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Temps de lecture : 4 min

19/08/2021

L’urgence scientifique

Le dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) rendu public le 9 août[1] fait état d’un réchauffement accéléré qui dépassera les 2°C au cours des prochaines décennies. Pour la première fois, ce 6ème rapport offre une évaluation régionale du changement climatique et des perspectives de phénomènes extrêmes qui concernent toutes les régions du monde sans exception. En rappelant le caractère incontestable de l’incidence des activités humaines sur le climat, les auteurs qui participent au groupe de travail[2] lancent un nouveau cri d’alarme quant à l’urgence de limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et, en particulier, du dioxyde de carbone (CO2), tout en mentionnant que les autres GES et divers polluants atmosphériques affectent aussi le climat.

Il est certain que cette nouvelle alerte sera au centre des travaux de la COP 26 qui va se tenir à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021. Cette instance est l’émanation de la Conférence-cadre des Nations Unies pour le changement climatique (CCNUCC) dont la Secrétaire exécutive, Patricia Espinosa, déclarait le 26 juillet dernier « la nécessité urgente d’agir pour y faire face » en s’inquiétant que le monde se dirige vers une hausse de 3°C vers la fin du siècle, alors que des décisions prises cette année permettraient de limiter le réchauffement à 1,5°C au-dessus des températures de l’ère préindustrielle (1850-1900).

La COP (Conférence des parties/Conference of parties), qui a lieu chaque année depuis 1995, a donné lieu à des conclusions importantes telles que le Protocole de Kyoto de 1997 signé par 184 États, ou encore les Accords de Paris, conclus à l’issue de la COP 21, dont l’objectif engage les signataires à limiter le réchauffement à un niveau inférieur à 2°C, de préférence à 1,5°C. Cet évènement annuel réunit les représentants des États membres des Nations Unies, mais également toutes les institutions et ONG parties prenantes des questions climatiques. Ce vaste forum donne lieu à des conférences, des prises de parole, des débats et des expositions. Au fur et à mesure de la progression des travaux du GIEC, la mobilisation se fait plus forte sur les objectifs de limitation du réchauffement qui recueille un large consensus.

Mais les obstacles surgissent dès lors qu’il s’agit des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.

Le premier écueil résulte du caractère national des engagements des États signataires : chaque État est libre de décider des actions appropriées, sans se soucier de la cohérence de ses politiques avec l’intérêt général au niveau planétaire. Il en est ainsi des stratégies agricoles du Pacte Vert de l’Union Européenne[3] qui ne tiennent pas compte de leurs conséquences dommageables pour la sécurité alimentaire mondiale, en transférant au passage à d’autres régions du monde la nécessité d’y suppléer avec les émissions de GES correspondantes.

Le second écueil provient de la nature des débats de la COP où se côtoient sur le même plan les prises de position politiques des États, les opinions partisanes de nombre d’ONG et les avis des scientifiques. Or le sujet est suffisamment grave pour ne pas pouvoir se résoudre par des injonctions non argumentées quant à leurs implications multiples.

Si tous s’accordent sur les objectifs, les chemins pour les atteindre ne sont pas suffisamment éclairés par une réflexion scientifique globale, apte à concilier les fonctions essentielles des sociétés humaines, produire pour se nourrir, se loger, se déplacer et se soigner, avec des pratiques susceptibles de limiter les émissions de GES, dans une cohérence internationale des politiques nationales. Pour répondre à l’urgence climatique l’Assemblée des Nations doit se doter d’une instance d’expertise scientifique équivalente à celle du GIEC pour penser les mesures satisfaisant à la fois l’atténuation du changement climatique et le bien-être des populations.


[1] https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/

[2] 234 auteurs représentant 66 pays et 517 auteurs collaborateurs.

[3] https://www.agridees.com/articles/f2f-et-biodiversite-a-lepreuve-des-simulations/