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14/11/2024

Exportation de blé français : rayons de soleil et pays du soleil couchant

Vu par les Arabes lors de leur expansion historique foudroyante, le Maghreb représentait géographiquement le Couchant, l’Ouest, par opposition au Levant. Une entité géographique générale qui, bien entendu, revêt des identités propres et des réalités géopolitiques qui ont leur dynamique affirmée, telle au Maroc ou en Algérie. Sur le plan des équilibres économiques, les exportations céréalières françaises, avec d’autres origines, complètent les productions locales et participent à la sécurité alimentaire, là où les enjeux ne sont pas seulement climatiques.

Evoquer la capacité d’exportation de la France en blé tendre sur cette campagne 2024/2025 relève d’une certaine gageure, alors que le pays a été frappé par une pluviométrie accablante qui a amputé sa production, autour de 25,5 millions de tonnes[1], la faisant revenir 40 ans en arrière et réduisant drastiquement son potentiel d’exportation aux pays tiers. Néanmoins un étiage bas permet de mieux encore percevoir les tendances, la qualité des relations commerciales, les choix d’allocation d’origine.

Le Maroc représente un réel pays producteur de céréales avec des emblavements conséquents, qui sont cependant très impactés par les aléas climatiques, des sécheresses qui durent depuis des années, et donc une faible collecte au regard de ses besoins. En réponse sur un temps long, comme cela s’est vu à l’occasion de la visite du Président de la République Emmanuel Macron au Maroc à la fin d’octobre 2024, la coopération technique et l’innovation sur le plan scientifique intéressent les deux pays. La filière céréalière française, avec Intercéréales et Arvalis d’une part, et le Maroc avec l’Office Chérifien des Phosphates d’autre part, se sont par exemple engagés sur cette voie de l’échange des savoirs et des expériences. La réponse immédiate en termes d’approvisionnement du marché intérieur marocain provient des achats à l’international. Les opérateurs locaux apprécient la filière française pour ses services notamment logistiques, et le blé français pour ses qualités intrinsèques et son adéquation avec la panification locale, faisant de la France le premier fournisseur du Royaume. Sans compter la campagne en cours ; sur les 5 précédentes campagnes, la France y a exporté entre 1,1 et 3,1 millions de tonnes de blé tendre par an sur un total d’importation de 3,3 à 5,2 millions de tonnes, les deux courbes se suivent et évoluent au gré des années en sympathie. Les compétiteurs sont légitimement nombreux : Allemagne, Roumanie, Ukraine, Russie, mais la France continue de creuser son sillon.

L’Algérie, pays céréalier à grande échelle, cherche à réduire ses importations notamment en blé dur pour viser l’autosuffisance, ainsi qu’en orge et maïs…en développant sa production par l’amélioration des infrastructures, la qualité des semences, l’emblavement de nouvelles terres, la coopération internationale et les échanges techniques, y compris avec la France. Sur le marché international du blé tendre, l’Algérie occupe une place importante avec des importations qui se sont stabilisées lors des 5 dernières campagnes dans un « tunnel » entre 6 et 7 millions de tonnes. Si la France y a disposé historiquement d’une part de marché exceptionnelle à bien des titres, parfois supérieure à 5 millions de tonnes, à partir de 2020/21 elle est descendue à un niveau de 1,8-1,5 million de tonnes/an, chiffre respectable cependant. La grande région de la mer Noire est devenue majeure, Roumanie, Bulgarie, Ukraine et surtout désormais Russie devenue premier exportateur vers l’Algérie en réponse aux appels d’offres de l’Office public, l’OAIC. Quid de l’avenir de nos échanges dans un contexte géopolitique qui se tend ?

Si ce n’est une place au soleil, la filière céréalière française tient un rôle sur les marchés du fait de ses moyens économiques et techniques, de l’engagement des opérateurs, de la qualité d’une production et du service aux acheteurs et consommateurs, le tout ayant été construit patiemment. Souhaitons que la vision à long terme, porteuse de sécurité, soit partagée.


[1] Agreste, Conjoncture, Infos Rapides Grandes cultures n°2024-142 https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/IraGcu24142/detail/