Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Articles

Temps de lecture : 3 min

30/09/2022

Salon Produrable 2022, place à l’action !

Le Salon Produrable, salon de référence nationale sur les sujets du développement durable et de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), s’est déroulé à Paris les 13 et 14 septembre derniers pour la quinzième année consécutive. De 4 000 visiteurs à ses débuts en 2008, le salon a attiré cette année 11 000 personnes.

Loin des concepts philosophiques, cette édition a été concentrée sur les actions concrètes des entreprises. De nombreux projets ont été présentés dans différents secteurs. Comparativement à l’édition 2021, le monde agricole et agroalimentaire a été beaucoup moins représenté. Les principaux acteurs de nos filières présents ont été La Coopération Agricole et quelques start-ups et sociétés de conseils connues pour leur intervention dans le monde agricole et alimentaire : Agrosolutions (groupe In Vivo), TerraTerre ou Pur Project.

Les thématiques de la finance durable ont aussi été fortement à l’honneur. A la fois sur les opportunités permises par la compensation carbone mais aussi par les impacts des nouvelles réglementations européennes (Taxonomie, Directive CSRD sur le reporting extra-financier des entreprises, taxe carbone aux frontières…). Même non encore finalisé, le cadre juridique est aujourd’hui largement posé et élargit les obligations faites aux entreprises de démontrer leurs impacts sur les écosystèmes.  La mise en place de plans d’actions positives s’amplifie. De nombreux projets ont été initiés ces trois dernières années et le processus de massification est en cours. Les grandes entreprises et les PME s’organisent pour intégrer ces nouveaux besoins dans leur organisation et cela touche toutes les directions opérationnelles. Le risque, dans cette phase de croissance, est celui de « greenwashing » que la réglementation tente de juguler en durcissant les exigences de méthodologie des mesures d’impacts et les obligations de transparence des entreprises. Sur les différentes dimensions de la durabilité, le thème des gaz à effet de serre est aujourd’hui complété par ceux de la biodiversité et du social.

Pour les acteurs pionniers et les institutions, les termes de croissance verte et de décroissance sont dépassés. Améliorer à la marge les modèles économiques des entreprises ne suffira pas. L’objectif poursuivi est d’incarner la gestion des biens communs (eau, sols, biodiversité…) dans la gouvernance des entreprises et les process de production. En d’autres termes, la logique suivie est l’intégration des limites planétaires dans les raisonnements des entreprises et la sobriété dans l’exploitation des ressources. Depuis la crise sanitaire en 2020, le mouvement de prise de conscience et d’action s’est amplifié. Aussi, les témoignages des chefs d’entreprise mettent en avant que les deux moteurs principaux du changement à moyen terme seront la refonte des chaines d’approvisionnement (fournitures de matières premières, réduction des besoins énergétiques…) et la finance. Sur le premier point, les ressources agricoles et forestières sont largement concernées et les donneurs d’ordre (transformateurs, grande distribution, acheteurs publics…) vont exercer de plus en plus de pression sur leurs fournisseurs. Les acheteurs envoient désormais des questionnaires de plus en plus précis et détaillés à leurs fournisseurs sur leurs pratiques environnementales et sociales avec la possibilité de les sortir de leur chaîne de valeur si elles ne s’adaptent pas. Toutefois, il est souvent constaté, quel que soit le secteur d’activité, que ces nouvelles exigences ne se traduisent que rarement en une meilleure valorisation des prix d’achats des produits.

Concernant le volet financier, les acteurs bancaires et assurantiels vont devenir plus exigeants sur les critères d’octroi des financements qui reposeront sur des indicateurs de durabilité mesurables. La Taxonomie verte européenne va amplifier ces exigences ces prochaines années jusqu’en 2030. Avec le rabaissement des seuils d’obligations (entreprises de plus de 250 salariés, 20 millions d’euros de bilan, 40 millions d’euros de chiffre d’affaires), les petites entreprises et les exploitations agricoles vont être de plus en plus impactées par effet cascade. De son côté, la finance doit favoriser la réallocation des actifs vers les investissements durables et les solutions de transition. Au-delà des obligations, les chefs d’entreprises ont témoigné globalement que c’était pour eux avant tout un enjeu économique et managérial car cela les amène à repenser leur entreprise pour assurer sa pérennité et son attractivité. L’enjeu communication est dépassé par la dimension économique et financière.

Sur le volet agricole et alimentaire, les acteurs présents ont porté les thèmes de l’agriculture régénératrice, l’agriculture biologique et les enjeux « eau ». Sur ce dernier point, La Coopération Agricole a mis en avant les actions réalisées dans l’industrie des viandes pour améliorer les performances de l’utilisation de la ressource en eau même si des écarts restent constatés avec les autres pays européens. L’usage de l’eau dans l’industrie des viandes est avant tout un sujet sanitaire (nettoyage) plus que de consommation brute de ressources comme dans d’autres industries (boissons par exemple). Le thème de la réutilisation des eaux recyclées dans les process, encore très verrouillé en France, a été abordé. C’est l’un des sujets cruciaux dans un contexte de dérèglement climatique et de concurrence accrue des usages de l’eau.

En synthèse, poussées certainement plus par la réglementation et les crises sanitaires et énergétiques que par une motivation intrinsèque, les entreprises de tous secteurs accélèrent leur mutation organisationnelle en lien avec les autres maillons de leurs chaines de valeur. L’enjeu est d’avancer de manière collective pour partager les risques et idéalement reposer la question du partage de la valeur.