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Temps de lecture : 3 min

06/03/2025

Consommation de viande de volaille : la crête au sommet

Ça y est, et plus rapidement que prévu : en 2024 la volaille est devenue la viande la plus consommée en France, devançant le porc leader de longue date. La viande porcine sous ses différentes présentations a tenu son rang, mais la consommation de volaille s’est littéralement envolée de presque +10 % en un an, 9,8 % précisément, pour atteindre 31,6 Kg/an[1] par habitant. Un record !

A l’occasion de sa conférence de presse tenue le 18 février 2025[2], l’interprofession volaille de chair, l’ANVOL, a apporté des éléments d’explication, de même que FranceAgriMer dans son rapport « Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles. Bilan 2024, perspectives 2025 »[3]

La baisse du coût des matières premières composant l’aliment volaille et en conséquence la baisse globale des prix de la volaille en 2024 lui a certainement offert un avantage concurrentiel face aux autres viandes, notamment la viande rouge. En outre le redémarrage de la production nationale de volailles, atteinte jusque-là de façon diverse selon les espèces par les épisodes d’influenza aviaire (+ 36,8 % en production de canards en 2024 par exemple) a permis de mieux répondre à tous les segments de consommation, y compris avec l’éventail des différents signes de qualité. La France a toujours su conserver sa diversité d’espèces, certes avec une domination du poulet, 72 % du total des volailles élevées, mais aussi la dinde à un niveau de 15 %, les canards à 11 %, puis la pintade à 1,4 %…

Néanmoins, cette reprise positive mais encore timide de la production nationale de volailles (+1,1 % en 2024 versus 2019) ne comble pas l’écart creusé au fil des années par rapport au boom de la consommation, principalement en poulet.

Le poulet est une star de nos assiettes…et de toutes les autres formes de consommation, fixe ou mobile.  Son prix, ses qualités diététiques, sa praticité et sa diversité d’usage en cuisine, son offre en produits découpés ou élaborés, son adaptation à la restauration hors domicile, qui ne cesse de progresser, le plébiscitent dans toutes les générations. Sa consommation atteint en 2024 un niveau de 24,9 kg/an/habitant en France. Cependant cet appétit aspire l’importation. Presque la moitié du poulet dégusté est importé, soit 48 % en 2024, un léger mieux par rapport aux 50 % de l’an passé, mais toujours un gouffre. Nous importons des filets, ailes, cuisses, préparations…principalement de pays de l’Union européenne, la Pologne d’abord puis la Belgique et les Pays-Bas. En pays tiers, le Brésil est l’exportateur principal. Notre balance commerciale en volailles s’en trouve très dégradée : 1,204 milliard d’€ d’exportations en 2024 (0,82 Md vers l’U.E., 0,38 Md vers les pays tiers), contre 2,453 milliards d’importations (2,31 Mds en provenance de l’U.E, 0,14 Md des pays tiers).

Une reconquête même très partielle de notre marché intérieur passe par de nombreuses actions. La promotion des produits, une meilleure protection aux frontières européennes, une amélioration de l’étiquetage d’origine. Sur ce point la parution le 18 février 2025 d’un décret[4] étendant aux viandes porcines, ovines et de volailles l’obligation, valant auparavant pour la seule viande bovine, d’indiquer l’origine dans la restauration commerciale et collective constitue une avancée. Mais cette information ne concerne que la viande crue, pas les viandes déjà préparées ou cuisinées.

Il reste un levier essentiel : la relance de la production. Afin de visualiser la stagnation de la production française au sein de l’Union européenne alors qu’elle était il y a longtemps un pays leader, nous pouvons par exemple constater que l’année dernière la Pologne a abattu 2,9 millions de tonnes de volailles, l’Espagne 1,8 MT, et la France 1,7 MT. Nous sommes loin. Dès lors l’interprofession de la volaille de chair propose un plan de construction sur 5 ans de 400 nouveaux poulaillers en France, collectivement soutenu, et qui doit être accepté des citoyens voisins.

Sans atteindre les sommets, la pente peut être raide pour partager avec les citoyens consommateurs le lien entre consommation et production durable, autrement dit la souveraineté alimentaire[5]. Mais peu importe la côte, il faut surtout éviter les faux-plats, et valoriser l’effort de l’origine.


[1] Consommation apparente calculée par bilan, mesurée en équivalent carcasse, consommation à domicile et hors domicile.

[2] https://interpro-anvol.fr/la-volaille-devient-la-viande-la-plus-consommee-du-pays/

[3] FranceAgriMer : Bilan 2024-Perspectives 2025 : Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles

[4] Décret n°2025-141 du 13 février 2025 modifiant le décret 2002-1465 du 17 décembre 2002 relatif à l’étiquetage des viandes bovines dans les établissements de restauration. Ministère de l’Economie. JORF du 18 février 2025.

[5]Souveraineté alimentaire ? Les cas poulet” Note du think tank Agridées décembre 2023.