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Points de vue

Temps de lecture : 2 min

17/06/2022

Agronomie et productivité à combiner pour une sécurité alimentaire résiliente

L’année climatique 2022 est déjà dans les records de chaleur et de sécheresse. Le mois de juin 2022 ressemble à un mois d’août. Le stress hydrique est intense, la chaleur dépasse plus de 35°C sur plusieurs jours dans de très nombreux territoires en cette mi-Juin. La question de la sécurité alimentaire, dans un contexte de crise ukrainienne, est sur toutes les lèvres avec des prévisions de récoltes de blé qui seront forcément impactées par ce printemps très sec. Cette situation semble justifier la remise en route d’une agriculture productiviste pour « produire ».

Avons-nous à nous asseoir sur 10 ans d’innovation agroécologique pour autant ? Notre capacité à produire et « protéger » en même temps dans le cadre d’itinéraires de cultures et d’élevage est le défi de notre temps, et nous devons y répondre malgré les tensions.

Après dix ans de pratiques et de formations auprès de pionniers – agriculteurs et techniciens – nous avons pu développer chez Biosphères et au Centre de Développement de l’Agroécologie les schémas techniques gagnants sur de nombreuses cultures. En grandes cultures, il est par exemple très simple dans un premier niveau technique de se discipliner sur l’implantation de couverts végétaux équilibrés et de réduire le travail du sol parfois excessif. Les effets bénéfiques sur le taux de matières organiques, l’activité biologique des sols et de relative économie d’engrais se feront sentir dès la troisième  année, avec un effet cumulé sur dix ans pouvant faire économiser jusqu’à 50 unités d’azote pour une performante équivalente sur sol détérioré. Ces avantages sont principalement dus à une augmentation du taux de matières organiques de l’ordre de 0,1 à 0,2% par an selon la production de biomasse des couverts et une amélioration de l’activité biologique qui bénéficie de cette augmentation de source d’énergie.

Finalement, cette vision thermodynamique d’une bonne agronomie est la clé d’un bon raisonnement pour l’agriculteur et le technicien. Je veux de l’activité biologique et de la fertilité : je dois d’abord récolter l’énergie du soleil et restituer des matières organiques pour améliorer mon capital sol qui me rend par la suite des intérêts cumulés.

Il n’y a pas de mystère, tout est une affaire d’énergie : le sol capitalise la matière organique sous forme d’humus et d’une activité biologique active et utile. Ce capital est essentiel pour préserver une résilience élevée de nos parcelles agricoles. D’après nos calculs, l’écart entre une bonne et une mauvaise agronomie coûte sur le court terme entre 0 et 80 €/ha selon l’état initial du sol et les pratiques agricoles.

Dans cette période de tension sur notre sécurité alimentaire, gardons un bon sens agronomique et une vision moyen-long terme pour faire les bons choix techniques. C’est finalement assez simple, il y a des voies intermédiaires entre du semis direct sous couverts vivants et les systèmes très conventionnels qui dominent actuellement. Une simple amélioration sur les choix de couverts végétaux en interculture ou inter-rang, des cultures pérennes associées à une réduction de certaines interventions techniques, notamment le travail du sol excessif qui est assez régulier, permettent déjà une amélioration très sensible du niveau de fertilité des sols et de la biodiversité tout en préservant la sécurité des rendements.