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Points de vue

Temps de lecture : 5 min

16/11/2023

Construire des ponts et moins de murs

Dans un monde qui bouge, la société se transforme… Le premier Forum VoxDemeter, que j’ai eu le plaisir de piloter, s’inscrit dans ce contexte bouleversé et scrutateur de l’avenir. Son objectif ? Croiser les regards sur la mixité du monde agricole et identifier les leviers pour favoriser celle-ci. Questionner la mixité peut paraître superflu, voire incongru, par comparaison aux enjeux quotidiens, géopolitiques et climatiques auxquels se trouve confrontée l’agriculture. Je suis convaincue du contraire ! Et si penser la mixité était justement LA clé qui manquait pour faire face avec plus d’agilité aux changements ? Je vous propose d’y répondre en trois questions !

Tout d’abord, peut-on être contre la mixité du monde agricole ? 

Difficilement, car la famille, assumée culturellement par les femmes, se trouve au cœur de l’organisation agricole. Quoique minoré et souvent occulté, leur rôle est tangible. Les agricultrices, ne sont-elles pas parvenues à nourrir la France affamée, lorsque les hommes étaient retenus loin de leurs terres, pendant les guerres ? Si elles ont su relever les défis du jour au lendemain, pourquoi seraient-elles moins talentueuses aujourd’hui pour siéger dans les instances agricoles, majoritairement masculines ? Courbées dans les champs, silencieuses en retrait derrière les hommes hier, au volant de leur tracteur ou responsables de dossiers techniques en 2023, les femmes ont toujours été présentes, contributives et efficientes.

Ensuite, en quoi la mixité serait-elle couteuse ?  

Dans sa pluralité, le monde agricole est riche des compétences et des particularités de tous ses membres. La mixité, souhaitable en soi, doit s’appréhender comme une opportunité de répondre à la complexité des transitions actuelles. Assumer mieux sa mixité permettrait aussi au secteur agricole de mieux séduire des profils divers dans cette période de renouvellement de générations.

Enfin, quelle mixité voulons-nous ?

Il est tentant d’instituer une mixité à l’agricole en choisissant comme quota symbolique le nombre de 25 %, qui renvoie au pourcentage d’agricultrices françaises. Ce niveau de mixité serait une avancée acceptable pour beaucoup de femmes. Suffisante ? Certes non, mais un GRAND PAS en attendant la parité… Sous condition de trouver… des candidates pour siéger dans les instances décisionnelles agricoles ! Sur ce point, les débats du 7 novembre ont laissé apparaître quelques zones grises.

D’une part, les femmes manquent de figures d’identification, de rôles modèles, pour se projeter dans le métier d’agricultrice comme pour prendre des responsabilités dans les instances décisionnelles. Il est donc essentiel de créer des espaces inspirants pour renforcer les choix, à l’instar des réseaux féminins agricoles ou d’autres pour susciter des vocations d’administratrices, comme Les Elles de la Coop, Les Bottées de la coopérative agricole Cavac et les commissions féminines des syndicats agricoles.

D’autre part, l’arbre ne doit pas cacher la forêt… La prise de responsabilité de quelques-unes ne peut être considérée comme suffisante pour assurer une vraie mixité avec le risque d’engendrer pour ces dernières, un trop plein, dû aux sur sollicitations et à l’accumulation de mandats.

Ne nous voilons pas la face, quel que soit son niveau, la mixité des instances décisionnelles agricoles va bousculer les habitudes entre pairs et les habitus agricoles. Mais une mixité portée par tous et toutes démontrerait que l’agriculture est tendance et capable d’attirer au métier les nouvelles générations.