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Infographies

Temps de lecture : 6 min

22/02/2024

France : le fossé s’élargit entre la consommation de poulet en croissance, et la production stagnante, mais …

Toutes les statistiques d’origine publique ou professionnelle sont convergentes, le flot grandissant d’importations de poulet vers la France constitue un cas d’école : en 2023 un poulet consommé sur deux en France est importé, alors qu’au début des années 2000 la France était le leader européen en termes de production avec un solde international positif. Ce hiatus entre la consommation croissante de viande de poulet, sous des formes qui ont fortement évolué, et les nombreux freins qui obèrent la production nationale, amène à s’interroger sur le concept de souveraineté alimentaire.

Les infographies présentées ci-dessous ont été projetées lors de la Conférence d’Agridées du 15 février 2024 « Souveraineté alimentaire ? Le cas poulet ».

 

  • Taille moyenne des élevages standard

En France, les exploitations avicoles qui élèvent des poulets de type standard demeurent de taille modeste et ont des caractéristiques familiales. En moyenne elles s’appuient sur deux poulaillers couvrant un total de 2.300 m2 et produisant environ 40.000 poulets par an. Dans l’U.E. la taille moyenne est trois fois supérieure, quand dans certains pays tiers cela peut être 50 fois plus grand.

 

  • Consommation de poulets en France 2012-2022

La consommation totale de viande des Français se révèle globalement stable durant la décennie 2012-2022, aux alentours de 85 kg/habitant. Dans cet ensemble, la part de viande de poulet progresse remarquablement durant la cette période passant de 15,6 kg à 22,5 kg par habitant, se démarquant ainsi par sa dynamique de la trajectoire de consommation des autres viandes. Le poulet est désormais la deuxième viande consommée derrière le porc.

 

  • Production de poulets 2003-2021 : France/Allemagne/Pologne

Si les Français consomment de plus en plus de poulet, la production tricolore stagne et fait presque du sur-place : +18 % entre 2003 et 2021. La France perd son leadership du fait de nombreux freins. Durant la même période l’Allemagne, à titre d’exemple, proche en niveau de vie et appliquant a priori les mêmes normes que la France, fait plus que doubler sa production. La Pologne quant à elle explose les chiffres après son adhésion européenne en allant au-delà d’un multiple de 3. La France devient importatrice structurellement.

 

 

  • Importations françaises de poulet

Déjà en 2015, les importations représentaient 43 % de la consommation de poulet en France. La crise de la COVID-19 en 2020, couplée à une reprise de la production, avait permis de baisser ce niveau à 41 %. Cependant la forte reprise de la consommation notamment hors domicile en 2021 et 2022, avec une production touchée par l’influenza aviaire, a amené le niveau des importations au seuil historique de 50 %. Un poulet sur deux consommé en France provient de l’importation. Ce chiffre a été confirmé en 2023.

 

 

 

 

  • Consommation française des différentes volailles

 

Le poulet représente de loin la principale volaille consommée en France, presque 80 % du total désormais, avec une part en croissance. Cependant, plus qu’ailleurs dans les pays voisins, la diversité de l’offre et de la consommation perdure, la dinde venant en deuxième position à plus de 12 %, puis le canard à plus de 6 %. Les autres volailles de chair deviennent mineures (pintade, pigeon, caille, oie, coquelet…). Cette diversité revient aux traditions culinaires, mais elle présente également un intérêt en termes de génétique et de protection contre les épizooties.

 

 

  • Consommation de poulet par type de produits/pièces

Le développement de la consommation de poulet accompagne une rupture sociologique des modes de consommation et valide une évolution dans les choix des pièces/morceaux. Le poulet entier, modèle emblématique d’une consommation familiale, ne représente plus que 16 % de la prise alimentaire (51 % en 2000), les morceaux proposés découpés (ailes, cuisses, filets…) sont devenus majoritaires et les produits élaborés (nuggets, panés, charcuterie…) dépassent les 30 % de la consommation totale. A noter que les produits sous signes de qualité (Bio, Label Rouge…) sont particulièrement présents dans le segment poulet entier.

 

 

  • Consommation de volailles par type de circuit

Dans un schéma de vie familiale plus éclatée, urbanisée, avec une relation modifiée au travail…les modes et lieux de consommation évoluent fortement. La restauration hors domicile sous ses différentes formes (restauration commerciale ou collective, fast-food, consommation « mobile » …) en tire profit et représente désormais 35 % de la consommation de poulet en France (20 % en 2015), contre 65 % à domicile. La viande de poulet est particulièrement adaptée à cette diversité de prise alimentaire.

 

 

  • Part des importations selon les circuits de consommation

Le fort développement de la consommation de poulet est relié au boom de la consommation hors foyer et à une offre croissante sur le segment des produits élaborés/charcuteries. Dans ces deux cas le prix des produits s’avère particulièrement décisif et de ce fait crée un appel d’air vis à vis d’importations à bas coût. A ce stade, la croissance de la consommation équivaut à une croissance des importations.

 

 

 

 

 

  • Alimentation poulet et tourteau de soja

Dans une formule moyenne d’aliment poulet, par ailleurs variable selon le type d’élevage (bio, labels, standard, …), les tourteaux oléagineux sont proches de 25 % des matières utilisées, les céréales étant majoritaires. Les tourteaux de soja importés sont particulièrement présents dans l’aliment poulet standard. Cela pourrait se résoudre d’une part avec le développement de protéines végétales territoriales et d’autre part avec des innovations techniques nutritionnelles proposées par les industriels de l’alimentation animale.

 

 

 

La meilleure façon de réduire partiellement les importations de poulet consisterait à lancer un plan de relance productive, d’investir dans les outils de production répondant à tous les segments de marché, dans une trajectoire de durabilité et de dialogue sociétal. Bien entendu il revient également aux Pouvoirs Publics français et européens d’assurer la loyauté des échanges internationaux en protégeant les éleveurs européens d’une concurrence fondée sur d’autres modèles environnementaux et sociétaux. (CF Note de think tank « Souveraineté alimentaire ? Le cas poulet »).