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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

13/11/2025

Elargissement de l’Union européenne, poser les questions concrètes

Le 4 novembre 2025, la Commission européenne vient de rendre public son rapport annuel sur le « paquet élargissement » décrivant l’état des négociations avec les pays candidats et affichant un éventuel calendrier d’adhésion. Au milieu du tohu-bohu des relations internationales actuelles et du charivari dans la situation d’un certain nombre de pays européens dont la France, cette communication est passée rapidement et poursuit son chemin, rattrapons-la pour la questionner.

Historiquement le projet européen avait pour ambition de réunifier un continent désarticulé au long des épreuves du 20e siècle. En ce sens insérer dans l’UE les cinq pays de l’ex-Yougoslavie encore non adhérents, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie, ainsi que l’Albanie, comblerait un vide évident sur la carte et serait porteur d’unité. À condition que les questions essentielles en matière d’état de droit, de respect des valeurs démocratiques, de lutte anti-corruption et de capacité à résoudre les conflits séculaires entre pays des Balkans eux-mêmes soient résolues. La Commission estime dans son évaluation que le Monténégro et l’Albanie se distinguent et approchent de la ligne d’arrivée pour 2027/2028. Ils seraient précurseurs, les autres pays sont moins voire beaucoup moins bien « notés ».

L’agression russe de 2022 contre l’Ukraine a changé les perspectives à l’Est du continent, exigé de l’Europe des efforts de soutien indiscutables et entrainé un rapide processus de demande d’adhésion qui ne prévalait pas jusque-là dans l’agenda (Moldavie comprise). Une nouvelle analyse géopolitique s’impose dans les esprits et dans les faits, entrainant une obligation de solidarité active et déterminée. Cependant se pose une question cruciale : un pays en guerre peut-il adhérer à l’Union avec toutes les conséquences induites ? La Commission, au contact des États membres, y travaille positivement, mais ce seront les États qui décideront in fine à l’unanimité, et pour certains devront ensuite valider ce choix devant leur représentation populaire. L’adhésion constitue-t-elle le meilleur vecteur de soutien à l’Ukraine, et que proposer en cas d’absence d’unanimité des européens ?

Au-delà des grandes visions géopolitiques, qui font débat, il est sans doute temps d’analyser les conséquences concrètes des choix. L’adhésion à l’Union européenne des pays des Balkans de l’Ouest et de l’Ukraine avec la Moldavie pose, particulièrement quant à nous participants à l’économie agricole et alimentaire, deux questions concrètes essentielles :

  • Sur le plan du fonctionnement institutionnel de l’Union, cette dernière grande vague d’élargissement imposerait des modifications sensibles à un système actuel qui a atteint ses limites, les meilleurs connaisseurs des institutions ont déjà tiré la sonnette d’alarme. En effet, l’entrée à terme de 7 ou 8 nouveaux pays nécessiterait de bloquer la taille des différentes institutions à leur dimension actuelle au risque d’un embonpoint néfaste à toute prise de décision fluide. Plus encore, il serait vital de réduire les hypothèses où le vote à l’unanimité s’impose toujours, entrainant en réalité un droit de veto pour chaque pays. Il est actuellement difficile de conserver l’unité des 27 pays européens sur des décisions difficiles. Un pays contestataire, seul, peut néanmoins faire l’objet de pressions suffisamment amicales pour le faire céder. Demain, deux ou trois nouveaux ou anciens états, fermement coalisés parmi les 35 dont les cultures et sensibilités deviennent éparses, pourront bloquer le fonctionnement interne en tout respect des traités. Une impuissance programmée si rien n’évolue.
  • Sur le plan de la production et des marchés agricoles, l’adhésion progressive des pays des Balkans ne bouleversera pas l’organisation européenne, l’expérience passée de l’élargissement en Europe centrale et orientale sera utile. Chacun convient qu’il n’en serait pas de même pour l’Ukraine dont le potentiel exprimé changerait profondément la donne notamment sur le marché intracommunautaire, la période 2022-2024 l’a démontré. L’impact en volumes, en prix dans les filières et dans la confrontation des modèles concurrentiels (entreprises agricoles à capitaux familiaux versus sociétés agro-holdings) mérite d’être analysé concrètement dans ses conséquences. La définition de la souveraineté alimentaire européenne y gagnerait en clarté.

À tous ceux qui se posent ces questions, ou d’autres, relatives à l’élargissement et qui souhaitent en débattre car tel est l’objet d’un think tank comme Agridées, une seule option, gratuite : Inscrivez-vous à la conférence du 26 novembre 2025 matin et lisez la note qui sortira à cette occasion !