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Temps de lecture : 2 min

14/01/2022

Agrivoltaïsme : concilier production agricole et production énergétique

L’agrivoltaïsme fait beaucoup parler de lui ces dernières années. Déjà pratiqué en Asie depuis plusieurs décennies (Japon, Corée du Sud…), cette technique commence à se développer en France. La Loi de Programmation sur l’énergie et le climat (LPEC) adoptée en novembre 2019, qui fixe en outre les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), a accéléré cet attrait en voulant multiplier par 4 la production d’énergie solaire en France (objectif de 35,1 GW à 44 GW de capacités installées en 2028, contre 9,4 GW en 2019).

L’agrivoltaïsme consiste à combiner production d’énergie solaire et production agricole sur une même parcelle. Du point de vue de l’exploitant agricole, cela peut constituer une nouvelle source de revenu par la vente d’énergie renouvelable tout en continuant à développer des cultures ou élever des animaux sur la parcelle. Sur le plan technique, il s’agit d’installer des panneaux photovoltaïques dynamiques (qui s’adaptent au sens du rayonnement solaire) voire mobiles (qui peuvent être déplacés) à quelques mètres au-dessus du sol. Cela pourrait permettre d’éviter les conflits d’usage des sols. Les productions maraichères, arboricoles, viticoles ou animales sont a priori les plus propices pour l’installation de ce type de technologies notamment pour la création de microclimat ou d’ombre que les panneaux produisent. Sur ce dernier point, toute proportion gardée, on pourrait faire une forme d’analogie relative entre agrivoltaïsme et agroforesterie. Même s’il y a des synergies potentielles entre elles, la production énergétique doit rester secondaire par rapport à la production agricole.

Le développement de l’agrivoltaïsme soulève aussi de nombreuses critiques qui concernent notamment les impacts sur les sols des installations techniques (emprise au sol des équipements, risques techniques). De plus, les impacts sur le fonctionnement des cycles naturels (luminosité, humidité) et par ricochet sur la baisse des rendements sont des points importants de vigilance. Enfin, comme pour les éoliennes, les impacts sur les paysages font aussi l’objet de polémiques.

Un projet de recherche et développement, appelé Sun’Agri, a été mis en place en 2009, associant l’INRA, l’IRSTEA (devenus INRAE) et la société Sun’R. L’objectif de ce projet était d’évaluer objectivement les effets du microclimat apportés par les panneaux solaires sur les plantes situées en dessous. La première centrale photovoltaïque pilote a été installée sur une parcelle viticole dans les Pyrénées-Orientales en 2018. De nombreux autres projets (Total, Engie…) ont depuis été retenus dans le cadre de divers appels d’offres publics pour développer l’énergie solaire en France. Total et In Vivo ont notamment monté un partenariat en 2020 pour développer l’agrivoltaïsme d’ici 2025.

Pour réguler le développement de l’agrivoltaïsme et mieux encadrer les projets, la FNSEA, les Chambres d’Agriculture et EDF Renouvelables ont signé une charte en janvier 2021. Parmi les bonnes pratiques recommandées, sont citées notamment : panneaux solaires surélevés pour permettre le passage d’engins agricoles, panneaux mobiles pilotés par un système intelligent permettant d’adapter leur inclinaison en fonction des besoins d’ensoleillement des plantes, des conditions météorologiques, et de la nature du sol, etc. Le 5 janvier, l’Afnor (Association française de normalisation) a publié le référentiel Projet agrivoltaïque. Ce label définit un certain nombre de critères liés aux services apportés et au degré d’artificialisation (taux de couverture de la surface agrivoltaïque inférieur à 50 % de la surface cultivée, mise en place de zones témoins sans panneaux photovoltaïque pour démontrer l’apport réel des panneaux sur les parcelles…). Ces différentes démarches contribuent progressivement à créer un cadre de régulation. A noter qu’une association, appelée France Agrivoltaïsme, portée principalement par les acteurs de l’énergie, en lien avec les acteurs agricoles et alimentaires, de la recherche et de la formation ainsi que de la finance et des assurances, a été créée avec pour objectif de structurer et promouvoir la filière.

Filière émergente, la production agrivoltaïque peut permettre de répondre à différents enjeux climatiques et économiques dans l’intérêt des agriculteurs à condition de bien veiller aux bonnes pratiques de mise en œuvre et au maintien d’une production agricole principale sur la parcelle.