 5 et le 7 juillet en parallèle : le Forum « One Sustainable Health for all », organisé par la Fondation Une santé Durable pour Tous à Lyon, la 7e conférence ministérielle sur la santé et l’environnement organisée par l’OMS à Budapest et le premier congrès sur la santé planétaire (Planetary Health congress) à Amsterdam à l’initiative de l’Université Vrije. 

Dans les trois événements, de nombreux experts (scientifiques, industriels, société civile) et politiques ont présenté leurs approches des relations entre santé humaine et santé environnementale, en particulier avec le changement climatique, et formulé des propositions pour une meilleure santé des personnes. 

Lors de la conférence de l’OMS à Budapest, les pays européens, dont la France, ont signé la Déclaration de Budapest, qui donne priorité à « une action urgente et de grande envergure face aux défis sanitaires liés au changement climatique, à la pollution environnementale, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols, parallèlement au relèvement post-COVID-19 et dans le contexte de celui-ci ». Ces pays se sont engagés à « accélérer la transition vers des sociétés résilientes, équitables, durables et en bonne santé, en tenant compte des enseignements tirés de la pandémie de COVID-19. Ils cherchent à intensifier les efforts de prévention, de préparation et de détection des situations d’urgence ainsi que les interventions pour y faire face, en protégeant les populations particulièrement vulnérables. Ces actions visent à renforcer la résilience des systèmes de santé et leur capacité à résister et à répondre aux catastrophes et aux crises ». 

Le Forum de Lyon a mis en avant les membres et les réflexions de la Fondation « Une santé durable pour tous » crée en septembre 2020 à Lyon en réaction à la pandémie de Covid-19. Les travaux se sont concentrés sur la santé humaine et environnementale avec une vision internationale, et en particulier sur les pays en développement, avec des partenaires tels que l’Institut Pasteur, l’Institut Mérieux, l’Agence française pour le développement (AFD), l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ou encore les fondations Sanofi et Veolia. 

Sur la base de six groupes de travail, le Forum a abouti à trois grandes propositions : 

  • Connaissances : intégrer l’approche One Health dans l’éducation des enfants ainsi que dans la formation des professionnels de santé en intégrant les savoirs locaux ; 
  • Financement : éliminer les mécanismes d’aides publiques à impacts négatifs sur les santés humaine, animale et environnementale et taxer les activités à impacts négatifs afin de réorienter les marchés. Par exemple les soutiens publics aux énergies fossiles (fortement émettrices de gaz à effet de serre), et à la production de plantes sucrières – betteraves et canne à sucre – (lien entre diabète et surconsommation de sucre). 
  • Données : développer un plaidoyer en faveur de « Une seule santé durable » sur la base de données tangibles et mettre en place des systèmes de surveillance sanitaire intégrée de l’exposition aux risques (pathogènes, produits chimiques, physiques et autres). 

Les contributions de l’agriculture et de l’alimentation ont malheureusement été bien maigres dans ces échanges de haut vol. Il est bien regrettable que le seul exemple alimentaire cité dans les propositions finales du Forum, le sucre, le soit pour être mis à l’index. Les contributions de l’agriculture durable et des systèmes alimentaires durables sont pourtant essentiels à la bonne santé des humains, des animaux et de l’environnement (sols, plantes, écosystèmes). En voici quelques-unes : 

  • Santé des écosystèmes, des sols, eau et biodiversité avec le développement de l’agroécologie, l’agriculture de conservation et de l’agriculture régénératrice ;  
  • Santé de l’environnement avec l’agriculture bas carbone moins émettrice de gaz à effet de serre et stockant du carbone biogénique dans les sols ;  
  • Santé animale et environnementale avec la moindre consommation d’antibiotiques en élevage grâce à la mise en place du programme Ecoantibio ;  
  • Bien-être animal et humain avec la mise en œuvre de bonnes pratiques d’élevage ; 
  • Santé des plantes et biodiversité avec le développement de l’agriculture de précision en complétant les actions des produits phytosanitaires issus de la chimie de synthèse par des biosolutions, des outils numériques d’aide à la décision et la sélection génétique ;  
  • Santé humaine en assurant la sécurité sanitaire des aliments et en développant la part de l’alimentation locale et sous signe de qualité dans la restauration collective ;  
  • Santé environnementale avec les actions de l’industrie agroalimentaire vers la neutralité carbone et la production d’énergies renouvelables par le monde agricole pour contribuer à décarboner le secteur de l’énergie ; 
  • Santé économique et dynamique territoriale, contribuant au bien-être et à la santé de ses habitants…  

C’est l’objet du groupe de travail d’Agridées « One Health : quels rôles pour les agriculteurs et les territoires ? » qui produira une Note de think tank dans les prochains mois positionnant nos secteurs comme des acteurs essentiels de la Santé Unique.  

La 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l’ONU (COP28), qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre prochain, accueillera pour la première fois une session dédiée à la santé-environnement, et comprendra également une session sur l’alimentation, l’agriculture et l’eau. Espérons que les participants à ces deux journées thématiques sauront, selon les principes « One Health », casser les silos et interagir…