Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Articles

Temps de lecture : 4 min

20/04/2023

Les valses de l’étiquetage

Bien sûr nous vivons en ce moment une préoccupante valse des étiquettes sur les produits alimentaires. Si l’inflation générale sur 1 an en France, en mars 2023, s’élève à 5,7 %, elle atteint un pic de 15,9 % quant à l’alimentation. De ce fait cela engendre des arbitrages de la part des consommateurs, de nouvelles politiques de différenciation de la part des distributeurs et des baisses de volumes consommés. Le prix plus que jamais constitue l’élément directeur du choix.

Ce contexte inflationniste participe à l’évolution du regard des consommateurs, qui est également troublé par le très grand nombre de labels et de signes de qualité affichés sur les produits. Le label Bio est un exemple des victimes actuelles de ce mix inflation/dilution qui rebat les cartes en re-hiérarchisant par simplification les centres d’intérêt des Français : prix, origine, qualité (Label Rouge par exemple) et nutrition (Nutri-Score). On peut se référer à cet égard à l’étude de l’OBSOCO pour l’Agence BIO « Baromètre des produits biologiques en France, 2023, consommation et perception ».

 

Le sujet de l’étiquetage au sens large constitue un vaste ensemble intégrant des éléments réglementaires essentiels pour l’information des consommateurs (dénomination des produits, poids, usage…) ainsi que leur protection en matière de santé publique telles la liste des ingrédients et des additifs ou la date de consommation… A ce socle minimal s’ajoutent des informations, en support obligatoire ou volontaire, qui répondent à d’autres questions que la seule sécurité de la consommation au sens strict tout en étant liées. Il en va ainsi de l’origine, du mode de production et/ou de transformation, de la sémantique culturelle ou marketing définissant le produit (viande par exemple). Bien entendu, les entreprises communiquent et s’engagent par ailleurs avec leurs marques.

 

Néanmoins, l’étiquetage alimentaire, en tant que vecteur de politiques publiques, cherche à sortir des raisonnements en silos ou à s’affranchir des intérêts particuliers, soit en renforçant ses leviers (étiquetage nutritionnel face au fléau de l’obésité et du surpoids en matière de santé publique), soit en exprimant la transversalité et les connexions des enjeux de développement durable qui rend le consommateur acteur (étiquetage environnemental).

 

En ce qui concerne l’étiquetage nutritionnel, la Commission européenne, dans le cadre de sa stratégie de la Ferme à la Fourchette, étudie un projet qui serait harmonisé et à terme obligatoire. Le Centre Commun de Recherche de la Commission européenne a notamment publié une étude en 2022 pour un étiquetage « sur la face avant des emballages ». A vrai dire les États membres sont très divisés, l’Italie et la majorité de l’Europe de l’Est menant la fronde contre un système « traffic lights », autrement dit de type Nutri-Score. Dans l’attente, la France en 2017 et quelques autres pays européens ont mis en place de manière non obligatoire un affichage Nutri-Score sur les produits transformés. Cependant UFC-Que Choisir, qui s’impatiente de ces lenteurs, vient le 12 avril 2023 d’émettre une étude intitulée «L’efficacité du Nutri-Score à améliorer les recettes bridée par son application volontaire ».

 

Pour ce qui ressort de l’étiquetage environnemental, prévu en France pour expérimentation avant la fin de l’année par les lois AGEC de 2020 puis Climat et Résilience de 2021, le débat fait rage entre l’Eco-Score et le Planet-Score, tous deux partant des ACV (Analyse des Cycles de Vie) mais avec des compléments et correctifs différents. Il reste à espérer une forme de rapprochement.

 

Au-delà des valses-hésitations des pouvoirs publics, liées pour partie aux impacts économiques sur les filières et pour partie à la difficulté des choix scientifiques, il faut constater que l’étiquetage comme levier des politiques publiques a un bel avenir devant lui afin d’orienter offre et demande, à mi-chemin entre simple information et taxation/interdiction.

 

Le 23 mai matin, au 8 rue d’Athènes à Paris, une conférence commune Euralia/Agridées a abordé tous ces thèmes, voir le replay!