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29/09/2022

L’Union européenne en manque de CO2

Alors que la lutte contre le changement climatique passe par une réduction des émissions de CO2 et des autres gaz à effet de serre, les fameux GES, l’Union européenne qui a affiché un objectif ambitieux à l’horizon 2030 de réduction de 55 % des émissions de GES par rapport à 1990, souffre paradoxalement d’un manque de ce dioxyde de carbone du fait des conséquences du conflit russo-ukrainien.

En effet, la réduction des livraisons de gaz russe, l’éventualité de leur arrêt total ont considérablement renchéri les prix. De même, la réduction des importations d’engrais en provenance de Russie et de Biélorussie soumet le secteur des engrais à de très fortes tensions de volume et de prix qui se répercutent sur les agriculteurs européens.

Dans la mesure où les principaux procédés de fabrication reposent sur la production d’ammoniac obtenu par combinaison de l’azote de l’air et de l’hydrogène provenant du gaz naturel, de nombreuses installations industrielles tournent au ralenti ou ont été arrêtées du fait de l’augmentation des coûts de production, puisque 80 % de ceux-ci sont imputables au prix du gaz. En août dernier, l’ensemble de l’industrie européenne a réduit de 70 % ses activités.

Au-delà des hausses de prix, le risque de rupture d’approvisionnement à l’horizon du printemps 2023 conduit à rechercher dans l’urgence une diversification des origines d’importations que la Commission européenne favorise en suspendant l’application des tarifs douaniers et des mesure anti-dumping qui frappaient les États-Unis et Tobago.

 

Cette situation de marché a également des effets collatéraux. La production d’ammoniac génère la production de CO2 comme co-produit, et accessoirement celle de l’Ad Blue utilisé comme additif dans les moteurs diesel. Or le CO2 est très largement employé par les industries agricoles et alimentaires sous forme gazeuse (sodas et boissons gazeuses, abattoirs et conservation de la viande), sous forme liquide (congélation alimentaire), et sous forme solide (transport de surgelés, vinification, catering). La forte réduction de la production d’engrais a pour effet de réduire fortement les disponibilités de CO2 industriel et d’impacter les activités agro-alimentaires utilisatrices. Aussi, pour satisfaire ces besoins spécifiques, la filière des engrais azotés serait prête à reprendre une partie de ses activités sur la base d’une valorisation des co-produits AdBlue et CO2.

L’UE en manque de CO2 n’a pas fini de découvrir les effets dominos de nature à atteindre les chaines de valeur agroalimentaires et porter atteinte à la sécurité alimentaire.