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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

16/12/2021

A l’aube d’une nouvelle révolution agricole

A l’image d’un objectif qui ne s’atteint qu’étape par étape, lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre de nouvelles pratiques agricoles pour répondre à la prochaine PAC, un grand nombre de paliers doivent être mis en place pour permettre d’atteindre la cible. C’est bien le cas de l’agriculture du vivant, qualifiée de régénératrice* depuis l’intervention d’Emmanuel Faber, alors PDG de Danone, au Salon de l’Agriculture 2018, dont les orientations sont clairement identifiées, et très révélatrices d’un nouveau positionnement de l’industrie agro-alimentaire face à ses clients distributeurs et consommateurs, mais sans grandes précisions sur les moyens. Pour leurs fournisseurs, il s’agit d’élever ou de cultiver mieux, avec moins d’intrants, et surtout avec plus de respect envers les animaux et les sols. Il s’agit notamment d’améliorer et d’enrichir les sols. Le pari consiste à considérer que le retour en termes de rentabilité sera assez rapide pour le producteur, et que la bonne évolution des rendements permettra de rassurer le consommateur quant à sa sécurité alimentaire, mission première de l’agriculture nourricière.

Derrière de grands mots et des idées très générales, c’est bien sur la base des pratiques en cours d’évolution que l’agriculture régénératrice trouvera sa place, aidée en cela par les orientations environnementales de la PAC 2023/2027 récemment votée. La conservation des sols est bien désormais une pratique courante, de même que la couverture végétale en fin de saison de façon à protéger la matière organique. L’usage de ces pratiques agronomiques, résultats à l’appui, basées sur l’observation avec des décisions adaptées à chaque territoire, démontre son efficacité. Fort de critères adaptés à son exploitation, le chef d’entreprise construira ainsi sa propre démarche régénératrice.

Il s’agit néanmoins de se préparer à une nouvelle révolution agricole, au-delà des grandes idées ou de rêves portés par des citoyens peu au fait des techniques, mais avec une conviction partagée que l’avenir de l’agriculture passera par une remise en cause complète de nos approches traditionnelles. La prochaine PAC 2023-2027 n’est pas une fin en soi, mais bien une étape pour atteindre ces objectifs encore peu définis, portés par cette agriculture du vivant. C’est avant tout une question d’état d’esprit. En effet, sans tomber dans une définition trop simpliste d’une future agriculture, il s’agit de rassembler les différentes démarches agricoles, de leur donner un sens commun, tout en tenant compte de la diversité des marchés. Il faudra un minimum d’entêtement et de force de conviction !

Les nouvelles pratiques agricoles s’inscriront naturellement dans l’air du temps. Capture du carbone, protection de la biodiversité, de la santé et atténuation du réchauffement climatique constitueront les objectifs essentiels pour toute évolution de nos pratiques. Nous devrons y ajouter la nécessité de faire évoluer nos propres structures agricoles et la prise en compte des attentes sociétales afférentes dont l’écoute est dorénavant incontournable. En effet l’utilisation de l’espace relevant de plus en plus du bien commun, au-delà même de la propriété ou du contrat d’usage, il nous faudra rechercher une nouvelle harmonie collective.

Produire deviendra tout à la fois un engagement économique mais aussi un devoir sociétal, et la bonne utilisation des sols occupés constituera un service dû au citoyen. Quoiqu’on en pense aujourd’hui, la maîtrise que l’on croit détenir de nos propres projets entrepreneuriaux se partagera en réalité avec la communauté de nos concitoyens. C’est une autre révolution.

 

*Le thème de l’agriculture régénératrice sera questionné à l’occasion de la conférence de notre Assemblée Générale le 9 juin 2022