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17/11/2025
Certificats Biodiversité en agriculture : une nouvelle économie du vivant
Alors que la neutralité carbone s’impose comme le cap de toutes les stratégies environnementales des entreprises, la biodiversité demeure encore la grande absente des bilans extra-financiers. Invisible, complexe à mesurer, elle peine encore à trouver sa place dans les modèles économiques. C’est pour combler ce vide qu’Agoterra, entreprise spécialisée dans le financement des transitions, et l’ONG Noé ont lancé les premiers Certificats Biodiversité dans l’agriculture, dévoilés lors du salon Produrable à Paris.
Faire de la biodiversité un levier mesurable de la transition
Co-développés dans le cadre de l’Organization for Biodiversity Certificates, ces certificats visent à reconnaître et financer les pratiques agricoles qui régénèrent les écosystèmes. Ils s’appuient sur une méthodologie scientifique validée par un comité d’experts indépendants et alignée avec les standards internationaux (notamment ceux des Crédits Nature de la Commission Européenne). L’objectif : permettre aux entreprises d’intégrer la biodiversité dans leur stratégie climat, aux côtés des crédits carbone, en rendant visibles et mesurables les contributions positives à la nature.
L’agriculture au cœur de la reconquête du vivant
Si l’agriculture demeure responsable d’impacts sur les écosystèmes, elle représente aussi l’un de ses leviers d’amélioration les plus puissants. Les Certificats Biodiversité partent de ce constat : les agriculteurs et agricultrices sont des acteurs clés de la régénération des écosystèmes. En valorisant les pratiques agricoles à impact positif, le dispositif redonne une dimension économique à la préservation de la nature et inscrit la biodiversité dans les dynamiques de financement de la transition agroécologique.
Une approche collective et territoriale
Au-delà de la méthode, c’est l’esprit collectif du projet qui fait sa singularité. Les Certificats Biodiversité ont été conçus avec des agriculteurs, des écologues et plusieurs entreprises pionnières comme La Banque Postale, Dior ou Norsys. Cette coopération entre ONG, entreprises et monde agricole ouvre la voie à une économie contributive, où les financements privés soutiennent directement la restauration du vivant.
Vers une nouvelle valeur du vivant
Avec ce lancement, Agoterra et Noé posent les bases d’un nouveau modèle économique : une économie de la biodiversité, où la nature n’est plus une contrainte mais une source de valeur. Les Certificats Biodiversité pourraient, à terme, structurer une filière à part entière – à la croisée de l’écologie, de la finance et de l’agriculture – capable d’orienter durablement les flux économiques vers les pratiques vertueuses.
Ce mouvement marque une étape importante : celle du passage de la compensation à la contribution. Comme l’avait montré Agridées dans sa Note « Comptabilité socio environnementale, piloter et valoriser les performances de l’entreprise pour une transition agricole durable » en 2022, il invite à repenser le rôle de l’agriculture, non plus comme simple production alimentaire, mais comme pilier de la restauration écologique.
Car si l’on veut donner de la valeur à la nature encore faut-il lui redonner une place centrale dans nos modèles économiques. Les Certificats Biodiversité pourraient bien être l’un des outils pour y parvenir.