Articles
Temps de lecture : 3 min
04/07/2024
Rôles des ONVAR : relocalisation de l’alimentation et renouvellement des générations
Le mardi 25 juin 2024 avait lieu la première journée nationale des Organismes nationaux à vocation agricole et rurale (ONVAR), au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Créés en 2008, les 19 ONVAR sont des entités diversifiées : associations, réseaux, fédérations, et autres organisations dédiées à l’accompagnement des agriculteurs et des territoires ruraux. Aux côtés des Chambres d’agriculture et des instituts techniques agricoles, les ONVAR constituent l’un des trois principaux piliers du développement agricole et rural.
Leurs missions sont l’accompagnement et le conseil agricole, l’innovation et l’expérimentation, la formation et la transmission, l’animation territoriale et enfin le développement de projets thématiques (relocalisation de l’alimentation, adaptation au changement climatique, renouvellement des générations ou préservation de la biodiversité agricole par exemple). TRAME, organisateur de cette journée, est reconnue pour son rôle de réseau national, fédérant divers groupes et structures locales d’agriculteurs que sont les ONVAR. L’organisme a pour objectif de co-construire l’agriculture de demain et de guider les politiques dans les domaines prioritaires suivants : l’autonomie décisionnelle des acteurs agricoles, la performance humaine, collective et entrepreneuriale, ainsi que la pérennité des exploitations agricoles, en tenant compte des trois piliers de la durabilité : économique, environnemental et social.
Cette journée a démarré par une prise de parole d’Arnaud Dunand, sous-directeur de la performance environnementale et de la valorisation des territoires à la Direction Générale de la Performance Économique et Environnementale des Entreprises (DGPE), qui a souligné la nécessité de s’engager dans les transitions agricoles et territoriales. Il a décrit les ONVAR comme des alliages territoriaux et des “laboratoires de progrès”, illustrant la diversité des compétences et la richesse des modèles agricoles qui favorisent des synergies entre les territoires. Il a également insisté sur l’importance de renforcer les partenariats inter-ONVAR, d’inciter au décloisonnement, de faciliter les transitions et de faire émerger de nouveaux projets.
La première partie de la journée a été axée autour de la relocalisation d’une partie de notre alimentation pour contribuer à la souveraineté alimentaire, dans le contexte des défis globaux actuels. Pour Agnès Terrieux, maître de conférence en géographie à l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole (ENSFEA), la définition du “local” est un préalable indispensable pour mieux cibler les aides à la relocalisation de l’alimentation. Or, la définition de ce terme varie selon les perspectives politiques : le”local” peut se référer à une circonscription, un département, ou encore une région. D’autre part, la relocalisation implique à la fois une diversification et une spécialisation de la production agricole dans les territoires.
Joachim Robert, chargé de projet “Développement et animation” chez VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun), a présenté l’objectif de cette association : rendre accessible une alimentation de qualité, durable et à un prix plus abordable pour le consommateur, et équitable pour le producteur. VRAC collabore également avec des importateurs ou des grossistes pour les produits non locaux, en exigeant des certifications (agriculture biologique par exemple).
La seconde partie de la journée a été consacrée au renouvellement des générations d’agriculteurs et agricultrices. Presque la moitié d’entre eux actuellement en activité seront en effet en âge de prendre leur retraite d’ici 2030. Plusieurs ONVAR mettent en place des projets pour répondre à cet enjeu. C’est par exemple le cas du projet RECOLTERRA, qui rassemble 11 ONVAR et se concentre sur la reprise d’organisations collectives à vocation économique, c’est-à-dire des exploitations regroupant au moins deux agriculteurs. Ce projet rassemble une diversité de collectifs (fonciers, collectes, ateliers en commun, magasins de producteurs) et de structures juridiques (CUMA, coopératives, GAEC). Il organise des visites, des enquêtes et des webinaires d’information.
Enfin, François Purseigle, professeur de sociologie à l’AgroToulouse, a souligné que certains ONVAR peinent encore à trouver leur place parmi les organismes professionnels agricoles, alors qu’ils sont voués à perdurer. En effet, ils visent à construire des systèmes agricoles résilients, durables, équitables et capables de relever les défis globaux, tout en soutenant les territoires ruraux.