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Temps de lecture : 3 min

01/10/2024

Chaîne alimentaire : transition, sécurisation, compétitivité…C’est possible ?

Dans la situation actuelle des circuits alimentaires français, où les clivages entrainent blocages et renvois de responsabilités, et où les transitions sont souvent vues comme pénalisant la compétitivité, faisons un pas de côté. Regardons certaines des réponses apportées à nos maux ; sans bruit excessif le commerce équitable en fait partie, y compris au sein des filières françaises.

Ludovic Brindejonc

Pour la France en 2023, les ventes de produits issus du commerce équitable ont représenté un chiffre d’affaires total de 2,1 milliards d’€, en légère hausse de 2 % par rapport à l’année antérieure. A 63 % il s’agit de la commercialisation de produits issus de filières internationales, souvent tropicales, de type « Nord/Sud » et à 37 % de filières françaises. Sur cette dernière partie concernant les produits d’origine France (780 millions d’€ au total), les ventes aux consommateurs du label leader Agri-Ethique représentent 520 millions d’€, en croissance annuelle de 14 %, comme l’a souligné son Directeur Ludovic Brindejonc à l’occasion d’une conférence de presse le 24 septembre 2024.

 

Dès son lancement en 2013 l’idée majeure d’Agri-Ethique, qui résonne particulièrement aujourd’hui, était de contribuer à changer les pratiques commerciales entre les différents maillons des filières jusqu’aux consommateurs, de substituer la co-construction au conflit permanent. Les outils sont connus : contractualisation a priori pluriannuelle, évolution des prix sur la base d’indicateurs partagés et acceptés, organisation des collectifs, dialogue et discipline intrafilière. Cette sécurisation économique sur la durée intéresse tout autant les producteurs quant à leur perspective de marge ou de rémunération que les industriels soucieux de la maîtrise des différents risques sur leur sourcing. Bien entendu la création de valeur est essentielle. Elle provient de la mise en pratique des transitions : ici agroécologie, traçabilité, bonnes pratiques culturales et industrielles mais aussi de la durabilité au sens large y compris l’emploi dans les territoires…et bien sûr de l’innovation et du dynamisme économique en général. Transition et compétitivité ne sont pas incompatibles par principe.

Qu’en conclure ?

Ce pourrait être de souligner avec condescendance que le commerce équitable global ne pèse même pas 1% du chiffre d’affaires alimentaire français ; n’étant pas dans la cour des grands il serait marginal si ce n’est utopique. Mais inversement qui peut prétendre détenir une solution universelle clé en main face à la destruction de valeur à laquelle nous assistons ?

Ce pourrait être de constater que les outils utilisés tant par le commerce équitable que par d’autres fonctionnent concrètement, même si d’évidence, selon la diversité des types de marchés et la culture des opérateurs, il serait illusoire de prétendre à une généralisation systématique. Alors pourquoi ne pas vouloir les utiliser plus largement et réduire les aléas ?

L’exemple d’Agri-Ethique montre que dans la chaîne alimentaire le champ des possibles est plus ouvert qu’on ne le pense, même si l’évolution permanente des lois Egalim pourrait laisser en général croire le contraire. A la base il s’agit de créer les mécanismes durables de la confiance. Et il est notable de constater qu’Agri-Ethique a été créé par un collectif d’agriculteurs, chefs d’entreprises organisés.