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Points de vue

Temps de lecture : 6 min

26/04/2024

L’entreprise agricole est-elle estimable ?

N’est-il pas significatif que, parmi ses objectifs, la “grande” loi d’orientation agricole du 5 août 1960  visait notamment la conservation et l’amélioration du patrimoine foncier non bâti et bâti, ainsi que la modernisation de ce dernier ? Elle priorisait également la rémunération du travail des exploitants, des salariés agricoles, des responsabilités de direction, du capital d’exploitation et du capital foncier.

Le fonds agricole, composante essentielle de l’entreprise, qui, à l’instar du fonds de commerce, valorise l’activité humaine, n’a été institué que 46 ans plus tard par la loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006 !

Cette perception très « foncière » de l’entité productive agricole continue de fonder la doctrine de son évaluation. Dans un article paru en 2023 dans la revue Economie Rurale sous le titre “Déterminer la valeur des exploitations agricoles – Une enquête sur les pratiques françaises“, les auteurs[1] rapportent que 78% d’un échantillon de 67 experts indiquent utiliser les méthodes « patrimoniales » ou “par comparaiso” pour évaluer l’entreprise agricole, alors qu’à peine 20% utilisent les méthodes fondées sur la rentabilité de l’entreprise (méthodes dites “remboursement” ou “Valeur de l’entreprise agricole – VEA”).

Alors que nous traversons une époque de volatilité et d’imprévisibilité, cette prédominance de méthodes fondées sur la consistance matérielle des entreprises agricoles n’est-elle pas anachronique ? En effet, tout autant, voire plus, que les autres acteurs économiques, l’entreprise agricole devrait être davantage estimée par le prisme RSE. Son évaluation nécessite désormais de prendre en compte son environnement tant physique que social et économique et plus particulièrement la durabilité de sa chaîne de valeur.

Dans la Note dont Agridées nous a confié la rédaction, intitulée “Vers une nouvelle évaluation de l’entreprise agricole“, nous proposons, après un état des lieux des méthodes et principes d’évaluation, une approche dynamique et innovante des valeurs et risques de l’entreprise agricole, créatrice de valeur globale. Cette nouvelle approche converge avec la prise en compte grandissante d’éléments extra-financiers dans la comptabilité des entreprises, qui trouvera également à s’appliquer au secteur agricole à un horizon plus ou moins lointain[2].

Au-delà de la méthode, il apparaît que toute évaluation doit en définitive procéder d’un acte responsable réalisé dans le cadre d’une expertise professionnelle.

 


[1] Geoffroy Enjolras, Yann Desjeux, Philippe Jeanneaux, Laure Latruffe, Économie rurale, 2023/2 (n° 384), p. 93 à 108.

[2] Sur ce point cf. les travaux d’Agridées en partenariat avec l’Académie d’agriculture de France : Comptabilité socio-environnementale : Piloter et valoriser les performances de l’entreprise pour une transition agricole durable.