Points de vue
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10/07/2025
Les transitions agricoles par les collectifs
Les Coopérative d’Utilisation de Matériels Agricoles (Cuma)* fêtent leurs 80 ans cette année. Dans cette année anniversaire, et en élisant la première femme à la tête de ce réseau en 80 ans d’existence, les Cuma confirment l’ouverture, la modernité et le dynamisme dont elles font preuve au quotidien et qui est trop peu mis en lumière dans notre paysage agricole. Les Cuma sont aujourd’hui des lieux où les femmes et les hommes peuvent se retrouver, réfléchir, partager et innover, où l’on peut créer, inventer et se sentir libre. C’est cette coopération qui libère et qui anime mon engagement.
Derrière la Cuma, il y a une certaine vision de l’agriculture, celle où les agricultrices et agriculteurs sont encore aux manettes. Avec le renouvellement des générations en cours, les transitions que nous devons opérer et les défis de l’organisation du travail en agriculture, plusieurs chantiers attendent les Cuma, dont deux prioritaires. Celui d’un nouveau contrat collectif sur la mécanisation de la Ferme France afin qu’une feuille de route entre les pouvoirs publics et les différentes parties prenantes trace une trajectoire qui ne soit plus une somme de guichets. Et celui du chantier des « forces vives agricoles », puisqu’avec l’adoption du service civique agricole dans la dernière loi d’orientation, nous avons ici un réel dispositif d’attractivité de la société vers l’agriculture, qui devra rassembler l’ensemble du monde agricole.
Et si demain les Cuma étaient la clé pour créer et pérenniser les installations des nouveaux agriculteurs en réduisant les charges de mécanisation sur leur exploitation et en favorisant l’intégration sur un territoire ? Et si demain les Cuma permettaient de répondre à la demande de la nouvelle génération de paysans qui souhaite se dégager du temps libre et gagner en efficience, en permettant un accès à de la main d’œuvre partagée ? Et si demain les Cuma étaient la solution pour rassembler les agricultrices et les agriculteurs autour de projets innovants d’accompagnement à la transition écologique ? Et si demain les collectifs d’agriculteurs étaient la clé du changement, parce que seul ce n’est pas jouable ? Les Cuma sont un outil de changement et d’inflexion des pratiques agricoles, il appartient aux acteurs agricoles et aux pouvoirs publics de se réapproprier et redécouvrir cet « ovni » qui n’a pas d’équivalent dans les autres secteurs économiques.
* Aujourd’hui 11 000 Cuma couvrent le territoire Français, et représentent 9 000 adhérents au réseau Cuma. Créées, à la sortie de la guerre, en 1945 par François Tanguy-Prigent, le paysan Ministre, les Cuma aident les agriculteurs à s’organiser en collectif et à mutualiser du matériel agricole et de la main d’œuvre pour participer au développement de l’agriculture. Le réseau fédératif qui les accompagne est né en même temps, puisque très vite, la nécessité d’accompagner ces groupes d’agricultrices et d’agriculteurs a été vu comme une priorité. C’est un héritage dont jouissent 182 000 agricultrices et agriculteurs, partout en France, soit la moitié des exploitants agricoles.
