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21/10/2022

Revue stratégique de la filière forêt-bois en France

Fransylva, seul syndicat représentatif des propriétaires forestiers, a organisé le 4 octobre dernier, un point d’analyse structurelle et conjoncturelle de la filière forêt-bois française.

Sur le plan économique, Fransylva rappelle que la filière forêt-bois représente en France 66 milliards de chiffre d’affaires, 25 milliards de valeur ajoutée (1,1% du PIB en 2020), 394 000 ETP (Equivalent Temps Plein) soit 1,40% de la population active. 30% du territoire national est couvert par la forêt (16,6 millions d’hectares) dont les 75% appartiennent à des propriétaires privés (3,5 millions de personnes).

En termes d’usages, 23% du bois récolté sert à faire du bois d’œuvre, 13% du bois d’industrie et 64% du bois-énergie. Seulement 56% de la croissance annuelle des arbres est récoltée. La filière est structurellement déficitaire depuis plusieurs décennies (-7 milliards d’euros de déficit commercial). Ce déficit est principalement dû au meuble (48%), au papier (23%) et au sciage (10%). Les rares excédents commerciaux viennent de la vente de grumes et de la filière tonnellerie (pour les vins élevés en fûts de bois). La demande en provenance de Chine a provoqué ces dernières années un attrait pour les grumes de chêne européen et français (la France possède la première ressource mondiale de chêne blanc mais dépend de l’extérieur pour une partie de ses besoins en produits industriels). La demande mondiale de bois ne cesse de progresser tous usages confondus (bois rabotés ou collés comme les planchers, lambris, panneaux, tasseaux, parquets, bois de terrasse…).

Tant la production de grumes de chênes et de résineux stagnent depuis plus de 10 ans du fait du recul des usages de bois massif (meubles), la concurrence des autres matériaux (PVC, aluminium…) et la concurrence des pays d’Europe du Nord plus compétitifs sur les résineux. Seule la production de bois-énergie semble tirer son épingle du jeu à la suite notamment des diverses tempêtes qui ont frappé la France depuis 1999. En France, 7,5 millions de ménages se chauffent au bois. Selon le SER (Syndicat des Energies Renouvelables), le bois-énergie représente 36% de la production d’énergie renouvelable, 66% de la production de chaleur renouvelable et 2,5% de la production d’électricité renouvelable. Près de 2,4 millions de tonnes de granulés ont été produites en 2021, en hausse constante depuis 2008 mais environ 20% de notre consommation est importée.

Bien que la forêt française ait doublé de surface en plus d’un siècle, elle souffre depuis les années 1990 d’un manque important de renouvellement. Pour illustration, 50 millions d’arbres ont été plantés en 2021 contre 300 millions en Allemagne et en Suède, 1 milliard en Pologne et plus de 2 milliards en Chine. Les coupes de bois ne donnent pas toujours lieu à un chantier de renouvellement réussi (plantation ou régénération naturelle assistée), ce qui sera de nature à créer d’importants déficits de capacités de production d’ici 2030 sans inversion de cette tendance. Fort heureusement, le plan de relance mis en place en 2021 donne enfin des moyens et outils nationaux pour financer le renouvellement forestier.

Au niveau industriel, le maillon du sciage a connu de fortes restructurations ces 50 dernières années (de 15 000 à 1500 scieries aujourd’hui) avec une contraction des volumes sciés de 20% entre 2007 et 2017. Avec une surface forestière inférieure de 45%, l’Allemagne dispose d’une production de sciages trois fois supérieure à la France (23 Mm3 contre 8 Mm3). La production est dominée par les résineux (sapins-épicéas, Pin maritime, Douglas…).

Au-delà des enjeux économiques et industriels, la filière française doit aussi faire face à de nombreux défis environnementaux et sociétaux. Sur le plan environnemental, malgré sa diversité pédoclimatique, les forêts françaises souffrent très fortement d’aléas naturels (sécheresses, dépérissements, bioagresseurs, tempêtes…) et doit investir massivement pour s’adapter au changement climatique.  La filière française doit aussi relever des défis sociétaux (améliorer l’attractivité des métiers, réduire les résistances sociales à l’exploitation des forêts…).

En synthèse, dans un contexte porteur pour la production-consommation de bois, la filière forêt-bois française doit pouvoir s’appuyer sur ses nombreux atouts (4ème surface forestière en Europe, une forêt très diversifiée, 1er stock de bois sur pied, 1er pays producteur de grumes de feuillus) pour réduire ses dépendances aux importations de bois industriels qui peuvent être moins chers et plus adaptés aux besoins des industriels ou des constructeurs. Ces nombreux défis doivent être relevés en filière en s’appuyant notamment les ressources financières débloquées dans le cadre du plan de relance et du programme France 2030 qui prévoient 100 millions d’euros pour encourager le reboisement en l’adaptant au marché du bois construction et à la préservation des écosystèmes.