Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Articles

Temps de lecture : 4 min

23/02/2023

Commerce extérieur français en 2022 : flots de rouge et gouttes de vert

La Direction Générale des Douanes et Droits indirects vient de publier le 7 février 2023 son analyse annuelle du commerce extérieur de la France pour l’année 2022[1]. Le déficit, historique à ce niveau, est abyssal avec un solde commercial des échanges de biens de -163,6 milliards d’€. Les échanges de services et autres revenus, malgré leurs forts excédents, ne peuvent pas compenser ce déficit, en conséquence la balance française présente avec l’étranger un solde global courant négatif de 54 milliards d’€.

Néanmoins au sein du commerce des biens, l’excédent agricole et agroalimentaire atteint quant à lui son plus haut niveau annuel depuis 10 ans, à hauteur de 10,3 milliards d’€ (Agreste février 2023)[2]. Explications.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de ses conséquences, notamment sur les marchés de l’énergie, personne n’attendait de bons résultats, que ce soit en France ou dans la majorité des pays européens. La facture énergétique de la France a ainsi plus que doublé d’une année sur l’autre, à 115,3 milliards d’€, du fait de la hausse des prix du gaz, du pétrole mais aussi du repli de la production nationale d’électricité. Plus généralement, la montée de l’inflation et l’affaiblissement de la parité $/€ (pour un pays déficitaire) entraine une dynamique du montant des exportations industrielles, mais plus encore de celui des importations. Avec une année 2022 très particulière, la part des exportations françaises dans le total du commerce mondial se contracte encore, à 2,5%, contre 2,7% en 2021, …elle était de 5% il y a 20 ans. La détérioration est continue au-delà de la crise en cours.

Dans cet océan peu pacifique, hormis quelques phares français à l’exportation tels l’aéronautique ou les parfums, il est un îlot de résistance, celui de l’agroalimentaire et des produits agricoles. Toutefois, il est nécessaire de séparer agroalimentaire et agriculture dont les évolutions divergent.

En matière agroalimentaire, le solde extérieur est traditionnellement positif, mais il est en baisse en 2022, à 5,6 milliards d’€ (contre 7,4 milliards en 2021). L’exceptionnelle réussite des vins, champagne, spiritueux atteignant un solde de 16 milliards ne masque pas les déficits en produits de la pêche, produits à base de fruits et légumes, huiles et tourteaux…et une croissance des importations en viande bovine et en volailles. L’industrie agroalimentaire, tout en demeurant excédentaire à un bon niveau, suit la pente des industries françaises en général, y compris l’affaiblissement préoccupant de certaines filières.

Dans le domaine des produits agricoles, inversement, l’excédent des « produits bruts » explose passant de 0,8 milliards d’€ en 2021 à 4,7 milliards en 2022 grâce aux ventes de céréales dans le contexte exacerbé de la guerre en Ukraine. A noter la bonne tenue des ventes d’animaux vifs, et les difficultés persistantes en fruits et légumes.

Au total, le solde commercial de produits agricoles et alimentaires apporte une belle touche de vert à une copie générale en rouge. Le solde avec l’Union européenne se révèle négatif de peu, -0,85 milliards d’€, avec une belle contribution des produits agricoles, le solde avec les Pays Tiers s’accroît, +11,2 milliards d’€, pour les mêmes raisons et une bonne tenue de l’agroalimentaire.

Il n’échappe à personne que ces bons résultats sont en partie façonnés par la situation en Ukraine, donc réversibles, et que la situation des IAA ne s’améliore pas. A l’heure où les points forts de l’économie française dans la compétition internationale se révèlent aussi peu nombreux, le soutien aux économies productives agricoles et alimentaires tant à Bruxelles qu’à Paris y compris dans leur composante exportatrice pourrait être mieux affirmé. Le déséquilibre de la balance des paiements pose une question de souveraineté générale, gardons nos nuances de vert.

 


[1] https://lekiosque.finances.gouv.fr/fichiers/nationales/revue/Chiffre_122022.pdf

[2] https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/IraCex2314/2023_14inforapcommerceext.pdf