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17/03/2022

Les propositions européennes pour soutenir les agriculteurs impactés par la guerre d’Ukraine

L’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis le 24 février 2022 perturbe les marchés agricoles mondiaux. Les opérations militaires au niveau des infrastructures logistiques limitent la capacité de l’Ukraine à participer au commerce mondial et dans le même temps, les sanctions imposées à la Russie coupent son économie de la majorité des marchés internationaux. Or, ces deux pays représentaient 30% des exportations mondiales de blé et d’orge, ainsi qu’une part importante de celles de maïs ou de tournesol. De plus, la Russie et la Biélorussie sont des exportateurs d’engrais. Les sanctions imposées aux deux pays entrainent donc une raréfaction de ces produits qui alimente la hausse de leur prix et questionne à la fois les capacités d’approvisionnement et de rentabilité des exploitations agricoles. 

Face à cette situation, l’Union Européenne travaille à la mise en place de mesures pour accompagner les agriculteurs. Celles-ci visent avant tout à soutenir l’élevage et en particulier les filières du porc et des volailles avec la hausse du coût de l’alimentation animale alors même que les marges étaient déjà fragiles pour ces producteurs avant la crise. Ainsi, pour intervenir sur les marchés la Commission Européenne proposera une aide au stockage privé pour la viande de porc en partie financée par le recours à la réserve de crise agricole. Cette réserve, intégrée à la PAC en 2013, devrait être utilisée pour la première fois à hauteur de 497,3 millions d’euros pour soutenir les agriculteurs faisant face à une hausse de leurs coûts de production. Lors du Conseil européen informel exceptionnel des ministres de l’Agriculture du 2 mars 2022, il a aussi été proposé d’utiliser les terres en jachère pour la plantation de cultures riches en protéines. Les experts du comité spécial agriculture se sont réunis le 7 mars 2022 et ont approuvé ces trois mesures. Le 14 mars, la Commission européenne a transmis de nouvelles mesures au comité d’experts. Elle envisage une obligation pour les États membres de communiquer mensuellement les stocks de produits essentiels à l’alimentation humaine et animale. Le document propose aussi d’augmenter les avances sur les paiements directs et les mesures de développement rural à compter du 16 octobre 2022 ainsi que de faciliter l’octroi d’aides par les États. Les mesures sont en cours de décision et devraient être précisées à l’occasion du Conseil des ministres européens en charge de l’agriculture prévu le 21 mars 2022 et de la publication d’une communication de la Commission européenne sur la sécurité alimentaire et le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires le 23 mars 2022. 

En parallèle, le président de la commission Agriculture du Parlement européen a pris position pour un relâchement des normes relatives aux produits phytopharmaceutiques utilisés pour les cultures protéiques le temps de cette crise. De plus, la déclaration de Versailles issue du Sommet européen exceptionnel des 10 et 11 mars 2022 explicite en son vingt-et-unième point que « nous améliorerons notre sécurité́ alimentaire en réduisant notre dépendance aux importations des principaux produits et intrants agricoles, en particulier en augmentant la production de protéines végétales au sein de l’UE ». Cette orientation est dans la continuité de celle prise par les ministres européens en charge de l’agriculture le 2 mars 2022 de « libérer dès maintenant le potentiel de production agricole ». Dès lors, la crise Ukrainienne ré-ouvre le débat sur le Green Deal et la stratégie « Farm to Fork ». Certains prônent leur révision voire leur abandon en estimant qu’ils organisent une décroissance de la production contraire à la défense de la souveraineté alimentaire. D’autres les défendent en affirmant qu’ils permettront à terme de réduire la dépendance aux engrais.