Points de vue
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05/07/2024
Agriculture : des élections et beaucoup de questions
Il y a tout juste un mois se tenait l’Assemblée générale d’Agridées suivie d’une conférence sur le thème “Europe et souveraineté : où est l’agriculture ?“.
À la veille des élections européennes et au lendemain du vote en première lecture de la loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations, le think tank proposait de s’interroger sur la place de l’agriculture et, plus largement, du secteur agroalimentaire dans un mouvement perceptible de reconquête d’une souveraineté, tant au niveau européen que national.
En effet, la pandémie de la Covid-19 puis la guerre en Ukraine ont fait prendre conscience aux populations européennes des dépendances économiques de l’Union européenne, mettant en évidence un risque de dépendance géopolitique. En agriculture, le cas des engrais minéraux produits très majoritairement par des pays tiers montre qu’à tout moment un arrêt des approvisionnements pour des raisons politiques impacterait fortement la production agricole européenne et, au final, notre alimentation. En ce domaine, être souverain c’est choisir et réduire ses dépendances.
Aux côtés du Parlement européen sorti des urnes le 9 juin dernier, la Commission européenne et le Conseil devront vite s’atteler à ces sujets de souveraineté, en portant une vision stratégique pour construire une “Europe puissance”.
Malgré sa vision pro-européenne, Agridées ne peut se résoudre à n’appréhender la souveraineté alimentaire de la France qu’à travers celle de l’Europe à laquelle elle concourt d’ailleurs fortement. Parce qu’elle est une grande puissance agricole, la France doit tout à la fois demeurer compétitive là où elle produit et développer son offre agricole et agroalimentaire là où elle peut produire et ne le fait pas assez. Exercice d’autant plus ambitieux qu’il faut convaincre des citoyens souvent réticents à l’intérêt du fait productif.
C’était l’un des objectifs de l’article 1er de la loi d’orientation évoquée : assurer la souveraineté alimentaire et agricole de la France, c’est-à-dire “maintenir et développer ses capacités à produire, à transformer et à distribuer les produits agricoles et alimentaires” notamment “en développant les moyens de production nationaux dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche”[1].
Mais, au lendemain des élections législatives françaises, que restera-t-il de ce projet de loi au parcours parlementaire inachevé et de cette volonté, hier affichée, de reconquête de notre souveraineté alimentaire ? Le malaise agricole qui s’est exprimé en début d’année trouvera-t-il de véritables réponses une fois passé cet été politique et olympique ? Serons-nous capables d’impulser une nouvelle dynamique entrepreneuriale dans les territoires pour attirer des jeunes vers l’agriculture et stopper l’hémorragie ? Parviendra-t-on à rendre plus durables nos systèmes de productions et davantage résilientes nos entreprises agricoles face aux risques climatiques et de marché ?
Fort de ses valeurs humanistes et de sa volonté de porter le progrès en agriculture, Agridées entend embrasser tous ces sujets en demeurant une plateforme ouverte de débat, un lieu de réflexion, une force de propositions.
[1] Extrait de l’article 1er du projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture, adopté par l’Assemblée nationale en première lecture le 28 mai 2024