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Temps de lecture : 3 min

21/12/2022

COP 15 sur la biodiversité : quels effets pour l’agriculture ?

La 15ème Conférence des Parties (COP 15) sur la biodiversité[1] qui s’est déroulée à Montréal (Canada) du 7 au 19 décembre 2022, s’est terminée par l’adoption d’un cadre mondial pour la Biodiversité Kunming-Montréal. Ce cadre non contraignant en l’état a vocation à fixer des orientations pour les dix prochaines années. Le document sera accompagné de plusieurs volets thématiques relatifs notamment aux mécanismes de planification, les indicateurs de suivi ou encore le renforcement de la coopération scientifique, avec des objectifs précis et des cibles. A chaque Etat ou entité économique de se l’approprier à son niveau.

Le texte conclusif, signé le 19 décembre, met en avant certaines grandes décisions notamment:

  • Restaurer et protéger au moins 30% des zones terrestres, d’eaux intérieures, côtières et marines de la planète ;
  • Réduire de 50% les risques liés aux pesticides ;
  • Réduire les subventions publiques néfastes à la biodiversité d’au moins 500 milliards de dollars d’ici 2030 ;
  • Création d’un fonds dédié à la biodiversité qui devra collecter près de 200 milliards d’euros (issus de sources publiques et privées) d’ici 2030 dont 20 milliards d’euros en 2025 pour les pays en développement.

Pour exemple, la cible 10 vise expressément l’objectif de durabilité de l’agriculture et le développement de l’agroécologie conciliant productivité, sécurité alimentaire et préservation de la biodiversité. La cible 16, quant à elle, vise à réduire fortement l’empreinte environnementale de la consommation et notamment à réduire de moitié le gaspillage alimentaire.

Le volet sur les pesticides a été longuement débattu. Des pays comme l’Argentine ou l’Indonésie, qui faisaient preuve d’une certaine opposition à l’agroécologie, ont fini par faire évoluer leur position grâce au dialogue multi-acteurs et l’implication de nombreuses coalitions telles que Business For Nature, dont le réseau OREE[2] en France assure la coordination.

Sylvie Gillet, Directrice du Développement et Responsable de la priorité Biodiversité et Économie chez ORÉE, qui a participé à la COP, rappelle que “ORÉE s’engage pour la biodiversité depuis plus de 15 ans. Au service de nos adhérents et avec des partenaires, nous agissons en tant que réseau multi-acteurs, avant, pendant et agirons après la COP15 avec des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs et des collectivités locales. L’intelligence au service du vivant ne peut être que collective et locale.”

La Fondation pour la Recherche pour la Biodiversité, dont Agridées est partie prenante, a également été très active pendant les négociations en insistant plus particulièrement sur le rôle de la science pour entraîner le changement. La FRB reconnait dans cet accord final des avancées mais aussi des reculs.

Comme dans le cadre du Green Deal, l’Union européenne défendait à la fois la réduction de moitié de l’usage des pesticides et de la réduction de leurs risques, mais seule la réduction des risques a été retenue au niveau international. Dans le cadre des négociations internes à l’Union européenne sur les propositions législatives « Usage Durable des Pesticides » (dite Directive SUR) et « Restauration de la Nature », l’UE pourrait être amenée à ajuster son objectif de restauration[3] de 20% à 30% pour être en cohérence avec cet accord international.

Enfin, la cible 15 qui portait sur les obligations de reporting des entreprises transnationales et des institutions financières sur leurs impacts sur la biodiversité a été revue à la baisse. Sur ce point, l’accord stipule qu’elles seront seulement encouragées, « par des mesures juridiques, administratives ou politiques, pour qu’elles :

– contrôlent, évaluent et divulguent de manière régulière et transparente leurs risques, leurs dépendances et leurs impacts sur la biodiversité, notamment en imposant des exigences à toutes les grandes entreprises ainsi qu’aux entreprises transnationales et aux institutions financières tout au long de leurs opérations, de leurs chaînes d’approvisionnement et de valeur et de leurs portefeuilles ;

– fournissent les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables ;

– rendent compte du respect des réglementations et mesures relatives à l’accès et au partage des avantages, le cas échéant. »

Comme pour toutes les COP, qu’elles concernent le climat ou la biodiversité, l’enjeu est désormais de passer des engagements politiques internationaux non contraignants à leur mise en œuvre concrète par les Etats et les entreprises, qui doivent agir de concert pour maximiser les résultats sur le terrain. Les Etats devront élaborer leur propre stratégie nationale et un point d’étape sera réalisé lors de la COP 16 qui aura lieu dans deux ans à Antalya en Turquie.

 


[1] Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) qui regroupe 196 pays.

[2] Agridées est membre d’OREE

[3] La restauration est « un processus destiné à soutenir la récupération des écosystèmes dégradés, endommagés ou détruits et à ramener plus de nature et de biodiversité partout, des terres agricoles et forestières à l’environnement marin et aux espaces urbains ».