Articles
Temps de lecture : 3 min
08/08/2024
Consommation de viande 2023 en France : Stop ou encore ?
La consommation globale de viande en France a baissé en 2023[1] de 1,4 % après deux années de hausse, revenant au niveau des années 2020 ou 2015. L’inflation alimentaire semble en être la principale responsable, même si d’autres explications peuvent être avancées.
Calculée selon la méthode par bilan (ensemble des utilisations de viande en alimentation humaine, mesuré en équivalent-carcasse), la consommation nationale de viandes a baissé de 1,4% pour un total de 5,7 millions de tonnes. Par habitant ce recul est de 1,7 % en tenant compte de la croissance démographique, soit 83,5 kg équivalent carcasse/habitant (kgec/h) contre 85,1 l’an passé. Ce repli concerne particulièrement les viandes de boucherie, en retrait global de 3,7 % (dont précisément -3,7 % pour les viandes bovines et porcines) alors que la viande de volailles poursuit sur sa tendance positive, +3,5 % dont +3,7 % pour le poulet. A noter que les viandes en baisse de consommation voient les importations diminuer, alors que malheureusement celle en croissance, le poulet, connait une hausse des importations. In fine le porc reste la première viande consommée en France, devant le poulet et le bœuf.
Sachant que dans le total des dépenses de consommation des Français, l’alimentaire représentait en 2023 une part en valeur de 20,5 %, dont 13,9 % de consommation à domicile et 6,6 % de restauration hors foyer[2], il peut être intéressant de se focaliser de façon plus fine sur les achats concernant la consommation à domicile. Les achats des ménages observés par Kantar Worldpanel pour FranceAgriMer, qui sont également synthétisés dans la note Agreste déjà citée, suivent les produits consommateurs dans leur grande diversité d’offre aux rayons des magasins, et non plus des moyennes en kilos/carcasses calculées selon les statistiques des Douanes. Les tendances 2023 sont les mêmes qu’avec la méthode des bilans (l’an passé Kantar avait déjà analysé une baisse) : baisse de consommation en viande de boucherie, hausse en poulet. Cependant, grâce au panel Kantar, au-delà de l’inflation par type de viande, il est aussi possible de suivre dans le détail les prix selon le type de pièce ou selon l’élaboration. Ainsi l’inflation 2023 a été en général de 7,5 % pour la viande bovine, dont par exemple 10,8 % pour les hachés frais. Pour la viande porcine la hausse des prix a été de 9,9 %, dont 12,2 % pour les saucisses fraîches. Le poulet a connu pour sa part une inflation globale de 6,3 %, dont 10,8 % pour les élaborés de volailles.
Le résultat semble clair, l’inflation a guidé le choix des consommateurs, amplifiant des tendances connues dans la compétition entre les différentes viandes. Mais le prix ayant un impact sur la structure de consommation, il pose également pour chaque viande la question de l’orientation de l’offre. Les produits les plus élaborés ont été les plus touchés, de même que les produits sous signe de qualité. Dans la diversité de l’offre de viandes, le poulet, même s’il a connu une inflation sensible en 2022, et plus réduite en 2023, bénéficie d’un écart de prix qui lui est toujours favorable. Cela lui augure d’un avenir positif en termes de consommation. Souhaitons que la production ait les moyens de suivre cette croissance et que l’importation ne soit pas la réelle gagnante.
Sans surprise, le thème vainqueur de l’année 2023 est le prix, renforçant pour l’avenir les questions relatives à la compétitivité ou à l’équilibre des relations au sein de la chaîne alimentaire. Il y a du pain sur la planche, mais rien qui ne doive effrayer les productions animales pour qui la résilience face à de nombreux défis demeure un maître mot.
[1] Agreste Juin 2024 N°424 « Baisse de la consommation de viande en France en 2023 ».
[2] FCD – « Conjoncture : le commerce et son environnement » Juillet 2024, Isabelle Senand.