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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

14/01/2022

Agriculteurs et société : vers un nouveau départ en 2022 ?

Pour certains, le « moment agribashing » durant lequel nombre d’agriculteurs ont eu le sentiment d’être les victimes de critiques virulentes proférées dans l’espace public, s’est achevé avec la crise sanitaire, qui se serait caractérisée par une plus grande reconnaissance des agriculteurs par les Français. On serait ainsi passé au « moment souveraineté alimentaire ».

Pour d’autres, l’agribashing reste toujours d’actualité malgré la pandémie et le secteur agricole et les filières continuent d’être les victimes d’« attaques » de la part de leurs détracteurs. Qui croire ?

En réalité, les deux positions peuvent être considérées comme justes. Il semble bien que l’on ait tourné la page du « moment agribashing », mais cela ne veut en aucun cas dire que les critiques adressées à l’agriculture conventionnelle se sont soudainement tues.

Au-delà du seul secteur agricole, on assiste, en effet, depuis quelques années à une grande mutation des rapports que la société au sens large du terme (société civile comprise) entretient avec les acteurs économiques. Un certain nombre d’acteurs (médias généralistes, monde associatif, leaders d’opinion, citoyens, etc.) s’intéressent désormais de près aux activités économiques en ayant des attentes, voire des exigences nouvelles vis-à-vis du monde économique. Ils souhaitent que les acteurs économiques respectent les normes sociales et environnementales, les droits humains ou le bien-être animal et qu’ils contribuent à l’intérêt général et au bien commun. On le voit bien à propos de l’agriculture. Si les agriculteurs veulent gagner leur vie en produisant plus et mieux, la société au sens large tend à attendre d’eux qu’ils fournissent avant tout des biens communs : des produits bons et sains, une protection de l’environnement, un entretien des paysages, un respect du bien-être des animaux, un développement économique de zones rurales périphériques ou encore la protection d’un terroir et d’un patrimoine. Or, il s’agit d’une mutation qui est sans aucun doute de nature structurelle et à laquelle les acteurs économiques vont nécessairement devoir s’adapter.

Il ne faut pas en conclure pour autant que la société française serait une entité hostile en soi pour le monde agricole. Il n’y a d’ailleurs jamais eu de rupture à proprement parler entre les Français et les agriculteurs comme en attestent les résultats de nombreuses enquêtes d’opinion menées ces dernières années. Les Français aiment toujours leurs agriculteurs. On ne peut donc parler à ce propos de réconciliation. Il convient en outre de ne pas établir d’amalgame, d’une part, entre société et société civile et, d’autre part, entre les différentes catégories qui composent cette société. Il ne faut pas assimiler, par exemple, un jeune couple qui attend un enfant et qui s’interroge sur son mode d’alimentation et un militant associatif ou bien un senior qui se pose des questions sur sa consommation de viande rouge et un militant antispéciste. A l’inverse, il ne faut pas non plus chercher à idéaliser les fameuses attentes sociétales. Les Français n’ont pas forcément toujours raison, d’autant qu’il n’est pas facile d’identifier ce que sont les attentes d’une société particulièrement fragmentée.

D’où la nécessité pour les acteurs de la chaîne agro-alimentaire en 2022 de s’emparer toujours plus de leur propre communication, de façon positive, transversale et collective.